Comment gérez-vous les patients qui somatisent ou présentent des troubles anxieux liés à la maladie?

Écouter, puis rassurerDre Bridget Reidy, médecin de famille à VictoriaJe ne dirais jamais que les rendez-vous pris par ces patients sont inutiles. Je prends leurs symptômes au sérieux et j’explique pourquoi il est peu probable qu’ils évoluent vers quelque chose de connu, de grave ou de traitable. Je précise également que je serai ravie de réévaluer la situation si les choses changent.Je normalise l’incertitude et je demande parfois des examens pour écarter les mauvaises pistes, tout en soulignant qu’il est peu probable que ces examens soient utiles. Je fais savoir au patient que les résultats sont rassurants. Si rien ne change, je ne continue pas à demander des examens. Je traite l’anxiété ainsi que les symptômes.Rendez-vous fixesDr Jabir Jassam, médecin de famille à OttawaJ’ai quelques patients souffrant de troubles anxieux liée à la maladie, dont deux en particulier qui présentent des symptômes graves. Ces deux patients ont coûté des milliers de dollars au système de santé en raison de leurs visites répétées à notre clinique, aux urgences et dans d’autres cliniques sans rendez-vous pour être simplement réconfortés. Il m’était devenu difficile de les accueillir lorsque j’étais occupé.Il y a trois ans, j’ai décidé de les traiter différemment en leur donnant de courts rendez-vous mensuels. Cette méthode a miraculeusement bien fonctionné, à tel point que l’un d’entre eux n’a plus jamais visité une autre clinique depuis. Les deux patients ont déclaré que ces consultations régulières les mettaient à l’aise, les faisaient se sentir en sécurité et leur donnaient le temps de préparer à l’avance des listes de pensées anxieuses.Reconnaître la souffranceDr Chase Everett McMurren, médecin de famille à domicile et psychothérapeute à Toronto Au lieu de me contenter de rassurer la personne, je valide plutôt ce qu’elle me dit et je reconnais sa souffrance. Le réconfort est rarement efficace si la personne ne se sent pas vue, entendue et, au moins, un peu comprise. Lorsque quelqu’un vient nous voir pour un phénomène physique, il est impératif que nous procédions à un examen physique et que nous soyons transparents sur la manière dont nous sommes parvenus à notre diagnostic provisoire.Aujourd'hui, j'essaie de garder à l'esprit que rassurer équivaut à rejeter, à moins que la souffrance n'ait été vue et respectée, et que les craintes de la personne n'aient été reconnues. Dans cette optique, je pense à la suggestion de la psychologue Karen Treisman selon laquelle «chaque interaction est une intervention» et qu’il est important d’établir un lien avant d’essayer de soigner.S’entraîner à être «conscient»Dre Elspeth Macewan, psychiatre en préretraite à OttawaDès le départ, j’aborde la question du travail sur le corps et l’esprit. Je me concentre sur l’ancrage et la réduction de l’anxiété, par le biais de pratiques respiratoires simples et d’acronymes.L’un de ces acronymes est «AWARE», d’Aaron Beck et Gary Emery. En résumé: accepter que l’anxiété se manifeste (A), observer la vague d’anxiété qui monte et descend (W), agir comme si l’anxiété n’était pas si forte (A), répéter les trois premières étapes (R) et s’attendre à la fois au meilleur et à ce que l’anxiété vienne et s’en aille (E). Je dis au patient qu’il est normal de ressentir de l’anxiété et que je suis heureuse de l’aider dans cette phase de son expérience.

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