Clinique de santé familiale de Montréal Autochtone: Une porte d’entrée du réseau pour les Autochtones

Équipe interprofessionnelle communautaire | 2025Rangée du haut, de gauche à droite: Delisla May, Cherokee Washington, Dr Nicolas Demers, Charles BoisvertRangée du centre, de gauche à droite: Dre Camille Hortas-Laberge, Rhys Abdallah, Cristina Roos, Mélanie DugasRangée du bas, de gauche à droite: Tom Dearhouse, Ivik Olek, Emily Reuangrith, Tu Dung Huynh, Philippe Meilleur Axée sur une approche culturellement respectueuse et sécurisante, la Clinique de santé familiale de Montréal Autochtone a pour mission de favoriser l’accès aux soins pour la communauté autochtone de la métropole, qui compte environ 35 000 individus. Déjà, plus de 1300 personnes ont pu profiter de ses services.Dès qu’on passe la porte de la première clinique de santé familiale culturellement sécurisante à Montréal, née en avril 2024 d’un partenariat entre l’organisme communautaire Montréal Autochtone et le Groupe de médecine familiale universitaire (GMF-U) de Verdun, on sent le soin particulier accordé à cette volonté d’accueil de la communauté. Plus qu’un lieu consacré à la santé, l’établissement situé dans le quartier Saint-Henri est également dédié à la fierté culturelle et spirituelle.Privilégiant une approche holistique, la clinique offre à la fois des soins médicaux de première ligne pour des patients de tous âges, un accès à la guérison traditionnelle, des rencontres avec des gardiens du savoir mohawk de Kahnawà:ke, des cours de langues autochtones, des ateliers d’artisanat, une salle petite enfance avec une éducatrice, des services juridiques et autres dans un cadre qui reconnaît les violences historiques envers les Autochtones.Trouver les bonnes personnes«La reconnaissance de ce projet dans le milieu de la santé a quand même été difficile , explique Philippe Tsaronséré Meilleur, directeur général de la clinique. La nécessité de faire un projet particulier pour la communauté autochtone, ce n’était pas sur le radar de tout le monde.»«Il a fallu trouver les bonnes personnes qui ont compris qu’après la Commission Viens et après tous les rapports à la suite du décès de Joyce (NDLR: Echaquan) et beaucoup plus d’indicateurs prévalents, que le système de santé tel qu’il est conçu ne connecte pas avec les Autochtones, souligne le gestionnaire. Il fallait une différente approche pour se mobiliser vers une stratégie qui serait plus accueillante, plus sécurisante.»Le Dr Nicolas Demers, médecin au GMF-U de Verdun ainsi que soutien et consultant pour la clinique, a aussi vu la pertinence d’aller «vers la communauté pour se coller à ses besoins et devenir une porte d’entrée pour le reste du réseau.»L’équipe sait ainsi faire preuve d’adaptabilité pour y parvenir. Par exemple, il est déjà arrivé qu’une consultation soit entamée dans la «salle cèdre» de la clinique, une pièce aux murs en bois consacrée notamment aux pratiques traditionnelles et aux cérémonies. «C’est la pièce où les gens se sentent le plus confortables», confie la Dre Camille Hortas-Laberge, médecin de famille de la clinique.La guérison traditionnelle peut aussi faciliter la rencontre. «Vous avez peut-être entendu parler du Double Regard, c’est-à-dire avoir un œil sur le monde occidental et un autre sur la tradition», explique le guérisseur traditionnel Tom Dearhouse. «Mon approche est basée sur l’histoire de nos patients, ce qui les rend à l’aise. Je chante pour eux, pour les aider à entrer en contact avec le chagrin, le deuil et la perte.»L’équipe composée de personnes de la communauté autochtone et d’alliés peut aussi compter sur une infirmière clinicienne et une navigatrice en santé. Cette dernière accompagne les patients dans leur parcours de soins et leur compréhension du système de santé. «Son rôle est en constant développement. Un peu comme les services de la clinique, qui évoluent aussi en fonction des besoins de la communauté», explique Ivik Olek, directrice de la santé et du bien-être à la clinique.Enseigner la sécurisation culturelleSi la Clinique de santé familiale de Montréal Autochtone est ouverte depuis peu, elle est déjà tournée vers l’avenir. Au premier plan, un projet pédagogique novateur de formation pour les professionnels de la santé autochtones et allochtones orienté vers les enjeux particuliers de la clientèle autochtone, comprenant des cours de santé autochtone et un stage clinique.«En termes d’exposition clinique dans le réseau universitaire, il est très rare de pouvoir aller chercher une expérience concrète de ce que peut être, dans un monde idéal, la sécurisation culturelle dans les soins. Pour moi, c’est une initiative phare.», souligne avec enthousiasme le Dr Demers.

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