Cancer de la prostate: le rôle à long terme des inhibiteurs de la 5-alpha-réductase

Environ un homme canadien sur huit se verra diagnostiquer un cancer de la prostate au cours de sa vie, c’est la troisième cause de décès par cancer chez les hommes au pays. La prévention de ce type de cancer réduirait considérablement le fardeau physique et émotionnel auquel sont confrontés les patients et leurs familles, ainsi que la charge financière qui pèse sur le système de santé. Cependant, aucun médicament n'est actuellement approuvé à cette fin. Les inhibiteurs de la 5-α réductase (5-ARI), le finastéride et le dutastéride, sont les médicaments les plus prometteurs à ce jour, mais aussi les plus controversés. À lire aussi: Des médecins enthousiasmés par la thérapie ciblée contre le cancer de la prostateAu Canada, les inhibiteurs de la 5-α réductase sont approuvés pour le traitement de l'hypertrophie bénigne de la prostate. Bien que l'on ait constaté qu'ils réduisaient le risque de cancer de la prostate d'environ 25%, ils ne sont pas approuvés comme traitement de prévention, car ils ont été associés au développement d'un cancer de la prostate de haut grade. Cependant, on ne sait toujours pas si l'utilisation antérieure de 5-ARI augmente la mortalité chez les patients ayant reçu un diagnostic de cancer de la prostate.Des résultats rassurantsPour approfondir cette question, des chercheurs de l'hôpital Princess Margaret de Toronto (Ontario) se sont penchés sur le lien entre l'utilisation de 5-ARI avant un diagnostic de cancer de la prostate et les résultats de survie chez des patients ayant fait l'objet d'un suivi à long terme et disposant d'informations pathologiques détaillées. Leurs travaux ont été publiés fin août sur JAMA Network.Cette étude de cohorte basée sur la population a été menée sur une période de 14 ans auprès d'hommes âgés de 65 ans ou plus en Ontario, ayant développé un cancer de la prostate cliniquement localisé et traités par radiothérapie, surveillance active, thérapie de déprivation androgénique ou prostatectomie radicale. Les patients ont été classés comme utilisateurs de 5-ARI s'ils avaient reçu plus d'une ordonnance de 5-ARI avant leur diagnostic de cancer de la prostate. Les chercheurs ont principalement analysé la mortalité globale et la mortalité spécifique au cancer de la prostate. Les résultats sont les suivants:La cohorte comprenait 19 938 patients atteints d'un cancer de la prostate. Parmi eux, 2112 (10,6%) étaient des utilisateurs de 5-ARI et 17 826 (89,4%) n'en utilisaient pas. Au cours d'un suivi médian de 8,96 ans, 6053 (30,4%) sont décédés, dont 1047 (5,3%) d'un cancer de la prostate. L'utilisation des 5-ARI semble être associée à une augmentation de la mortalité globale et spécifique au cancer de la prostate dans les analyses brutes. Cependant, après l'application de pondérations de traitement à probabilité inverse, l'utilisation de 5-ARI n'a pas été associée à la mortalité globale (rapport de risque, 0,98; 95% IC, 0,90-1,07; p=0,77) ou à la mortalité spécifique au cancer de la prostate (rapport de risque, 1,02; 95% IC, 0,83-1,25; p=0,84); cette observation s'est maintenue après de multiples analyses de sensibilité.Les auteurs concluent que, dans cette vaste étude de cohorte basée sur la population, l'utilisation de 5-ARI avant un diagnostic de cancer de la prostate n'a pas été associée à la mortalité spécifique au cancer de la prostate ni à la mortalité toutes causes confondues. Cette étude fournit donc des données de sécurité rassurantes pour les patients utilisant des 5-ARI pour l'hyperplasie bénigne de la prostate (approuvée) ou la chimioprévention du cancer de la prostate (non indiquée sur l'étiquette), concluent les chercheurs.

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