Bu à une certaine heure, le café peut contribuer à réduire le risque de mortalité

Si votre tasse de café quotidienne est sacrée, bonne nouvelle, cette dernière peut vous aider à vivre plus longtemps. Mais à une condition: être consommée à un moment précis de la journée. Alors que les bénéfices du café sur la santé sont nombreux et documentés – contrôle du poids, prévention et réduction du déclin cognitif, réduction du risque de mortalité toutes causes confondues, réduction du risque de multimorbidité cardiométabolique –, aucune étude n’examinait l’association entre les habitudes de consommation de café et le risque de mortalité. Pour déterminer à quel moment de la journée le café était davantage associé à une réduction de la mortalité toutes causes confondues et de la mortalité cardiovasculaire, une équipe de chercheurs de l’Université de Tulane (Nouvelle-Orléans) et de l’École de santé publique T.H. Chan de Harvard (Boston) a donc mené une étude observationnelle à partir des cycles 1999-2018 de l'enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES), une cohorte représentative au niveau national qui inclut des examens de santé et des tests de laboratoire. Au total, les chercheurs ont sélectionné 40 725 adultes américains ayant des informations complètes concernant leurs données alimentaires sur 24 heures sur deux jours non consécutifs. Une analyse de clustering a été utilisée pour identifier deux schémas de consommation de café dans l'enquête nationale sur la santé et la nutrition: le matin (36% des participants concernés) et toute la journée (14% des participants concernés). À lire aussi: Non, le café ne donne pas un surplus d’énergie, il ne fait qu'en emprunter un peuCes modèles ont été validés dans les études de validation du mode de vie des femmes et des hommes (WLVS et MLVS), deux sous-études menées dans le cadre de la Nurse's Health Study (NHS) et de la NHS II, ainsi que dans la cohorte de l'étude de suivi des professionnels de la santé (HPFS). Parmi ces sous-études, les chercheurs ont identifié 1463 participants disposant de données complètes concernant leur régime alimentaire sur une période de 7 jours. L’équipe a ensuite étudié l'association conjointe entre les modèles de consommation de café et les quantités de café consommées et le risque de mortalité toutes causes confondues et par cause dans l'enquête NHANES. Pendant la période de suivi médiane de 9,8 ans, les chercheurs ont recensé 4295 décès toutes causes confondues, 1268 décès dus à des maladies cardiovasculaires et 934 décès dus à des cancers. Comparés aux non-buveurs de café, les participants ayant un profil de consommation matinale et de consommation quotidienne étaient plus âgés, davantage susceptibles d'être blancs, avaient un revenu familial plus élevé et une prévalence plus élevée de diabète, d'hypertension et d'hypercholestérolémie, notent les auteurs. Par ailleurs, les buveurs matinaux étaient plus susceptibles de consommer du thé et des sodas caféinés, mais consommaient moins de café (caféiné et décaféiné) que ceux ayant un profil de consommation quotidienne.Après ajustement des quantités de café caféiné et décaféiné consommées, des heures de sommeil et d'autres facteurs de confusion, le mode de consommation du matin, plutôt que celui de toute la journée, était significativement associé à des risques plus faibles de mortalité toutes causes confondues (rapport de risque: 0,84; IC à 95%: 0,74- 0,95) et de mortalité spécifique aux maladies cardiovasculaires (rapport de risque: 0,69; IC à 95%: 0,55- 0,87), par rapport aux non-buveurs de café. À lire aussi: Nouvelle recherche sur le café et les risques cardiaques: ce qu’il faut savoirPar rapport à la non-consommation de café, la consommation modérée (> 1 à 2 tasses/jour et > 2 à 3 tasses/jour) et élevée (> 3 tasses/jour) de café était significativement associée à un risque plus faible de mortalité toutes causes confondues chez les participants ayant un profil de type matinal, alors qu'aucune association significative n'a été observée chez ceux ayant un profil de type tout au long de la journée.Enfin, aucun des deux modes de consommation de café (le matin ou toute la journée) n'était lié à une augmentation ou à une diminution de la mortalité due au cancer. Le moment de la consommation, davantage que la quantité de café consommé, a donc un impact sur la mortalité toutes causes confondues: ainsi, les gros buveurs de café le matin étaient moins à risque de mortalité toute causes confondues, mais pas les personnes buvant beaucoup de café pendant toute la journée. «Boire du café le matin pourrait être plus fortement associé à un risque de mortalité plus faible que boire du café plus tard dans la journée», concluent les auteurs dans leur étude, publiée dans la revue European Heart Journal. Selon eux, ces résultats peuvent s’expliquer par deux mécanismes potentiels. «Premièrement, la consommation de café l’après-midi ou le soir peut perturber les rythmes circadiens»: en effet, une forte consommation de café l’après-midi ou le soir est associée à une diminution de la production de mélatonine pendant la nuit. Or, cette hormone joue un grand rôle dans le rythme circadien, et de faibles taux de mélatonine seraient associés à des niveaux plus élevés de stress oxydatif, de pression artérielle et de risque de maladie cardiovasculaire. À lire aussi: Horaire atypique et hypervigilance: certains métiers sont plus propices à l'insomnie«Deuxièmement, une grande partie des bienfaits du café pour la santé sont obtenus grâce aux effets anti-inflammatoires des substances bioactives qu’il contient», poursuivent les auteurs de l’étude, spécifiant que certaines cytokines pro-inflammatoires et certains marqueurs inflammatoires dans le sang ont des schémas circadiens internes – ils sont généralement plus élevés le matin, puis diminuent progressivement jusqu'à atteindre leur niveau le plus bas vers 17 heures. «Par conséquent, lorsque les quantités de café ingérées sont similaires, l'effet anti-inflammatoire d'un schéma de consommation de café concentré le matin peut être plus bénéfique que celui d'un schéma de consommation de café réparti sur le matin, l'après-midi et le soir», résument les chercheurs. «Nos résultats soulignent l'importance de prendre en compte le moment de la consommation dans l'association entre les quantités de café consommées et les effets sur la santé», concluent-ils. Référence:Xuan Wang, Hao Ma, Qi Sun, Jun Li, Yoriko Heianza, Rob M Van Dam, Frank B Hu, Eric Rimm, JoAnn E Manson, Lu Qi, Coffee drinking timing and mortality in US adults, European Heart Journal, 2025; ehae871, https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehae871

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