Après la Loi 2, on travaille en équipe?

Le message semble passablement clair. Les objectifs du gouvernement de rendre des services médicaux accessibles à tous les citoyens du Québec ne sont pas réalistes avec l’approche actuelle.Cependant, le ministre de la Santé a ouvert une porte, soit celle de rendre des services offerts par des professionnels de la santé accessibles aux citoyens qui en ont besoin. Avec l'élargissement des champs d'exercice de plusieurs professions de la santé, cet objectif semble une voie de passage qui a un certain sens, mais à certaines conditions.Qu'est-ce que la profession de pharmacien peut offrir dans ce contexte ?Déjà, avec le PL 41, la pharmacie peut devenir un point d'accès important pour ce qui était appelé alors les conditions mineures. De plus, avec la possibilité de prolonger les ordonnances, - ce qui dans les faits constitue le renouvellement des ordonnances échues -, cette offre de service est clairement en ligne avec les compétences des pharmaciens et pourrait soulager les médecins d'une charge de travail significative qui, en corollaire, libérera du temps pour tirer profit des compétences exclusives des médecins.Si les règlements du PL 67 sont finalement adoptés, notre capacité d'intervention s’élargira aussi significativement. Nous ne pouvons actuellement que spéculer sur les possibilités qui s'offriront à nous, mais l'impact pourrait être significatif.Nous devons donc nous concerter comme profession pour déterminer clairement à quoi la population du Québec peut s'attendre lorsqu'elle consultera en pharmacie. En contrepartie, cela implique aussi de tracer les limites au-delà desquelles les pharmaciens ne constituent pas la meilleure ressource. Je le dis depuis longtemps: il existe 60 spécialités médicales différentes au Québec, incluant la médecine familiale. Il est illusoire de penser que les pharmaciens détiennent toutes les compétences et maîtrisent toutes les subtilités de ces spécialités médicales.Une réflexion s'impose donc au sein de notre profession, de façon à présenter une approche cohérente et concertée. Cette réflexion conduira probablement aussi à un plan de formation claire, qui viendra compléter notre formation de base pour mieux assumer les rôles potentiels prévus dans ce qui s'annonce être le PL 67 et ses règlements.Je le mentionnais d'entrée de jeu: il y a cependant des conditions. Dès le départ, la version moderne de la pharmacie au Québec permet aux pharmaciens de jouer un plus grand rôle dans la gestion de la pharmacothérapie. Cependant, cela ne fait pas de nous des médecins de famille, des médecins spécialistes, des infirmières, des physiothérapeutes ou des psychologues.Cette notion de prise en charge multidisciplinaire implique nécessairement que l'ensemble des professionnels qui peuvent être mobilisés autour d'un patient sont aussi intégrés dans un réseau de la santé qui permet de référer en cas de besoin aux professionnels les plus compétents. Ainsi, le fait de diriger un patient vers un pharmacien implique nécessairement que ce même pharmacien peut rediriger le patient vers une expertise complémentaire auprès des autres professionnels. Il me semble qu'il est plus que temps d'intégrer de plein droit les pharmaciens, ainsi que les autres professionnels de la santé, dans un réseau où les communications seront facilitées et où des canaux de référence bidirectionnels seront en fonction.L'ensemble des pharmaciens devrait être intégré au réseau de communication du système de santé (le RTSS), et possiblement que les pharmaciens devraient être partie prenante d'un réseau de référence à l'image du CRDS (Centre de répartition des demandes de services).Cela présuppose que les autres professions auront, elles aussi, déterminé leur offre de service à l'intérieur de ce réseau de première ligne.Si le ministre souhaite donner accès à la population à un réseau de la santé qui offrira la meilleure prise en charge avec la meilleure expertise disponible, il devra mobiliser l'ensemble des professions de la santé. Il devra aussi assurer un financement juste et équitable, à la hauteur de la valeur de chacun des actes posés. Si un même acte est posé par un professionnel, la valeur monétaire de cet acte devrait être la même quel que soit le prestataire de services. La situation se complique lorsque l'on tient compte du fait que les psychologues et les physiothérapeutes exercent principalement dans un système privé pour lequel le ministre ne paie pas un sou.Une prise en charge par des professionnels du réseau implique une solution réseau globale, cohérente et unifiée. Il ne doit pas travailler contre les médecins, mais avec les médecins et les professionnels. C’est la suite logique et cohérente aux exercices de révision des champs d’exercices de l’ensemble des professionnels.

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Derrière ce blogue:

Marc Parent

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