Annick Vincent: « J’ai choisi d’oser »

PRIX PROFESSION SANTÉ 2021 - La lauréate Médecin, Annick Vincent (Photo: Francis Vachon) Armée de sa créativité et de sa bienveillance, la psychiatre Annick Vincent a passé la majeure partie de sa carrière à en faire toujours plus pour aider les patients souffrant d'un TDAH et leurs proches. Psychiatre depuis 1996, la Dre Annick Vincent a commencé à exercer à l’Institut universitaire de santé mentale de Québec (IUSMQ), principalement auprès de patients avec un trouble de l’humeur. Peu de temps après, un homme lui confie que, selon lui, sa femme est atteinte d’un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), tout comme ses deux enfants. «À l’époque, on apprenait sur les bancs d’école que le TDAH touchait seulement les enfants et que le trouble disparaissait à l’âge adulte… Je me voyais mal lui dire que c’était impossible», dit-elle. La Dre Vincent accepte alors de rencontrer la femme en question et remarque qu’en effet les symptômes correspondent bel et bien à ceux du TDAH. Elle décide alors de la traiter avec du méthylphénidate et est surprise de voir que son état s’améliore. C’est à ce moment-là qu’elle décide de se joindre à d’autres médecins de la province qui commencent à s’intéresser au phénomène du TDAH chez l’adulte et se forment ensemble sur le sujet. Au fur et à mesure qu’elle se spécialise dans ce domaine, on lui adresse de plus en plus de patients avec un TDAH. Durant ses années de travail à l’hôpital, elle constate un manque de ressources dans le réseau pour ces patients. « Beaucoup de parents d’enfants avec un TDAH me disaient qu’ils ne savaient pas comment les aider. Je me suis dit que je devais faire quelque chose », se souvient la Dre Vincent. Démocratiser l’information Maman de quatre jeunes enfants, elle met ses nuits à profit pour écrire les premières ébauches de son livre Mon cerveau a besoin de lunettes, paru en 2005 et illustré par les élèves de l’école de ses enfants. Un an après paraît un deuxième ouvrage, Mon cerveau a encore besoin de lunettes, qui, cette fois-ci, s’adresse aux adultes atteints d’un TDAH. À cette même période, elle tourne le premier documentaire grand public en français sur le TDAH. Elle crée également un site Internet Attentiondeficit-info, où elle répertorie de nombreuses ressources. «J’ai vraiment voulu démocratiser l’information sur le TDAH», dit-elle. Après plus de 15 ans en milieu hospitalier, la Dre Vincent se sentait quelque peu limitée. «L’énergie que je déployais n’avait pas de portée. Le milieu hospitalier était peu accueillant pour les patients avec un TDAH. Innover, c’est oser, et j’ai choisi d’oser, et de faire quelque chose de différent», affirme la médecin. C’est ainsi qu’en 2010 elle fonde avec le Dr Michel Sirois la clinique Focus, une clinique spécialisée en TDAH. Dès lors, elle décide de consacrer sa carrière à ce trouble neurodéveloppemental. Son engagement ne s’arrête pas là. Conférences à l’international, participation à des séries télé…, elle continue de s’impliquer auprès d’organismes tels que la Fondation Philippe Laprise et de fournir gratuitement des ressources sur le TDAH. «Je ne peux pas accueillir tous les gens qui ont des besoins dans mon bureau. Concevoir des outils qui vont atteindre le plus de gens possible, c’est ce qui m’allume», avance la psychiatre. Si elle se réjouit grandement de toutes les avancées dans la connaissance du TDAH depuis le début de sa carrière, il y a encore du chemin à faire, assure-t-elle. «Ce n’est pas facile de vivre avec un TDAH. Mon objectif pour les prochaines années est non seulement de continuer à faire connaître ce trouble, mais aussi de permettre aux gens d’avoir une meilleure compréhension et une plus grande compassion.» La créativité comme moteur de sa résilience La Dre Vincent ne cache pas que la dernière année a été difficile, ayant subi une importante chirurgie afin de retirer une tumeur . La psychiatre a utilisé cette période pour se recentrer et établir ses priorités. Parmi elles, continuer d’innover et utiliser sa créativité : «Il y a trois choses qui me tiennent : mon réseau, ma créativité et ma résilience. Les trois ensemble forment le sigle RCR. Ma créativité, c’est ce qui m’aide à avoir de la résilience. C’est au cœur de ce que je suis et ce qui me fait avancer.» Retour au sommaire des Prix Profession Santé

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