Amphétamines pour traiter le TDAH: le risque de psychose lié à la dose prescrite

Les fortes doses d’amphétamine pour traiter le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) augmentent les risques de psychose. Des chercheurs américains ont pu déterminer pour la première fois la dose critique qui accentue significativement ces risques. Le lien entre stimulants et développement de troubles psychiatriques est connu depuis longtemps. Dans le cas des amphétamines, on soupçonne que son action sur le niveau de dopamine puisse provoquer des épisodes psychotiques, puisque ce neurotransmetteur est aussi impliqué dans le mécanisme menant à la psychose. Toutefois, les chercheurs n'avaient jamais réussi à établir si ce lien était associé à une dose spécifique. C’est maintenant chose faite: une dose de 30 mg par jour d’amphétamine multiplierait les risques de psychose ou d’épisodes de manie par un facteur de 5, ont révélé des chercheurs de l’Hôpital McLean dans l’American Journal of Psychiatry.À lire aussi: TDAH: des risques liés à l’utilisation prolongée des médicamentsPour établir cette association, ils ont plongé dans les dossiers de santé électronique de plus de 4000 patients âgés de 16 et 35 ans admis pour une hospitalisation en psychiatrie à l’Hôpital McLean, situé dans le Massachusetts. Parmi eux, 1374 patients se sont présentés pour un premier épisode de psychose ou de manie et 2748 patients étaient hospitalisés pour une autre raison (majoritairement des cas de dépression ou d’anxiété). Les chercheurs ont ensuite réalisé une étude comparative basée sur la prise de stimulants dans le mois précédent l’admission. Conclusion: le risque de psychose augmentait de 81% chez les individus qui prenaient des doses de plus de 30 mg d’amphétamines. Ces résultats étaient attribuables uniquement à la prise d’amphétamines et n’étaient pas influencés par la consommation d’autres substances comme le cannabis ou les opioïdes. On estime que la grande majorité de ces cas auraient pu être évités si ces individus avaient reçu une dose plus faible. À lire aussi: TDAH: les erreurs médicamenteuses ont augmenté de près de 300% depuis 2000«Nos résultats montrent clairement que la dose est un facteur de risque de psychose», insiste Lauren Moran, première auteure de l’étude et chercheuse en pharmaco-épidémiologie à l’Hôpital McLean. «Il s'agit d'un effet secondaire rare, mais grave qui doit être surveillé par les patients et leurs médecins chaque fois que ces médicaments sont prescrits.»Moins de psychoses avec le RitalinAlors qu’on a réussi à établir une relation dose-effet avec les amphétamines, les patients qui prenaient du méthylphénidate (Ritalin et Concerta) ne s’exposaient pas à davantage de risque de psychose ou d’épisode de manie. Ces résultats concordent avec ceux d’une étude menée en 2019 qui a montré que les risques de psychoses pour les adolescents et les jeunes adultes avec un TDAH étaient moindres avec le méthylphénidate. Les professionnels de la santé sont donc invités à prendre des précautions supplémentaires lorsque cette médication est prescrite, particulièrement chez les patients vulnérables qui ont un historique de troubles de santé mentale. Les chercheurs rappellent que les preuves sont limitées sur l’efficacité des amphétamines prescrites à forte dose. «Les médecins devraient envisager d’autres médicaments moins risqués, surtout si un patient présente un risque élevé de psychose ou de manie», conclut Lauren Moran.

Amphétamines pour traiter le TDAH: le risque de psychose lié à la dose prescrite

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