À vous la parole: Qu'est-ce qui vous satisfait le plus dans votre travail en pharmacie?

«Pouvoir agir sans avoir besoin de parler au médecin»Mélissa Béland, pharmacienne propriétaire, affiliée à Accès pharma chez Walmart, à St-Romuald«Ce qui me nourrit, c'est de sentir que je fais une différence dans la vie de mes patients et de mon équipe. Quand le patient me dit: "Merci tellement, une chance que je vous ai!", c’est ce qui me rend satisfaite. Et surtout de pouvoir aider les patients grâce aux nouvelles activités auxquelles nous avons accès depuis quelques années. J'en suis vraiment très heureuse. Bien sûr, ça implique une charge de travail immense, et essayer d'amener une équipe à en faire plus n’est pas facile, mais je trouve que c’est très gratifiant de pouvoir agir sans toujours avoir besoin de parler au médecin. J’essaie moi-même d’aller chercher tout plein d’outils justement pour aider nos patients, leur trouver des solutions.Les ajustements de médicaments, honnêtement ça aurait dû être fait depuis longtemps, c’est une aberration en soi que les pharmaciens n'aient pas pu le faire avant. On est capables! Parfois on le faisait, et si ça fonctionnait on contactait le médecin pour qu’il change le dosage. Avec mon équipe, cela nous fâchait beaucoup de sentir que nous avions des limites alors qu'on savait ce que ça prendrait au patient pour aller mieux. Aujourd'hui, on est à même de suivre les patients. C’est une excellente chose.Une pharmacienne qui travaille avec moi depuis très longtemps me dit toujours que je l'ai sortie de sa zone de confort au début, qu'on s'est poussées, mais qu'elle ne pourrait plus se passer de ces nouvelles activités maintenant qu'elle y a goûté!»«Avoir atteint la présomption de compétence»Marc Parent, pharmacien clinicien au CHU de Québec, Hôpital Saint-François d’Assises«J'adore ma pratique et j’aimerais en faire plus, car j’ai l’impression d’être utile, que ma compétence de pharmacien a une valeur ajoutée pour mes patients et pour mes collègues médecins avec lesquels je travaille. Ça n’a jamais varié, ça a toujours été une source de motivation. Ce qui a changé par contre, et c’est à mon sens le changement de paradigme le plus fondamental, c’est qu’au début de ma pratique, quand j’essayais de m’impliquer puis d’apporter la valeur ajoutée du pharmacien, j’étais souvent accueilli avec scepticisme. On n’avait pas, de la part de nos collègues, la présomption de compétence clinique. Et à un moment donné, on a fini par être perçus comme compétents, et tout est devenu fluide, significatif et important. Notre avis était enfin pris en compte sans devoir être justifié par une recherche bibliographique interminable. Ce changement est extrêmement positif. Si nous n’avions pas été utiles, nous n’aurions jamais atteint la présomption de compétence. Au Québec, j'ai constaté une évolution spectaculaire de la manière dont le public voyait le pharmacien. On est partis des «savants distributeurs», pour devenir crédibles, au point que des changements législatifs l’ont confirmé par l’octroi d’un privilège de prescription notamment. C’est un cycle exceptionnel, et nous sommes encore dans le peloton de tête au niveau mondial.Même si, dans certains services d'établissements de santé, les pharmacies sont parfois vues comme une grosse boîte d'approvisionnement par certains personnels de santé, notre jugement et nos compétences sont de plus en plus reconnues par nos collègues, qui nous demandent souvent notre opinion sur des cas. Notre avis n'est plus considéré comme un jugement sur les compétences de nos collègues; on est passés de forcer une offre de services à une demande de soins.»«Je suis fière de mon équipe»Beverly Salomon, pharmacienne propriétaire sous la bannière Jean Coutu, à Montréal«Ce qui me motive depuis le début, c’est vraiment mon équipe! Quand j’enfile mon sarrau, je sais que je vais pouvoir aider des employés à se développer, à faire ce qu’ils aiment et à apprendre. Le partage de connaissances, tant au niveau des pharmaciens que des techniciens, me motive énormément. Sans eux, ce ne serait pas aussi intéressant et gratifiant d’aller travailler!Je suis bénie d'avoir un noyau dur d’employés qui sont là depuis longtemps avec moi. Mais il y a quand même, au fur et à mesure, une rotation. Les gens restent et puis quand ils partent, je sens que j’ai donné ce que j’avais à donner, et que j’ai reçu aussi. Ils m’apportent beaucoup. Les relations avec l’équipe ont toujours été primordiales pour moi, car sans ça, je ne peux pas servir les patients, je ne peux pas faire de la clinique et je ne peux pas être propriétaire. J’aime aller à la pharmacie pour aller les voir, passer une journée avec eux, apprendre, développer, innover. Ils me permettent cela, car ils sont ouverts aux propositions et ils m’en apportent. C’est un échange directionnel qui nous permet de faire notre mission, qui est de servir les clients, et d’aider à la santé de la population. Je leur dis toujours à quel point je suis fière d’eux, de voir comment ils ont progressé depuis le jour où ils sont arrivés dans ma pharmacie, parfois complètement perdus, et maintenant beaucoup plus équipés. Il y en a que je ne veux pas laisser partir, mais ce qui me console, c’est qu’ils reviennent souvent nous voir, me contactent pour un conseil ou du mentorat. C’est la preuve qu’ils étaient bien, et même quand ça ne finit pas bien, je m’assure qu’on ait fait le point sur ce qui n’a pas marché avant qu'ils partent. Je suis très présente avec mon équipe, nous faisons des réunions chaque semaine pour remettre les points sur les i, corriger nos erreurs – parce qu’on n’est pas parfaits –, planifier et savoir quand ça ne va pas. C’est quelque chose que je dis à mes étudiants à l’université. Cette année, certains étaient déçus de la place accordée aux ressources humaines, car ils ne pensent pas que ça fasse d’eux de meilleurs gestionnaires. J’essaie de leur faire comprendre que leur richesse, ce sont les ressources humaines, le savoir, le partage d’expérience et la planification. Ça leur permettra d’être meilleurs.»«Le sentiment d'avoir un impact sur le quotidien des patients»Anne-Marie Fragasso, pharmacienne salariée dans un Familiprix, à Saint-Césaire «L’accessibilité rend la relation avec les patients hyper intéressante. Les patients me reconnaissent et, de mon côté, je me souviens des interventions, je suis capable de faire un pont entre eux et leur médecin. J'ai vraiment le sentiment d’avoir un impact sur leur quotidien. Je suis aussi épaulée par une équipe technique formée et je suis au fait de tout le travail intellectuel que le suivi des dossiers nous demande, donc je n’ai pas besoin de les supplier pour dire aux patients de repasser plus tard si leur traitement n'est pas prêt par exemple, ou si je ne suis pas disponible. J’ai l’impression que la plupart du temps, je peux faire mon travail de pharmacienne, pour lequel j’ai les compétences.»À vous la parole!Et vous? Quel aspect de votre pratique vous satisfait le plus au quotidien? Partagez-le en commentaire.

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