Vers une greffe rénale universelle? Des chercheurs convertissent un rein de groupe A en organe de type O

La mise en œuvre de la transplantation rénale, traitement le plus approprié pour les patients atteints d'insuffisance rénale terminale, reste limitée par la difficulté de trouver une compatibilité entre le groupe sanguin (ABO) et les antigènes leucocytaires humains des donneurs et des receveurs.Aux États-Unis, plus de 13% des patients attendent plus de cinq ans pour obtenir un greffon, et ce délai s’allonge de deux à quatre ans supplémentaires pour les candidats de groupe O. Ces derniers représentent près de la moitié des patients en attente et ne peuvent recevoir qu’un rein de type O.À lire aussi: Autre année record du nombre d'organes transplantés, mais la liste d'attente stagneJusqu’à présent, la seule option pour contourner cette barrière était de réduire la quantité d’anticorps du receveur par plasmaphérèse, associée à une désensibilisation pré-transplantation, une procédure associée à des risques accrus d’infections et d’hémorragies, ainsi qu’à des coûts importants.Dans un modèle ex vivo, ces reins ainsi traités n’ont montré aucun signe de lésion immunologique. Un rein converti a ensuite été greffé à un receveur cérébralement mort de groupe O, porteur de titres élevé d’anticorps anti-A. Le greffon a immédiatement repris sa perfusion et produit environ 1,3 litre d’urine au cours des 24 premières heures. Aucun rejet hyperaigu n’a été observé durant les deux premiers jours.À consulter: Les dons d'organes ont augmenté chez les prestataires de l'aide médicale à mourirÀ partir du troisième jour, l’antigène A a toutefois commencé à réapparaître sur les cellules du greffon, entraînant des lésions progressives compatibles avec un rejet humoral, observé à partir du quatrième jour. Malgré cela, les chercheurs ont observé une expression accrue des gènes liés à l'accommodation, suggérant un potentiel de tolérance à plus long terme.L’expérience demeure toutefois limitée: un seul rein converti, un seul receveur et sept jours de suivi. Néanmoins, elle démontre qu’un organe humain peut être temporairement rendu universel sans rejet immédiat dans un modèle préclinique.Les auteurs envisagent d’utiliser les enzymes après la greffe pour prévenir la réapparition de l’antigène A. «Ces résultats ouvrent la voie à l'amélioration continue du protocole de conversion du groupe sanguin et à l'optimisation des stratégies immunosuppressives, ainsi qu'à d'autres interventions thérapeutiques dans le cadre de futures études cliniques,» concluent les auteurs.Référence:Zeng, J., Ma, M., Tao, Z, et coll. Enzyme-converted O kidneys allow ABO-incompatible transplantation without hyperacute rejection in a human decedent model. Nat. Biomed. Eng (2025). https://doi.org/10.1038/s41551-025-01513-6

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