Vers un vaccin pour prévenir la maladie de Lyme

Causée par une bactérie appelée Borrelia burgdorferi, la maladie de Lyme est transmise par une morsure de la tique à pattes noires, l’Ixodes scapularis, ou «tique du chevreuil». Cette transmission n’est pas immédiate: l’acarien doit rester accroché à son hôte de 24 à 36h avant de lui inoculer le pathogène. Un laps de temps mis à profit par l’équipe de l’infectiologue Erol Fikrig à l’Université Yale. Le vaccin qu’ils développent entraîne le système immunitaire à réagir aux piqûres de tiques afin de les rendre détectables. Souvent, celles-ci passent inaperçues, car la salive des tiques contient des protéines qui inhibent la réponse immunitaire de l’hôte, ce qui réduit la douleur et l’inflammation provoquées par la morsure. Les chercheurs ont identifié 19 de ces protéines. Leur vaccin à ARN messager commande aux cellules de fabriquer ces protéines, à l’instar des vaccins à ARNm contre la COVID-19 qui ordonnent la fabrication de protéines de coronavirus. Menés sur des cochons d’Inde, les test ont montré que les cobayes ayant reçu le vaccin ont développé des éruptions cutanées rouges qui causent des démangeaisons. Les tiques ont également eu tendance à se détacher plus tôt, sans sucer autant de sang qu’elles ne le feraient habituellement, indiquent les scientifiques de Yale dans l’étude qu’ils ont publiée dans la revue Science Translational Medicine. Les chercheurs ont ensuite placé des tiques porteuses de la maladie de Lyme sur des cobayes vaccinés et non vaccinés. Les tiques ont été retirées des animaux vaccinés lorsque leurs éruptions cutanées sont apparues — généralement au cours des 18 premières heures — et aucun n’a été infecté par la bactérie. En revanche, la moitié des animaux non vaccinés ont été infectés. Une fonction de ciblage «Le vaccin améliore la capacité de reconnaître une piqûre de tique, la transformant partiellement en une piqûre de moustique. Lorsque vous sentez une piqûre de moustique, vous l’écrasez. Avec le vaccin, il y a des rougeurs et probablement des démangeaisons, vous pouvez donc reconnaître que vous avez été mordu et retirer la tique rapidement, avant qu’elle n’ait la capacité de transmettre Borrelia burgdorferi», souligne Erol Fikrig en indiquant qu’il existe de nombreuses autres maladies transmises par les tiques telles que l’anaplasmose ou la babésiose. Ainsi, «notre approche offre potentiellement une protection plus large qu’un vaccin qui cible un agent pathogène spécifique», ajoute l’infectiologue. Prometteur, ce vaccin va être testé sur d’autres animaux avant d’entamer des essais sur des humains. Entre le 1er janvier et le 24 novembre 2021, 553 cas de maladie de Lyme ont été déclarés au Québec, principalement en Estrie (334 cas) et en Montérégie (128 cas). Un chiffre en forte et constante progression depuis 2011. «L’augmentation des cas de maladie de Lyme s’explique notamment par les changements climatiques puisque l’adoucissement du climat permettrait aux tiques de survivre l’hiver et de se développer plus facilement», note l’Institut national de la santé publique du Québec.

Vers un vaccin pour prévenir la maladie de Lyme

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes