Vente de médicaments en ligne : l’OPQ prépare sa réplique à Amazon

Alors qu’Amazon a fait son entrée dans le secteur pharmaceutique avec l’acquisition de PillPack la semaine dernière, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) amorce sa réflexion sur l’encadrement de la vente de médicaments en ligne.L’achat de PillPack, une pharmacie en ligne présente dans tous les États américains, risque de bouleverser le marché de la distribution des produits pharmaceutiques chez nos voisins du Sud. De quoi inquiéter les pharmaciens au Québec qui voit déjà des ventes de médicaments leur filer entre les doigts au détriment du géant du commerce en ligne.Pour le président de l’OPQ, Bertrand Bolduc, les pharmaciens se doivent d’innover devant la menace commerciale que représente Amazon.« Il ne faut pas attendre que Netflix débarque pour créer Tou.tv. Il ne faut pas attendre l’arrivée d’Uber pour créer Téo Taxi », illustre M.Bolduc, qui observe que plusieurs secteurs d’emplois se transforment et que la profession de pharmacien n’en fait pas exception.« Nous réfléchissons beaucoup à savoir comment nous allons évoluer afin de garder la valeur du pharmacien dans sa relation avec le client », poursuit-il.L’Ordre en est à regarder différents modèles mis en place à travers le monde. Par exemple, en France, les pharmacies peuvent vendre des médicaments en vente libre, ce qui n’est pas encore permis au Québec.Selon le président de l’OPQ, il ne faut pas voir la technologie comme une menace, mais bien comme une opportunité d’affaires.Manque d’encadrementSi la peur de voir leurs profits fondre est présente chez certains pharmaciens propriétaires, le manque d’encadrement des clients qui sont de plus en plus nombreux à acheter des médicaments en ligne inquiète l’OPQ.« Des médicaments, ce ne sont pas des livres, des disques ou des bonbons. Il doit y avoir un professionnel de la santé qui s’assure que les médicaments sont sécuritaires. En achetant un médicament en ligne, les gens prennent un très grand risque », estime le président Bolduc.Toutefois, ils continueront à en acheter puisque les ventes en ligne ont la cote chez les clients qui veulent un service efficace et rapide. Les pharmacies devront donc s’adapter.« Nous réfléchissons pour créer un nouveau modèle plus avancé pour s’assurer que l’on conserve de façon inébranlable la relation patient-pharmacien », indique M.Bolduc. Les chaînes et les bannières ainsi que l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires font également partie de la réflexion.« Évoluons, mais maintenons notre spécificité et nos standards de pratique parce qu’on a vraiment une excellente pratique au Québec », renchérit la directrice générale, Manon Lambert.La Tournée prend finLes ventes en ligne ont fait parler lors de la Tournée d’information de l’Ordre qui s’est déplacée dans 12 villes et s’est terminée à la fin du mois de juin. Plusieurs autres sujets ont aussi été abordés tels que la Loi 41, la légalisation prochaine du cannabis récréatif, le règlement sur la formation continue, le rôle des assistants techniques en pharmacie, les opioïdes, la vaccination et l’aide médicale à mourir.Selon l’Ordre, 1 300 pharmaciens ont pris part à l’une ou l’autre des rencontres, soit une participation plus importante que celle de la dernière Tournée d’information il y a deux ans.« C’est toujours plaisant d’aller rencontrer les gens et de leur parler des sujets qui les concernent. Les pharmaciens souhaitent savoir ce qui se passe dans leur profession », se réjouit Bertrand Bolduc.Les pharmaciens qui n'ont pu assister à ces rencontres peuvent aller visionner sur YouTube une webdiffusion enregistrée lors de la Tournée de l’OPQ.

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