Vaginose bactérienne: le traitement simultané du conjoint peut réduire le taux de récidive chez la femme

Environ un tiers des femmes en âge de procréer sont atteintes de vaginose bactérienne1. Cette affection courante est associée à plusieurs conséquences graves, notamment un risque accru de complications pendant la grossesse, la contraction du virus de l'immunodéficience humaine et d'autres infections sexuellement transmissibles, une maladie inflammatoire pelvienne et une incidence élevée de récidive2. Les directives internationales recommandent le métronidazole ou la clindamycine comme traitement de première intention. Toutefois, cette stratégie de traitement n'aboutit pas à une guérison durable, plus de 50% des femmes présentant une récidive dans les trois mois1, et jusqu'à 60% après 12 mois2.À lire aussi: Hausse des cas de cancer du col de l'utérus, car ils sont détectés trop tardCertaines données suggèrent que les bactéries associées à la vaginose bactérienne sont sexuellement transmissibles entre partenaires et que les hommes peuvent héberger des souches bactériennes associées à la vaginose bactérienne dans l'urètre distal et sous le prépuce du pénis (espace sous-préputial). Par conséquent, l’hypothèse a été émise selon laquelle le traitement des femmes et de leurs partenaires masculins pourrait réduire le taux de récidive1.Pour valider cette prémisse, un essai ouvert, randomisé et contrôlé a été mené en Australie. L'étude a porté sur des couples dont la femme souffrait de vaginose bactérienne dans le cadre d’une relation monogame avec un partenaire masculin. Dans le groupe test, la femme a reçu le traitement antimicrobien de première intention recommandé et son conjoint a reçu un traitement antimicrobien oral et topique (comprimés de métronidazole à 400 mg et crème de clindamycine à 2% appliquée sur la peau du pénis, tous deux deux fois par jour pendant sept jours). Dans le groupe témoin, seule la femme a reçu un traitement de première intention. Le résultat principal était la récidive de la vaginose bactérienne dans les 12 semaines1.À lire aussi: Un nouvel autotest du VPH approuvéLes résultatsLe groupe test comprenait 81 couples; le groupe témoin comprenait 83 couples.La plupart des femmes (87%) avaient des antécédents de vaginose bactérienne et un partenaire masculin non circoncis (80%); près d'un tiers des femmes utilisaient un dispositif intra-utérin (DIU), qui est un facteur de risque connu de vaginose bactérienne.L'essai a été interrompu prématurément par le comité de surveillance des données et de la sécurité après que 150 couples eurent terminé la période de suivi de 12 semaines: le traitement de la femme seule était significativement inférieur au traitement en couple.Dans le groupe test, la récidive est intervenue chez 24 des 69 femmes (35%) traitées en couple (taux de récidive, 1,6 par année-personne; intervalle de confiance [IC] à 95%, 1,1 à 2,4) tandis qu’elle est survenue chez 43 des 68 femmes (63 %) du groupe témoin (taux de récidive, 4,2 par année-personne; IC à 95%, 3,2 à 5,7). Cela correspond à une différence de risque absolu de -2,6 récidives par année-personne (IC 95%, -4,0 à -1,2; p < 0,001).Bien que l'essai n'ait pas été suffisamment étendu pour évaluer ces facteurs, les résultats ne différaient sensiblement pas en présence ou non d'un stérilet ou si le partenaire était circoncis ou pas.Des effets indésirables sont survenus chez 46% des hommes traités, notamment des nausées, des maux de tête et un goût métallique1.Les auteurs ont conclu que, par rapport au traitement de la vaginose bactérienne chez les femmes uniquement, l'ajout d'une thérapie antimicrobienne orale et topique combinée pour leurs partenaires a entraîné un taux plus faible de récurrence de la vaginose bactérienne dans les 12 semaines1. L'éditorial qui accompagne l’article souligne que la conception de cet essai diffère des essais antérieurs de traitement des partenaires masculins qui ont échoué, car il a utilisé une combinaison de thérapie antimicrobienne orale et topique chez les conjoints (plutôt qu'une thérapie antimicrobienne orale uniquement). Le but étant d'éliminer la transmission cutanée des bactéries associées à la vaginose bactérienne par le biais du pénis et de l'urètre2. À consulter: Un déséquilibre du microbiome vaginal lié aux cancers gynécologiquesL'éditorial souligne également que les résultats de cet essai sont pertinents et importants, car ils fournissent des preuves substantielles du rôle de la transmission sexuelle des bactéries associées à la vaginose bactérienne, en particulier dans le cadre de relations régulières. Les femmes devraient ainsi être conseillées sur la nécessité d'impliquer leurs partenaires masculins dans le partage des responsabilités en matière de transmission et de traitement. Les conjoints devraient de leur côté être disposés à prendre des médicaments oraux et topiques, une fois que leur partenaire les a informés qu'elle souffre d'une vaginose bactérienne et qu'elle est probablement sexuellement transmissible2. Enfin, l'éditorial met en garde contre le fait que les résultats de cette étude s'appliquent spécifiquement aux femmes ayant un partenaire masculin régulier (relations monogames). Des essais similaires sont nécessaires dans diverses populations pour confirmer et étendre ces résultats2.RéférencesVodstrcil LA, Plummer EL, Fairley CK, et coll; StepUp Team. Male-partner treatment to prevent recurrence of bacterial vaginosis. N Engl J Med 2025;392:947-57.Muzny CA, Sobel JD. Bacterial vaginosis — time to treat male partners. N Engl J Med 2025;392:1026-7.

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