Une technicienne en pharmacie utilise son diplôme de maîtrise pour créer de nouvelles voies d'accès à la profession

Karyann Dorn est devenue technicienne en pharmacie de manière peu conventionnelle. Elle a initialement obtenu un diplôme en anthropologie. En 2008, alors qu’elle effectuait des recherches sur le terrain en Équateur, elle est tombée malade. On lui a par la suite diagnostiqué une maladie auto-immune la forçant à abandonner ses études. Mais l’expérience positive qu’elle a eue avec les professionnels de la pharmacie lors de la prise de ses différents médicaments, et ses échanges avec une amie technicienne en pharmacie l’ont incitée à se tourner vers cette profession. «Je souhaitais avoir la possibilité d’aider à mon tour et de rappeler aux personnes qui traversent des situations dramatiques en raison de leur maladie auto-immune qu’une amélioration est possible. C’est ce qui m’a motivée à devenir technicienne en pharmacie.» Ayant obtenu son diplôme juste avant l’arrivée du règlement en Alberta, elle a travaillé en tant qu’assistante en pharmacie à Calgary jusqu’à l’obtention de son autorisation. Elle a ensuite suivi des cours de préparation de médicaments en Saskatchewan. Karyann aimait travailler dans un laboratoire de préparation de médicaments, mais une fois de plus, sa maladie l’a obligée à changer de voie. «Lorsque vous avez une maladie auto-immune, il est probablement préférable de ne pas travailler dans un laboratoire avec des hormones toute la journée», dit-elle, reconnaissant qu’il «est douloureux d’apprendre qu’on ne peut plus faire ce que l’on aime.» Elle a ensuite rejoint une pharmacie communautaire, travaillant avec des populations vulnérables, et admet qu’elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait. «J’avais tout le temps peur. Les premières fois où j’ai vu une intoxication due à la prise de substances, c’était vraiment effrayant.» Elle a suivi des cours sur la réduction des méfaits et concernant le soin des plaies, et a beaucoup appris concernant les différentes ressources présentes dans sa communauté. Mais Karyann a remarqué la présence de problèmes basés sur les réglementations qui, même si elles étaient involontaires, étaient en réalité préjudiciables pour les patients. Cela l’a incitée à reprendre ses études afin d’obtenir son diplôme de maîtrise. «Je voulais examiner les problèmes existants dans les pharmacies communautaires sous un angle plus global.» Compte tenu de son expérience à la fois en anthropologie et en pharmacie, elle a été acceptée à l’Université de la Colombie-Britannique dans un programme appelé Interdisciplinary Graduate Studies (Études supérieures interdisciplinaires). Elle a choisi la filière internationale, parce qu’elle souhaitait «examiner les programmes mis en place ainsi que les ressources utilisées dans d’autres pays, notamment la Finlande et la Norvège, où on fournit aux patients du matériel de consommation stérile, un hébergement et des soins médicaux.» Cependant, avec la pandémie de COVID-19, les voyages pour la recherche ont été interdits. Karyann s’est alors tournée vers la recherche en matière de santé sur les vaccins maternels contre la COVID-19, et a terminé sa thèse intitulée «Perception of COVID-19 Vaccines Among Pregnant People in B.C.: A Qualitative Study» («Étude qualitative de la perception des vaccins contre la COVID-19 chez les femmes enceintes en Colombie-Britannique»). Elle a présenté ses recherches lors de différentes conférences. La technicienne en pharmacie envisage désormais de travailler dans une pharmacie communautaire à Vancouver et est actuellement bénévole dans un campement. Elle affirme que son travail à l’université lui a «permis d’acquérir le langage» et lui a «donné la possibilité de continuer à explorer la justice sociale et les pratiques d’action sociale en matière de soins de santé sous un angle différent. Cela m’a permis d’établir des liens et un réseau afin de collaborer avec des personnes qui travaillent dans le domaine du social et des soins aux Autochtones.» Elle envisage également de faire du bénévolat au sein de conseils et de comités professionnels afin de défendre les intérêts des techniciens en pharmacie de la Colombie-Britannique. Et bien qu’elle «fasse toujours les louanges du métier de technicien en pharmacie» auprès des étudiants, elle ne cache pas non plus les aspects difficiles de la profession, faisant remarquer que malgré l’amélioration des conditions de travail dans certains domaines, il y a encore beaucoup à faire, certains renonçant à leur autorisation en raison des coûts et des risques encourus. «Mais je rappelle aussi aux étudiants qu’il faut faire preuve de résilience, se défendre et ne pas se laisser décourager.» Finalement, l’objectif de Karyann est de contribuer au progrès de la profession. «Je pense que l’une des conséquences positives du retour des techniciens sur les bancs de l’école pour obtenir leur diplôme de maîtrise est que cela leur permet de commencer à proposer à la recherche leurs façons d’aborder un problème et de faire progresser la profession.» Au Royaume-Uni, par exemple, de nombreux techniciens titulaires d’une maîtrise œuvrent pour obtenir le droit d’effectuer des prescriptions et des recherches dans les hôpitaux et auprès des patients. «Pour moi, il est important de suivre tous ces différents modèles et de les ramener au Canada», dit-elle. «Quand je suis retournée à l’université, ce n’était pas seulement pour moi: c’était pour créer une voie qui pourrait être empruntée par d’autres.»

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