Une formule qui fait ses preuves: L’Association des rhumatologues souhaite la mise en place de corridors avec la 1re ligne

L’Association des rhumatologues du Québec veut intensifier la mise en place de corridors de services avec la première ligne. De tels corridors existent déjà dans des grands centres, comme Montréal, Laval, Québec, Sherbrooke et Lévis, mais le président de l’Association, le Dr Denis Choquette, souhaite les multiplier dans le but d’offrir de meilleurs soins à la population. « C’est notre priorité », a-t-il déclaré en entrevue à L’actualité médicale.Ces dernières années, les rhumatologues ont intensifié les initiatives afin d’augmenter l’offre de services dans leur spécialité. À Laval, le Dr Mark Hazeltine a mis au point son Programme d’accès rapide lavalois en rhumatologie (PARLR). Ce système de triage permet de mieux cibler les patients qui ont besoin d’être vus rapidement par un rhumatologue parce qu’ils présentent un potentiel de perte de fonction et de destruction articulaires. Le Dr Hazeltine a embauché une infirmière dont la tâche est notamment de trier et de diriger les patients vers la bonne ressource, rhumatologue ou autre spécialiste.Institut de rhumatologie de MontréalL’Institut de rhumatologie de Montréal, où exerce le Dr Choquette, a conçu un autre modèle. Des liens ont été établis avec six ou sept GMF qui ont besoin de services en rhumatologie et disposent d’infirmières cliniciennes.Avec l’aide d’outils, ces infirmières cliniciennes, qui ont reçu une formation en rhumatologie, peuvent distinguer les maladies inflammatoires de celles qui ne le sont pas. Si le problème est inflammatoire, elles appellent leur collègue de l’Institut afin que le patient soit vu plus rapidement. Pour un nouveau cas, les délais de rendez-vous sont inférieurs à six semaines, alors qu’un patient dont on ne connaît pas l’état peut attendre six mois.« Ça fonctionne, commente le Dr Choquette avec enthousiasme. En tant que rhumatologues, nous avons avantage à essayer de voir les patients pour lesquels nous avons la meilleure formation. »Ces patients, décrit-il, sont ceux qui souffrent d’arthrite rhumatoïde, d’arthrite inflammatoire, d’arthrite psoriasique, de collagénose et de maladies inflammatoires. Les patients qui présentent des problèmes comme l’arthrose de la colonne sont plutôt du ressort des physiatres, précise-t-il.Augmentation des effectifsLa mise en place d’un réseau de corridors de services en rhumatologie qui seraient aussi efficaces passe toutefois par l’accroissement des effectifs. Il y a deux ans, le Québec comptait 90 rhumatologues. Grâce à une campagne de promotion et de découverte de cette spécialité, l’intérêt envers la rhumatologie a augmenté. Ils sont maintenant 105 et la cohorte s’accroîtra d’ici peu, car une quinzaine de résidents en rhumatologie sont déjà R4 et R5.Selon le Dr Choquette, les 105 rhumatologues seraient suffisamment nombreux pour bien desservir la population du Québec en deuxième ligne. Mais il ne suffira pas d’augmenter leur nombre pour offrir l’accès aux services auquel aspire le président de leur association. Il faudra aussi recruter des infirmières en rhumatologie qui auraient pour tâche de filtrer et d’éduquer les patients. À ce chapitre, la balle est dans le camp du ministère de la Santé.Actuellement, un patient peut attendre jusqu’à six mois pour consulter un rhumatologue. Cependant, si ce dernier réalise qu’il ne peut rien faire et qu’il l’adresse à un autre spécialiste, la personne attendra encore des mois pour voir cet autre médecin et des mois supplémentaires si elle doit se faire opérer. On pourrait éviter ces situations si les patients étaient évalués très tôt dans leur démarche. Des infirmières en rhumatologie permettraient d’améliorer nettement l’efficacité du système et de décharger les rhumatologues d’activités qui ne nécessitent pas leur expertise, fait valoir le Dr Choquette.« Une vingtaine d’infirmières pour cent rhumatologues, ça ne coûterait pas si cher et les patients auraient l’assurance d’être vus par le bon spécialiste, moi ou un autre, un physiatre ou un orthopédiste, selon son état. »Pour l’instant, il n’y a pas de plan national parce qu’il n’existe pas de programme pour rémunérer les infirmières qui seconderaient les rhumatologues dans leur pratique. Le Dr Choquette, qui aspire à la création de Groupes de médecine spécialisée (GMS) en rhumatologie, compte sur le gouvernement et le ministre de la Santé pour faire avancer le dossier de l’embauche d’infirmières et de la création de corridors de services avec la première ligne. Il s’attend à des développements positifs en 2012.

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