Un parti pris pour la santé!

Le 21 août 2014,La réduction des dépenses publiques annoncées par le gouvernement mènera à d’importantes réformes dans le système de santé. Améliorer l’efficience et l’efficacité des services de santé est un objectif nécessaire à la survie du système public de santé. Ici comme ailleurs, des efforts importants ont déjà été faits et d’autres restent à faire.En tant que médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive, j’ai été directeur de santé publique de la région de Montréal durant plus de 20 ans. À l’instar de mes collègues des autres régions du Québec, notre parti pris est la santé de la population. Notre formation et notre expertise nous amènent à surveiller l’état de santé de la population et à mettre en place les mesures nécessaires afin de «garder notre monde en santé». Et si, comme tous les médecins, nos efforts visent à diminuer le fardeau des maladies, notre principale prescription est la prévention.J’écris cette lettre parce qu’à la suite de la démission récente de plusieurs directeurs régionaux de santé publique, je suis profondément préoccupé par les processus de nomination concernant leur remplacement. Au moment de nommer une personne au titre de directeur de la santé publique, il importe de choisir les personnes les mieux formées et les plus compétentes, dans le respect des processus habituels de consultation.Depuis plus de 30 ans, les directeurs de la santé publique, en collaboration avec leurs partenaires des milieux communautaire, scolaire et municipal, ont mené de nombreuses batailles permettant d’améliorer la santé de la population et d’augmenter son espérance de vie: réduction des décès dus aux accidents de la route, diminution du tabagisme et des maladies associées, assainissement des milieux de travail, réduction des infections en milieu de soin, réduction des décès par hépatite B chez les jeunes, et bien d’autres encore.Ces efforts de prévention ont contribué à diminuer les dépenses publiques en santé. Il faut poursuivre sur la même voie en continuant de sensibiliser la population à l’adoption de saines habitudes de vie, et les décideurs à l’importance de saines conditions de vie. Il faut également anticiper les nouveaux enjeux liés aux changements climatiques, à l’utilisation de nouvelles technologies, de même qu’à certains développements urbains ou technologiques qui représentent des risques, notamment pour les populations dites «vulnérables».Au fil des années, nous avons souvent constaté l’importance, pour les directeurs de santé publique, d’avoir les coudées franches afin de s’exprimer clairement sur les risques auxquels la population est exposée. Souvent aussi, on a tiré sur le messager: voilà bien la preuve du rôle essentiel de la santé publique dans notre société.Au Québec comme ailleurs, la santé publique est une responsabilité d’État, le ministre de la Santé demeurant le responsable ultime de la santé publique. Toutefois, un directeur régional de santé publique (DRSP) a concrètement la responsabilité, dans chaque région, de la protection et de la promotion de la santé de la population, en collaboration avec une équipe multidisciplinaire composée de médecins et de professionnels d’horizons divers. Le rôle des DRSP nécessite avant tout une expertise professionnelle et médicale découlant d’une formation reconnue et encadrée par les organismes professionnels québécois et canadiens. Les décideurs politiques peuvent et doivent compter sur la compétence des DRSP dans toutes les régions du Québec. Il y a suffisamment de spécialistes en santé publique au Québec pour combler ces postes et garantir à chaque région le haut niveau d’expertise nécessaire à leur protection.Les défis présents et à venir pour la santé publique nécessitent une grande expertise, de même qu’une organisation pour soutenir cette expertise. C’est ce que le Québec a construit au cours des dernières décennies. Notre expertise et nos résultats inspirent nos collègues des provinces canadiennes et suscite l’intérêt sur le plan international.Je reconnais d’emblée qu’en matière de santé publique, tout comme dans l’organisation des services de santé, il y aura toujours place à l’amélioration. On n’y parviendra toutefois qu’en s’assurant de la compétence et de l’entière autonomie des DRSP pour alerter l’opinion lorsque nécessaire, afin de toujours protéger et promouvoir la santé du public.

Un parti pris pour la santé!

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