Un neurologue atteint de fibrose kystique continue à exercer

Plus que quiconque, le Dr Louis Verret, neurologue à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec depuis 10 ans, est conscient de l’importance du don d’organes. Atteint de fibrose kystique, il doit la vie à un donneur. En 2005, à l’âge de 34 ans, il a subi une transplantation des poumons. Depuis, il a recommencé à exercer presque à temps plein, même s’il doit continuer à prendre une médication soutenue afin d’éviter un rejet.Atteint de fibrose kystique dès sa naissance, avec atteintes pulmonaires et digestives, le Dr Verret ne s’est jamais laissé arrêter par cette maladie. «La fibrose kystique a toujours fait partie de moi. Ça ne m’a jamais dérangé, jamais stigmatisé, jamais empêché de faire quoi que ce soit, et ce, grâce à mes parents qui m’encourageaient à mener une vie normale.»À l’époque de sa résidence, des infections pulmonaires récidivantes ont entraîné une détérioration de l’état de ses poumons, ce qui ne l’a pas empêché de faire un fellowship dans sa spécialité et d’entreprendre sa carrière à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus en 2001. Quelque temps après avoir commencé à exercer, sa santé s’est toutefois dégradée. Il a enchaîné les infections et dû prendre des antibiotiques intraveineux durant des périodes de quatre à six semaines, mais il est resté au poste. Le soluté l’attendait dans son bureau. Il s’absentait pour prendre la dose appropriée, puis repartait vers ses patients ou ses résidents.Malgré ces traitements, son fonctionnement pulmonaire a diminué de façon progressive. En 2004, une forte pneumonie l’a obligé à cesser sa pratique. Il a alors pris l’importante décision de s’inscrire sur la liste des greffes pulmonaires de l’Hôpital Notre-Dame, de Montréal. Durant sa période d’arrêt, où il était sous oxygène et devait prendre des antibiotiques, il a continué à être actif. Il s’est inscrit à un cours de médecine d’assurances et d’expertise donné à distance, ce qui lui permet de faire aujourd’hui de l’expertise médicale en plus d’exercer en neurologie.Greffe vitaleÀ l’automne 2005, il quitte Québec pour Montréal en vue de subir la greffe qui allait lui sauver la vie. «À la fin, j’étais sur oxygène 24 heures par jour. Sans greffe, je serais mort, c’est certain. Mais j’essayais de ne pas y penser et je gardais espoir. J’avais tellement investi dans ma vie, j’étais neurologue, je ne voulais pas que cela finisse. J’avais aussi un garçon de deux ans. Je me suis accroché à lui.»Chanceux, il n’a attendu qu’un mois à la Maison des greffés. Le 18 octobre 2005, il recevait l’appel tant espéré du directeur chirurgical du programme de transplantation pulmonaire du CHUM, le Dr Pasquale Ferraro, l’avisant qu’il pourrait être opéré dans les heures qui suivaient.En tant que médecin, le Dr Verret était conscient que la greffe des deux poumons présentait le risque de mourir durant l’intervention ou d’être victime d’un rejet aigu. «Je mentirais si je disais que je n’ai pas eu peur, admet-il, encore plus du rejet que de mourir pendant l’opération. En cas de rejet, on éprouve une immense déception et on doit prendre des médicaments très puissants pour renverser le processus.»Vers minuit, juste avant d’entrer dans la salle d’opération, il a salué sa femme : « À demain... » Douze heures plus tard, il était extubé et pouvait recommencer à respirer par lui-même. « J’avais mal partout, mais j’avais mes nouveaux poumons et je respirais ! On ne pense qu’à cela dans un premier temps, puis on envisage de se remettre debout et de marcher. Je voulais recommencer à vivre le plus vite possible. »Le Dr Verret a repris sa pratique en neurologie en février 2006. La fibrose kystique n’a pas totalement disparu avec la greffe. Ses intestins sont encore atteints et il doit continuer à prendre une lourde médication de type imminosuppresseur pour empêcher un éventuel rejet.Grâce à ses confrères neurologues de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, il a été exempté des tâches les plus lourdes. Il travaille quatre jours par semaine parce qu’il doit prendre du temps pour entretenir sa santé. Pour le reste, rien ne laisse croire qu’il a subi une greffe des poumons.Cette expérience positive l’a évidemment beaucoup sensibilisé à la cause du don d’organes. Il trouve remarquable l’implication des médecins qui s’engagent à fond dans cette cause, comme ceux qui ont tourné le court-métrage Désavantage numérique.Magnifique épilogue«Mon premier contact avec le don d’organes, je l’ai eu lors d’un stage aux soins intensifs, pendant ma première année de résidence. Mon superviseur était le Dr Stephan Langevin, aujourd’hui anesthésiologiste-intensiviste. Le Dr Langevin est engagé depuis plusieurs années dans le don d’organes, et c’est maintenant l’un de mes confrères à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.»À LIRE ÉGALEMENT:Film: Des médecins font mousser le don d’organe avec un bâton de hockeyConseils sur le don d’organes et les donneurs potentiels

Un neurologue atteint de fibrose kystique continue à exercer

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