Un médecin québécois à la présidence de l’Association canadienne de protection médicale

Le nouveau président de l’Association canadienne de protection médicale, le Dr Jean-Joseph Condé.Pour la première fois début le début des années 2000, un médecin québécois se retrouve à la tête de l’Association canadienne de protection médicale (ACPM). Le Dr Jean-Joseph Condé, un médecin de famille qui pratique en Abitibi, a été élu par acclamation à la présidence de l’organisme par les 30 membres du conseil d’administration. Son mandat est d’une durée de deux ans.La route qui l’a mené d’Haïti, où il est né, à la barre de la plus grande association de médecins au Canada (95 000 médecins), a été sinueuse, mais l’a conduit au sommet.«C’est un bel accomplissement», dit-il avec modestie.Arrivé au Québec avec sa famille à l’âge de deux ans, le Dr Condé a fait ses études de médecine à l’Université de Montréal. À l’époque où il a obtenu son diplôme, en 1996, les finissants étaient pénalisés de 30% s’ils décidaient de demeurer dans les grands centres, mais leur rémunération était majorée s’ils allaient exercer en région éloignée.«Moi et trois autres de mes collègues avons choisi d’aller nous installer à Val-D’Or pour deux ans, raconte-t-il. J’y exerce depuis 29 ans.»Même s’il ne réside plus à Val-d’Or, il a conservé de fortes attaches avec ce milieu, son environnement, ses habitants, et va toujours y pratiquer deux semaines par mois, au GMF de la Clinique médicale des Pins parce qu’il apprécie toujours la polyvalence de la pratique en région. Son horaire lui permettra de consacrer une centaine de jours par année à la présidence de l’Association canadienne de protection médicale.Son engagement à l’ACPMDès le début de sa pratique, le Dr Condé s’est engagé dans des organisations de toutes sortes. Il a fait partie de comités de la FMOQ durant 13 ans, a été président de son CMDP durant cinq ans, puis a fait le saut à l’ACPM.«J’ai toujours trouvé que les médecins devaient s’impliquer s’ils voulaient améliorer le système de santé et défendre leurs intérêts, explique-t-il. Je voyais dans l’Association canadienne de protection médicale l’occasion de poursuivre mon implication.»Élu pour la première fois au Conseil de l’ACPM en 1995, il a occupé diverses fonctions au sein de l’organisme national. Il a siégé au Comité directeur, a présidé le Comité d’audit, le Comité de révision des dossiers, le Comité sur l’étendue de l’assistance ainsi que le Groupe consultatif sur les affaires régionales. Avant d’accéder à la présidence, le Dr Condé a assumé les fonctions de deuxième et de premier vice-président de l’Association.Ses trois défis et mandats principaux Le Dr Condé aura trois objectifs et mandats principaux comme président:l’assistance et la défense des médecins;la réduction des risques associés à la pratique en faisant la promotion des soins sécuritaires ;et au plan financier, le maintien d’un système de responsabilité viable et efficace avec des cotisations abordables tout en compensant les patients lésés de façon appropriée.Il va aussi poursuivre la mise en œuvre du Plan stratégique 2015-2019 amorcé par son prédécesseur, et qui met notamment plus d’emphase sur la sécurité des soins, la réduction des risques, la mauvaise communication médecin-patient, et une meilleure éducation ou formation afin de mieux contrôler les coûts.Défendre le défendableL’ACPM est un parapluie pour les médecins, et son nouveau président entend le garder grand ouvert au prix qu’il le faudra.«Notre principe de base à l’ACPM, c’est que nous sommes là pour défendre le défendable, précise-t-il. Je veux continuer à défendre vigoureusement l’intégrité professionnelle des médecins, leur offrir une assistance efficace, avec des services juridiques de très haute qualité. Si la pratique d’un médecin est défendable, nous allons la défendre. À l’Association, s’il n’y a pas eu faute du médecin, et même si le montant réclamé est minime, on va dépenser ce qu’il faut pour défendre son intégrité. On ne règlera pas hors-cour parce que ça coûte moins cher.»200 millions en compensations annuellesBon an mal an, l’ACPM est engagée dans 900 poursuites médicales à travers le Canada. Au cours de la dernière décennie, l’Association a versé en moyenne 178 M$ par année en compensations financières à des patients lésés; 50% des coûts des dommages versés sont liés à l’obstétrique et un autre gros pourcentage est attribué en neurochirurgie, deux disciplines qui peuvent présenter des risques élevés d’handicaps à long terme chez les individus. L’ACPM va donc chercher à rendre ces deux pratiques plus sécuritaires afin de réduire le nombre de poursuites.Moins de poursuites au QuébecTous les Canadiens ne poursuivent pas les médecins pour des fautes professionnelles au même niveau. Le Québec constitue l’une des provinces où il y a le moins de poursuites contre les médecins. Les juges y sont ici aussi plus «raisonnables» qu’en Ontario, où les compensations sont beaucoup élevées, souligne le Dr Condé.Pour des raisons culturelles, selon lui, les Québécois auraient davantage tendance à porter plainte auprès du Collège ou auprès des hôpitaux contre leur médecin plutôt qu’à s’adresser aux tribunaux civils. Le nombre de poursuites est donc moins élevé au Québec que que dans d’autres provinces.Selon les chiffres fournis par le Dr Condé, l’Association a, en 2015, versé 195 millions de dollars en compensations financières aux patients et a dû assumer des frais de justice d’environ 160 millions de dollars pour fournir une assistance aux médecins dans l’ensemble du pays. Bien que les membres de l’ACPM aient contribué à un fonds de réserve de 3,5 milliards de dollars pour les compensations financières à verser aux patients ayant subi un préjudice, les versements prévus qui sont attribuables aux soins déjà prodigués s’élèvent à près de 3,6 milliards de dollars, créant ainsi un déficit de 94 millions de dollars (fin de l’exercice 2015).Des chiffres qui peuvent paraître élevés, mais bien inférieurs à ceux de nos voisins du Sud. Dans l’ensemble, dit le président de l’ACPM, le nombre de poursuites à l’égard des médecins aux États-Unis est trois plus élevé qu’au Canada.

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