Système centralisé de prise de rendez-vous: «Un plus pour les patients, un poids en moins pour les médecins»

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) voit d’un bon œil le lancement prochain d’un système centralisé de prise de rendez-vous pour les médecins de famille financé par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Elle est toutefois consciente que certains de ses membres pourraient se montrer craintifs vis-à-vis de ce dispositif en raison des importants problèmes rencontrés au démarrage par deux autres outils mis en place en 2016 par le MSSS: les Guichets d’accès aux médecins de famille (GAMF) et les Centres de répartition des demandes de service (CRDS).Quatre soumissionnaires ont répondu à l’appel d’offres lancé à la fin de 2015 par la RAMQ en vue d’offrir ce mécanisme de prise de rendez-vous en ligne. Bonjour-santé, une entreprise privée qui offre depuis plusieurs années un service qui peut se révéler payant pour les patients, n’a pas été retenue. Le contrat, d’une durée de cinq ans, aurait été attribué à CGI, la plus grande entreprise de services en technologies de l'information au Canada.Bien qu'opéré par un fournisseur privé, le système demeurera sous la responsabilité de la RAMQ, qui se chargera notamment de l’amélioration, du soutien des utilisateurs et des activités de communication auprès de la population et du corps médical.À la Régie, on se limite à dire que le déploiement s’effectuera en quatre phases. «Vous serez informé prochainement lors d’une annonce publique », a-t-on simplement répondu à nos nombreuses questions.Bien qu’il soit destiné à rejoindre ses membres, la FMOQ sait très peu de choses sur ce futur dispositif. Elle a été rencontrée concernant ce projet une fois, en septembre dernier, et tenue dans l’ignorance depuis. Elle souhaiterait que la technologie déployée fasse l’objet d’un projet pilote dans une ou plusieurs régions afin de régler les problèmes d’ajustement, mais elle ne connaît pas les intentions de la RAMQ à ce sujet.Annoncé pour le début de 2017, ce système se fait toujours attendre. Le décret ministériel confirmant le lancement n’avait toujours pas été adopté en date du 3 mars, dit la RAMQ, mais les démarches sont en cours. Le Dr Barrette a indiqué il y a deux semaines que l’annonce sera faite dans un avenir rapproché. On s’attend à ce qu’elle soit faite en avril.En accord avec le projet Jean-Pierre Dion, directeur des communications de la FMOQLa FMOQ est très favorable à la création de cet outil centralisé destiné à faciliter les démarches des patients, même si celui-ci est lancé par le gouvernement.«Ça ne va pas créer une révolution, mais sur le fond, si on peut avoir un équivalent de Bonjour-santé gratuit pour les patients, on ne peut que se réjouir, commente son porte-parole, Jean-Pierre Dion. Nous avons toujours dit qu’un tel service mis sur pied par le ministère aurait dû être créé il y a cinq ans, huit ans, dix ans.»Il y a quelques semaines, Bonjour-santé, un outil sur lequel les omnipraticiens n’ont aucun contrôle, s’est attiré des critiques après que Le Devoir eut révélé que des patients se faisaient offrir de payer 17$ pour éviter l’attente en clinique, une proposition qui se faisait à l’insu du docteur. Avec un service de rendez-vous sans frais payé par le ministère, dit la FMOQ, les médecins n’auraient plus ce genre de préoccupations.Un poids de moins pour les médecinsJean-Pierre Dion rappelle qu’au cours des dernières années, les façons de faire en matière de prise de rendez-vous ont beaucoup évolué avec des outils comme Bonjour-santé, la réservation en ligne et les centrales créées à l’interne par les cliniques médicales. «Aujourd’hui, on ne voit plus que très rarement des gens faire la file sur le trottoir tôt le matin afin d’obtenir une consultation», rappelle-t-il.Il estime que ce système sera un plus pour les patients qui sont assurés de ne rien avoir à débourser et juge que c’est un poids de moins pour les médecins qui seront dorénavant certains que l’accès à leurs services ne seront pas «vendus» malgré eux.Méfiance des médecinsMême s’il voit le tout de façon très positive, le directeur des communications de la FMOQ reconnaît que des médecins de famille ont été échaudés par les GAMF et les CRDS, et que certains y penseront deux fois avant de faire à nouveau confiance au ministère.«Sur le terrain, c’est sûr que des médecins de famille sont méfiants, admet-il. Si le gouvernement fait des annonces publiques pour des raisons politiques et s’attend à des miracles dès le début sans avoir pris le temps de roder la machine, il risque gros.»La FMOQ espère que le ministère aura appris des expériences passées et que l’outil sera testé au maximum par le fournisseur afin d’éviter que les médecins ou les patients y renoncent après quelques essais malheureux en raison de bogues de démarrage.Jean-Pierre Dion rappelle que les médecins auront le choix d’adhérer à ce système et s’attend à ce que, par prudence, des cliniques attendent ou l’adoptent progressivement, le temps de s’assurer qu’il est efficace et ne connaît pas de pépins majeurs.

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