Syndrome génito-urinaire de la ménopause: nouvelles lignes directrices

Le syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGUM) est très répandu parmi les femmes atteintes de ménopause – environ 50 à 70% des femmes post-ménopausées seraient affectées –, mais souffre pourtant d'un manque de consensus sur la reconnaissance et le diagnostic des symptômes vulvo-vaginaux, urinaires et sexuels associés.C'est pourquoi l'American Urological Association (AUA), l'American Urogynecologic Society (AUGS) et la Society of Urodynamics, Female Pelvic Medicine & Urogenital Reconstruction (SUFU) viennent de publier de nouvelles lignes directrices1 sur le SGUM, issues pour la première fois d'un consensus. Ces dernières comprennent 26 recommandations et sont parues dans le Journal of Urology. À lire aussi: Hormonothérapie et santé urinaire des femmes : un lien complexeLa revue systématique utilisée pour l'élaboration des lignes directrices s'appuie sur des recherches menées par le Minnesota Evidence-based Practice Center. Huit résultats centrés sur le patient ont été identifiés comme étant les plus importants, à la fois pour les patientes et les cliniciens: douleurs pendant les rapports sexuels,sécheresse vulvo-vaginale,inconfort/irritation vulvo-vaginale,dysurie,évolution du symptôme le plus gênant pour le patient (Most Bothersome Symptom, MBS),détresse, gêne ou interférence des symptômes génito-urinaires,satisfaction à l'égard du traitementeffets secondaires du traitementOutre le fait de proposer pour la première fois une définition complète du SGUM, fondée sur des données probantes et un consensus, les nouvelles lignes directrices reviennent sur la reconnaissance et l’interprétation clinique des symptômes, ainsi que sur plusieurs idées reçues liées aux traitements. Mieux diagnostiquer ce syndromeLes lignes directrices insistent sur l’importance de la prise de décision partagée afin de prendre en considération le vécu, le choix et les objectifs des patientes, tout autant que les meilleures données disponibles en matière de soins SGUM. Concernant le dépistage et le diagnostic, les lignes directrices conseillent: Aux cliniciens de dépister les patients à risque ou présentant des signes de SGM pour des symptômes génitaux, sexuels et/ou urinaires à l'aide d'antécédents médicaux, sexuels et psychosociaux ciblésAux patients présentant des symptômes de SGUM de subir un examen génito-urinaireAux cliniciens d’informer les patients atteints de SGUM des signes et symptômes génito-urinaires résultant d'une diminution des hormones stéroïdes sexuellesLors de l'évaluation des patients atteints de SGUM, aux cliniciens de rechercher la présence de troubles génito-urinaires coexistants, en recourant à des tests supplémentaires ou à une consultation spécialisée si nécessaireAux cliniciens d’orienter leurs patients atteints de SGUM et présentant des problèmes psychosociaux et/ou sexuels vers un thérapeute agrééAux cliniciens d’orienter leurs patients atteints de SGUM et de dysfonctionnement du plancher pelvien vers un kinésithérapeute spécialisé dans les troubles du plancher pelvienConcernant les interventions hormonales, les lignes directrices soulignent le rôle des œstrogènes vaginaux à faible dose dans la prise en charge de nombreux symptômes.Parmi les recommandations formulées à destination des cliniciens, une seule recueille un niveau de preuve B, soit modérée: «chez les patientes atteintes de SGUM et souffrant d'infections urinaires récurrentes, les cliniciens doivent recommander un traitement local à faible dose d'œstrogènes vaginaux afin de réduire le risque d'infections urinaires futures.»Trois autres recommandations sont basées sur un niveau de preuves faible: l'option d'un traitement local à faible dose d'œstrogènes vaginaux aux patientes atteintes de SGUM afin d'atténuer l'inconfort/l'irritation vulvo-vaginale, la sécheresse et/ou la dyspareuniel'option de la déhydroépiandrostérone (DHEA) vaginale aux patientes atteintes de SGUM afin d'améliorer la sécheresse vulvo-vaginale et/ou la dyspareuniel'option de l'ospémifène aux patientes atteintes de SGUM afin d'améliorer la sécheresse vulvo-vaginale et/ou la dyspareunieEn l’absence de preuves suffisantes, deux avis d’expert recommandent les options d'un traitement local à faible dose d'œstrogènes vaginaux afin d'améliorer les symptômes génito-urinaires pour les patientes atteintes de SGM et présentant des comorbidités génito-urinaires, ainsi que d'un traitement local à faible dose d'œstrogènes vaginaux ou de déhydroépiandrostérone (DHEA) vaginale pour les patientes atteintes de SGUM qui suivent un traitement œstrogénique systémique.Concernant les interventions non hormonales, les lignes directrices recommandent, sur la base de preuves faibles, l'utilisation d'hydratants et/ou de lubrifiants vaginaux, seuls ou en association avec d'autres traitements, afin d'améliorer la sécheresse vaginale et/ou la dyspareunie chez les patientes.Rappeler l'absence de lien entre œstrogènes vaginaux et cancer du seinLes lignes directrices s’attaquent par ailleurs à plusieurs idées reçues, et conseillent aux cliniciens de les adresser en présence de leurs patientes, en les informant:de l’absence de preuves concernant l’utilisation de compléments alimentaires alternatifsd’éviter les irritants et/ou les nettoyants vulvo-vaginaux qui peuvent exacerber les signes et symptômes du SGUMd’éviter les interventions de type laser CO2 ou ER:YAG ou de la radiofréquence L’AUA, l'AUGS et la SUFU adressent ensuite les données publiées par la Women’s Health Initiative, selon lesquelles il existerait un lien entre l’utilisation d’un traitement oral combiné œstrogène-progestatif et un risque accru de cancer du sein, de maladies cardiovasculaires, de démence et de caillots sanguins. Ainsi, les cliniciens sont incités à rappeler à leurs patientes atteintes de SGUM que: il n'existe aucune preuve établissant un lien entre l'administration locale d'œstrogènes vaginaux à faible dose et le développement d'un cancer du sein,ni la déhydroépiandrostérone (DHEA) vaginale ni l'ospémifène n'augmentent le risque de cancer du sein,l'œstrogène vaginal local à faible dose n'augmente pas le risque d'hyperplasie endométriale avec atypie ou de cancer de l'endomètre,que ni la déhydroépiandrostérone (DHEA) vaginale ni l'ospémifène n'augmentent le risque d'hyperplasie endométriale atypique ou de cancer de l'endomètreEnfin, les lignes directrices recommandent le suivi des patientes atteintes de SGUM après le début du traitement pour surveiller leur réponse, et d’informer ces dernières qu’un traitement et un suivi à long terme peuvent être nécessaires pour prendre en charge leurs symptômes. Référence: Kaufman MR, Ackerman AL, Amin KA, Coffey M, Danan E, Faubion SS, et coll. The AUA/SUFU/AUGS Guideline on Genitourinary Syndrome of Menopause. Journal of Urology [Internet]. [cited 2025 Jul 21];0(0). Available from: https://doi.org/10.1097/JU.0000000000004589

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