Supervision des IPS: une publication de l’IRIS excède les médecins

« Démagogie, mauvaise foi chronique, chiffres manipulés, ignorance, faits alternatifs et faussetés ». C'est en ces termes que le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a décrit la nouvelle publication de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) sur les coûts engendrés par la supervision des infirmières spécialisées (IPS) par les médecins.D'autres médecins ont également fortement réagi publiquement, notamment par le biais des réseaux sociaux.Le think tank de gauche affirme que les médecins québécois en cabinets privés touchent plus de 62 000 $ par année pour surveiller chaque infirmière praticienne spécialisée (IPS), un montant cinq fois supérieur à celui reçu par les médecins pratiquant en établissements publics.Le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin, s'insurge contre la manière dont le dossier est présenté par l'IRIS. Il rappelle notamment que la moitié de ce montant sert à payer des frais d’infrastructures, tels que le bureau de l’IPS ou les fournitures médicales. L’autre moitié sert à payer les médecins partenaires sur une base forfaitaire pour les discussions qu’ils ont avec les IPS concernant les patients.« Dire que chaque médecin qui intervient reçoit 30 000 $ par année, c’est de la démagogie. C’est ahurissant d’entendre cela », a lancé Louis Godin à ProfessionSanté.ca.Le médecin de famille Simon-Pierre Landry, qui a ouvertement démontré son désaccord envers les propos de l'IRIS est du même avis. « La publication montre une certaine ignorance par rapport à la rémunération dans le système de santé. L'IRIS est un organisme indépendant, qui ne représente ni les médecins ni les IPS. Il manque beaucoup d'informations », croit-il.La FMOQ ajoute que dans certains cas, les 30 000 $ alloués aux frais d’infrastructures n’étaient pas suffisants, et que certaines cliniques employaient des IPS à perte. « C’est malhonnête de dire que les médecins reçoivent plus de 60 000 dollars dans leurs poches », ajoute le médecin.Selon la Fédération, il y a actuellement plus de 2000 médecins partenaires pour environ 400 IPS, soit environ une IPS pour cinq médecins.Le Dr Landry, qui travaille actuellement avec deux IPS, affirme que les relations entre les médecins et ces infirmières sont très bonnes et que tous désirent un environnement de travail agréable. « La publication de l'IRIS vient raviver des tensions interprofessionnelles complètement inutiles. Nous avions fait un pas de géant récemment avec le Collège des médecins qui a approuvé l'autonomie des IPS dans la pose de certains diagnostics », ajoute-t-il.Fin des allocations mensuelles Dans sa publication, l’IRIS recommande d'abolir l’exigence de la surveillance médicale de la pratique des IPS, ainsi que l’allocation mensuelle pour les frais d’exploitation liés à la présence des IPS dans les cabinets privés.« Le médecin qui consacre de son temps professionnel à travailler avec une IPS devra être rémunéré. Pourquoi il ne le serait pas alors que les autres professionnels de la santé le sont ? C’est carrément inadmissible. Les médecins méritent d’être rémunérés et ça devra continuer à se faire », défend le Dr Godin.Le Dr Simon-Pierre Landry, aussi président du Regroupement des médecins omnipraticiens pour une médecine engagée (ROME), s'est toujours ouvertement montré en faveur de l'autonomie des IPS et d'un changement du mode de rémunération des médecins partenaires qui irait en conséquence. Si l'IPS demande l'avis du médecin partenaire, le ROME suggère de facturer la consultation à la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), un peu comme le ferait un médecin spécialiste.« La publication de l'IRIS met la population en colère pour une fausse nouvelle. On crée un débat sur de l'information tronquée. Personne ne va s'en sortir gagnant, surtout pas les patients », conclut le Dr Landry.

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