Suggestions de l'OPQ: «de faux problèmes», selon Lamontagne

Le Collège des médecins du Québec rejette les trois suggestions mises de l'avant par l'Ordre des pharmaciens du Québec afin de désengorger le système de santé.Selon le président du Collège, le Dr Yves Lamontagne, les trois solutions proposées par l'OPQ existent déjà ou sont de «faux problèmes».En ce qui a trait le prolongement de certaines ordonnances pour permettre aux patients de moins fréquenter les cliniques médicales surchargées, Yves Lamontagne souligne que cette mesure existe déjà depuis 2004 puisqu'un médecin peut émettre une ordonnance pour 18 ou 24 mois.Dans le cas d'un patient souffrant par exemple d'asthme et qui prend la même dose de sulbatamol depuis plusieurs années, une visite chez les médecins est-elle vraiment nécessaire pour un simple renouvellement de prescription, même dans le contexte actuel de pénurie ? Yves Lamontagne estime que oui.«Je crois qu'il est tout à fait normal pour un patient souffrant d'une maladie chronique, même légère, de faire un suivi médical à tous les deux ans, soutient-il. La pénurie ne doit pas servir d'excuse pour offrir un mauvais service clinique aux Québécois.»«Selon moi, l'entente actuelle répond bien aux besoins des patients, poursuit-il. D'un autre côté, je n'aurais rien contre le fait d'en discuter avec l'OPQ, mais j'attends encore des propositions concrètes de la part des pharmaciens. Et pas besoin de passer par les médias pour ça !»Le litige de l'ajustementQuant à la deuxième suggestion de l'OPQ, qui réclame que les pharmaciens jouent un plus grand rôle dans l'ajustement de la thérapie médicamenteuse, Yves Lamontagne se montre plus tranchant. «Aux dernières nouvelles, il y a une loi [NDLR: loi 90] que l'on se doit de respecter. L'OPQ a pris part aux consultations, était d'accord avec la loi, mais veut maintenant la changer. C'est fâchant.»«Ce que les pharmaciens ne disent pas, c'est qu'ils ont le droit d'ajuster la thérapie médicamenteuse, mais ils ne digèrent pas que les infirmières praticiennes spécialisées aient aussi le droit de le faire, poursuit le président du Collège. Or, l'évaluation clinique est un domaine qui fait partie de l'expertise des médecins et des infirmières, mais pas des pharmaciens.Yves Lamontagne donne l'exemple d'une infection urinaire, que la présidente de l'OPQ, Diane Lamarre, a elle-même utilisé en entrevue dans différents médias. «Est-ce une simple infection, une prostatite ou une colique néphrétique? Cela prend un moyen de le déterminer et ce n'est pas un pharmacien qui peut le faire.»Le président du Collège déplore par le fait même la comparaison faite par l'OPQ entre le Québec et d'autres provinces canadiennes où les modalités de l'ajustement de la thérapie médicamenteuse par les pharmaciens sont plus souples. «Le contexte n'est pas du tout le même. Dans le cas du Nouveau-Brunswick, où la pénurie de médecins est parmi les plus criantes au Canada, c'est mieux que rien. En Alberta, malgré la richesse que procure le pétrole, le système de santé est l'un des moins efficaces du pays.»Yves Lamontagne trouve que le dossier de l'ajustement de la thérapie médicamenteuse traîne depuis trop longtemps. «Ça fait deux ans que nous en discutons avec l'OPQ, sans progrès significatif. L'intérêt du patient, il est où?»La cessation tabagiqueDans son communiqué diffusé le 2 mars, l'OPQ soutient finalement que les pharmaciens devraient pouvoir amorcer par eux-mêmes un traitement de cessation tabagique afin d'éviter que les patients doivent aller à la clinique médicale pour obtenir une ordonnance et ainsi se faire rembourser leur médicament.«Encore là, aucune demande n'a été faite par l'OPQ au Collège, souligne Yves Lamontagne. Certains insinuent que nous empêchons les pharmaciens d'amorcer les traitements antitabac, c'est complètement faux. Nous serions ouverts à ce qu'ils le fassent. La preuve, c'est que nous leur laissons le droit de prescrire la pilule du lendemain.»Selon lui, il s'agit d'un problème qui ne concerne pas les médecins, mais plutôt la Régie de l'assurance maladie du Québec et les compagnies d'assurance. «Dans le cas du Zyban (bupropione), l'acte sera remboursé au pharmacien par la RAMQ uniquement s'il y a une ordonnance rédigée par un médecin. C'est une décision de la RAMQ, pas la nôtre.»Alors en quoi la suggestion de l'OPQ n'est-elle pas valable du point de vue des médecins? C'est l'intention présumée des pharmaciens qui dérange Yves Lamontagne. «Certains présidents de l'OPQ m'ont déjà dit: "Nous sommes les experts des médicaments. Faites-nous simplement parvenir une ordonnance où il est écrit "Asthme" et on s'occupe du reste." Pour certains médicaments comme la COU, ça va, mais il faut faire attention. Ce n'est pas un élément que les médecins et les infirmières vont accepter sans rien dire.»

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