Soins médicaux: À quand l'entente de facturation réciproque au Québec?

«Vous oubliez constamment que je suis québécois. Je suis fier d’être québécois. J’ai toujours été québécois, et je serai toujours québécois.» – Justin Trudeau à Yves François Blanchet, le 8 septembre dernier Ces mots sont loin d’être vrais. Né le 25 décembre 1971 à l’hôpital d’Ottawa, Justin Trudeau a fait ses études primaires dans cette ville et n’a déménagé à Montréal qu’en juin 1984. Même s’il représente la circonscription de Papineau, au Québec, depuis 2008, il a vendu sa maison au Québec et a déménagé à Ottawa en 2013. En mai 2018, il a voté aux élections provinciales de l’Ontario. Sa crédibilité est minée par les multiples promesses qui n’ont pas été tenues. Parmi ces dernières, on retrouve notamment l’accès à l’eau potable pour toutes les communautés autochtones d’ici la fin mars 2021, l’assurance-médicaments, les logements abordables, la réforme électorale et l’équilibre budgétaire (même avant la pandémie). Le Québec a refusé de signer une entente de facturation réciproque pour les services médicaux, contrairement à toutes les autres provinces et territoires. Dans le cadre de cette entente, les médecins qui offrent des services médicaux à des patients résidant dans d’autres provinces ou territoires peuvent recevoir leurs honoraires en facturant leur propre ministère de la Santé qui les récupère par la suite auprès de la province ou du territoire du patient. Bien que Trudeau soit légalement un résident de l’Ontario, et contrairement à ses mandants du Québec, il possède une carte de l’Assurance-santé de l’Ontario entièrement transférable. Ainsi, lorsqu’il consulte un médecin en Ontario ou dans une autre province, il n’est pas obligé de payer lui-même la consultation et d’attendre ensuite un remboursement partiel. Le Québec enfreint l’article 11 de la Loi canadienne sur la santé concernant la transférabilité depuis 1984. La Loi canadienne sur la santé a été adoptée à l’unanimité, c’est-à-dire que tous les députés du Québec ont voté pour cette loi à l’époque. L’entente n’empièterait pas sur la compétence de la province puisqu’elle concerne les soins médicaux prodigués à l’extérieur du Québec. Au départ, le Québec a refusé de signer cette entente de facturation par crainte que les médecins de l’Ouest du Québec ne protestent contre le fait d'être moins payés pour le même service que leurs homologues de l'Ontario. Cependant, de 2005 à 2015, les revenus des médecins du Québec ont doublé. En 2018-19, les revenus bruts des médecins du Québec se classaient au troisième rang au pays, selon l’Institut canadien d’information sur la santé, alors que ceux des médecins de l’Ontario étaient au neuvième rang. Comme tous les anciens premiers ministres, Trudeau n’a rien fait pour faire appliquer la loi fédérale. Ses «concitoyens québécois» seraient avantagés par l’application de l’article 11 de la Loi canadienne sur la santé. Malheureusement, ces derniers se sentent toujours comme des citoyens de seconde classe lorsqu’ils cherchent à obtenir des soins médicaux à l’extérieur de leur propre province. Contrairement à Trudeau, bon nombre d’entre eux n’ont pas les ressources financières nécessaires pour payer eux-mêmes des soins d’urgence dans une autre région du Canada. De plus, ils ne possèdent pas de carte d’assurance-santé entièrement transférable. Le premier ministre du Québec, François Legault, a discrètement appuyé le Parti conservateur du Canada. Erin O’Toole serait-il en mesure de convaincre Legault de signer une entente de facturation réciproque en guise de bonne foi? Si O’Toole aidait les Québécois à obtenir des services médicaux transférables, le geste démontrerait à tous les Canadiens qu’il appuie vraiment notre système de santé publique. Le Dr Charles S. Shaver est né à Montréal, a déménagé aux États-Unis à l’âge de 2 ans, et est revenu au Canada en 1970. Il a été président de la Section sur la médecine générale interne de l’Association médicale ontarienne. Les opinions exprimées dans le présent article sont les siennes.

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