Soins des personnes âgées en CHSLD: l'OIIQ veut mobiliser les ordres professionnels

« Nos valeurs comme infirmières sont ébranlées à la lecture du rapport du Protecteur du citoyen. Où est l’humanisme, où est le respect dû aux personnes hébergées en CHSLD ? », indique à Profession Santé la présidente de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), Lucie Tremblay. « Oui, ce rapport pose une question troublante : quelle valeur accorde-t-on aujourd’hui à ceux qui ont construit le Québec ? »Le 1er septembre dernier, le Protecteur du citoyen remettait son rapport d’intervention au Centre d’hébergement Harricana, en Abitibi-Témiscamingue. Un rapport accablant, qui faisait état de « lacunes majeures » dans la qualité des soins et services fournis aux résidents, dont le laxisme des responsables. Certains comportements infirmiers aussi étaient montrés du doigt.Entre autres éléments, le Protecteur notait l’absence de priorisation des besoins des résidents, le recours inadéquat aux mesures de contrôle, la gestion déficiente des difficultés comportementales, des entraves à la participation des familles et l’exercice de représailles.« La situation des soins en CHSLD est améliorable partout. Il existe des modèles, inspirons-nous en ! », déclare Lucie Tremblay. L’OIIQ veut renforcer le travail interprofessionnel autour de la personne âgée hébergée. Dans cette optique, il lance un appel aux autres ordres pour améliorer l'offre de soins aux personnes âgées vivant en CHSLD. Plusieurs ordres appuient déjà la mobilisation, dont les pharmaciens, les infirmières et infirmiers auxiliaires, les diététistes, les ergothérapeutes, les psychoéducateurs/psychoéducatrices, les travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux. Lucie Tremblay précise que les médecins aussi vont recevoir sous peu un appel à la collaboration interprofessionnelle.« C’est un premier pas majeur de faire travailler ensemble les divers ordres professionnels. À une époque où tout pousse à contrôler les coûts, nous devons accentuer le professionnalisme et la qualification des intervenants en soins prolongés. Ils peuvent par exemple éviter des transferts à l’urgence», explique Lucie Tremblay.La présidente de l’OIIQ note que la clientèle de CHSLD a beaucoup changé depuis quelques années. « Comme les durées de séjour ont raccourci, on admet des gens plus malades, avec des troubles cognitifs, une mobilité réduite, des personnes souffrant de multiples pathologies. Les professionnels qui encadrent les soins doivent faire preuve d’une expertise solide. »Au-delà de l’expérience accablante du Centre d’hébergement Harricana, dit-elle, « tous les signaux convergent vers un même diagnostic : notre modèle de soins n'est plus adapté à l'état de santé des personnes âgées hébergées en centre d'hébergement et de soins de longue durée. »Cette clientèle nécessite des soins de plus en plus spécialisés dus à une grande vulnérabilité et à des problèmes complexes de santé. Le personnel des établissements fait face à une clientèle fragilisée en raison d'une lourde perte d'autonomie, et la société québécoise doit d'offrir des services à la hauteur de ses besoins, selon elle. « Nous sommes aujourd'hui impatients de voir évoluer la question de l'offre de soins en CHSLD », affirme Lucie Tremblay. « Les gens âgés ont bâti notre société. Nous leur devons le plus grand respect », insiste-t-elle, « et encore plus à ceux qui sont en CHSLD, les plus vulnérables et les plus malades de notre société. »L'OIIQ affirme que la société québécoise justement a franchi un point de non-retour à cet égard. « La coupe est pleine, il est grandement temps d'analyser et d'agir globalement sur l'état de l'offre de soins pour les personnes âgées vivant en CHSLD. Il en va de la sécurité du public, c'est notre mission et cela rejoint les préoccupations de plusieurs ordres professionnels ayant cette responsabilité dans le secteur de la santé. »Notre préoccupation pour les soins prolongés ne date pas d’aujourd’hui, conclut Lucie Tremblay. « Nous martelons le même message : il faut vraiment faire un virage vers les soins aux personnes hébergées. » L’Ordre plaide, entre autres, pour une présence continue et adéquate d’infirmières en CHSLD. Les documents suivants résument, selon elle, la constance des efforts de l’Ordre en ce sens :-Les conditions de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) - Mémoire-Prise de position sur la pratique infirmière en centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD)-Prise de position - Prestation sécuritaire des soins infirmiers- Énoncé de position conjoint sur la collaboration interprofessionnelle : rehausser la qualité et la sécurité des soins

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