Soins de santé: un patient sur 20 subit un préjudice évitable, selon le BMJ

Un patient sur vingt subit un préjudice évitable lors de la prestation des soins de santé, selon les auteurs d’une méta-analyse et d’une revue systématique publiée dans le British Medical Journal (BMJ). Ils estiment que la situation doit être prise au sérieux par les gouvernements.Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Université de Manchester et de l’Université de Nottingham au Royaume-Uni ont analysé 66 études, comprenant 337 025 patients, publiées de janvier 2000 à janvier 2019. Trente-trois études (47%) ont été menées aux États-Unis, 27 (39%) en Europe, et 10 (14%) ailleurs dans le monde.Les auteurs ont découvert que, dans 12 % des cas, le préjudice a mené au décès ou à une invalidité permanente. Les incidents évitables en lien avec les médicaments et la gestion thérapeutique étaient les plus fréquents (respectivement 25% et 24%), suivis par ceux en lien avec les opérations chirurgicales (23%), les infections nosocomiales (16%) et le diagnostic (16%). Les préjudices étaient plus fréquents chez les patients traités dans les unités spécialisées comme en chirurgie et aux soins intensifs que chez ceux traités dans les centres hospitaliers.«Il y a peu d’amélioration dans les pratiques qui visent à prévenir ces incidents, malgré ce que promeuvent les politiques de sécurité internationale mises en place», constate-t-on dans l’étude.Pourtant la prévention de ces incidents pourrait faire économiser des millions de dollars aux différents systèmes de santé à travers le monde. Aux États-Unis, la durée prolongée d’hospitalisation en raison d'erreurs médicales représente 2,4 millions de jours et 9,3 milliards de dollars annuellement.D’autre part, dans les hôpitaux en Angleterre, seulement six types de préjudices évitables ont entraîné 934 jours supplémentaires passés dans un lit par 100 000 personnes, ce qui équivaut aux salaires de 3 500 infirmières chaque année.« Il est urgent d’agir pour réduire les préjudices sur les patients, déclarent les auteurs. L’élaboration et la mise en œuvre de stratégies basées sur des données probantes pourraient mener à des améliorations majeures de la qualité des soins médicaux et ainsi diminuer les coûts. »Pour ce faire, il est impératif de regrouper des données probantes sur les préjudices en soins de première ligne et en psychiatrie ainsi que dans les groupes de patients vulnérables et les pays en développement, croient les chercheurs. De plus, il serait important d’améliorer les normes d’évaluation et de déclaration concernant ces événements indésirables.Un registre québécoisAu Québec, le Registre national des incidents et accidents survenus lors de la prestation sécuritaire de services de santé et des services sociaux a été créé en 2002 et demeure le seul en son genre au Canada.Grâce à ce registre, on sait que d’avril 2017 à mars 2018, 438 195 Québécois ont été victimes d’un accident ou d’un incident médical dans l’un des établissements publics du Québec. Parmi eux, 738 sont décédés ou ont eu des séquelles graves et permanentes.Néanmoins, ce nombre représente bien peu d’événements en proportion de l’ensemble des actes médicaux réalisés en une année. Pour la même année 2017-2018, on a recensé dans tout le réseau 512 000 chirurgies, 3,8 millions de visites à l’urgence, 6 millions de consultations médicales en établissement et 13,5 millions de journées d’hébergement en CHSLD.Qu’est-ce qu’un préjudice?Les auteurs de la méta-analyse se sont appuyés sur la définition de l’Organisation mondiale de la santé qui stipule qu’un préjudice est « un incident qui cause un préjudice à un patient, telle qu’une atteinte corporelle ou tout effet néfaste résultant d’actions réalisés lors de la prestation de soins de santé plutôt qu’une maladie ou d’une blessure déjà connue du patient. Les effets peuvent être physiques, sociaux ou psychologiques (maladie, blessure, souffrance, invalidité et décès)».

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