Soins de longue durée: «il faut un écart salarial cohérent» entre les Pharm. D. et les MPA

L’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) réitère la nécessité de créer un titre d'emploi et des conditions salariales distinctes pour les pharmaciens en soins de longue durée détenant un Pharm. D. et ceux détenant une maîtrise en pharmacothérapie avancée. Et elle déplore l'inaction du gouvernement. Au printemps 2022, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a octroyé un financement permettant l’ajout de 200 postes de pharmacien en établissement de soins de longue durée, comme les CHSLD, les maisons des aînés et les maisons alternatives. Devant composer avec la pénurie de personnel, le Ministère a décidé de miser sur le recrutement de pharmaciens diplômés du premier cycle universitaire en pharmacie pour combler ces postes, jusqu’alors occupés par des pharmaciens avec une maîtrise en pharmacothérapie avancée. L’APES avait accueilli favorablement cette décision. Toutefois, «dès le départ, nous avons mis au clair avec le Ministère qu’il fallait qu’il y ait une différence salariale entre ces deux titres», a indiqué Linda Vaillant, directrice générale de l’APES à ProfessionSanté.ca. Les pharmaciens détenant une maîtrise pouvant effectuer les tâches plus complexes, pour lesquelles leur diplôme supplémentaire est nécessaire. Après 10 mois de négociations avec le MSSS, le syndicat dit avoir «déjà réglé tout l’aspect normatif, qui inclut les descriptions de tâches et les modalités des deux catégories d’emploi», mais pas la question salariale. La différence salariale entre les deux catégories d’emploi est pourtant essentielle, insiste-t-elle, car avec l’arrivée de ces nouveaux pharmaciens, les pharmaciens détenant une maîtrise en pharmacothérapie avancée devront presque exclusivement faire des tâches secondaires et tertiaires pour lesquelles ils ont été formés. C’est le cas, par exemple, pour tout ce qui a trait aux médicaments injectables. «Il doit y avoir un élément attrayant pour que les pharmaciens avec la maîtrise choisissent de maintenir un poste dans le réseau en soins de longue durée», indique Linda Vaillant. Or, le MSSS a cessé toute négociation à ce sujet depuis plusieurs mois, déplore la directrice générale de l'APES. «On s’est retrouvé avec une proposition complètement inacceptable et rien n’a bougé depuis juin, malgré nos nombreuses demandes», ajoute-t-elle. À la mi-octobre, le MSSS a envoyé au syndicat un message indiquant simplement que la proposition de juin demeurait inchangée. Depuis, plus rien. L’APES a interpellé le ministre de la Santé Christian Dubé à deux reprises pour qu’il intervienne directement dans le dossier et exige la reprise des négociations. L’Association a également écrit une publication sur son site Internet pour dénoncer la situation. Un recrutement au ralenti Pour encadrer les embauches de ces nouveaux pharmaciens le temps des négociations, une entente particulière avait été signée entre l’APES et Christian Dubé en juillet 2022. Les postes affichés dans les établissements de soins longue durée sont donc temporaires jusqu’à une entente définitive. Selon les données internes de l’APES, au printemps 2023, seulement 37 postes sur 200 avaient été comblés. La situation actuelle contribue à ce nombre plutôt bas, croit le syndicat. «Postuler sur un emploi dont les conditions de travail ne sont pas encore déterminées n’est pas très attrayant», estime Linda Vaillant. De plus, les pharmaciens déjà présents dans les établissements de soins de longue durée ne peuvent pas commencer à réorganiser les soins de façon optimale pour accueillir les nouveaux pharmaciens, en raison des flous qui persistent, partage la directrice générale de l’APES. «Ce blocage ne rend service à personne et, au final, ce sont les patients en établissement de soins de longue durée avec des besoins pharmaceutiques qui écopent», déplore-t-elle. Jusqu’à présent, le ministre n’a toujours pas directement répondu à la demande de l’APES. «C’est à se demander si le gouvernement veut réellement des pharmaciens en soin de longue durée», lance Linda Vaillant.

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