Société - La question n'est pas simple : « Est-ce notre job de parler de spiritualité avec nos patients ? »

La question n’est pas simple. La spiritualité peut prendre plusieurs formes, a expliqué la Dre Marianne Lemay lors de sa conférence prononcée devant un parterre de médecins. Il peut s’agir de la découverte d’un sens à la vie, du sentiment de connexion avec soi-même, avec les autres ou avec la nature, ou la voir comme une force supérieure à soi-même. Souvent, c’est lorsque l’individu est confronté à la mort que la spiritualité s’éveille le plus en lui. Pour cette raison, elle est reliée à l’oncologie. Les médecins sont plutôt portés à aborder ce thème avec leurs patients quand la fin est toute proche.Dans le cas de la Dre Lemay, cette question lui est venue lors de sa résidence en médecine de famille, pendant laquelle elle a entrevu la spiritualité comme un outil de prise en charge des patients. Des expériences vécues avec des patientes en soins palliatifs et une autre avec une obèse morbide l’ont conduite à s’interroger sur la place de l’esprit dans les traitements médicaux.Les études qu’elle a consultées à la suite de ce questionnement l’ont amenée à réaliser que la spiritualité joue un rôle significatif dans la santé des gens et qu’elle compte pour une portion significative dans le bonheur des enfants. Malgré cette très grande place, les médecins se sentent peu à l’aise d’aborder la question dela spiritualité avec leurs patients, a-t-elle souligné. Cette attitude pourrait s’expliquer par un manque de temps ou de formation, croit-elle.Les médecins se posent aussi une question cruciale. « Est-ce notre job de parler de spiritualité avec nos patients ? a demandé la conférencière. Nous en avons déjà assez à faire. Nous avons tout le côté physique, et la médecine évolue si vite. On a tellement de choses à suivre. Faudrait-il en plus qu’on aborde la question de la spiritualité ? C’est très légitime de penser comme cela. »Devant l’importance du modèle bio-psycho-social, les médecins ont appris à diriger les gens vers les personnes-ressources nécessaires. Il pourrait en être de même sur le plan spirituel.Les obstacles à la spiritualitéIl y a toutefois des obstacles, admet-elle. Pour le médecin, l’allusion à ce qui est surnaturel ou spirituel peut apparaître comme un signe de faiblesse ou un manque de connaissances scientifiques.« Personnellement, a dit la Dre Lemay, je crois que l’on devrait éviter ce genre de conclusions. Nous devrions plutôt essayer de voir l’être humain sous trois aspects : le côté physique, le côté psychique, introduit au cours des dernières années, et le côté spirituel. »Mais comment y arriver ? C’est la grande question, et la voie n’est pas simple, admet-elle, surtout qu’au Québec, les gens ont été écœurés par la religion. Autre question : tous les types de spiritualité sont-ils aussi valables les uns que les autres ? C’est un gros débat.« Ce qu’il nous reste à faire, pense la Dre Lemay, c’est de réfléchir et d’approfondir le sujet. Peut-être pourrait-on commencer à inclure dans notre formation un volet d’enseignement sur la spiritualité afin que les médecins se sentent plus à l’aise avec cet aspect. »Lire la suite de Société - La spiritualité a-t-elle sa place en médecine ?

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