Services cliniques en pharmacie: Québec publie son règlement

Le gouvernement de François Legault a déposé, ce mercredi, un projet de règlement d’application de certaines dispositions en lien avec les activités cliniques des pharmaciens et leur couverture par l'assurance maladie. Ce projet de règlement fera l'objet d'une période de consultation de 20 jours, mais ne modifie donc rien, pour l’instant, dans la pratique.Depuis l'adoption du projet de loi 67, Québec entend permettre aux pharmaciennes et pharmaciens d’intervenir plus largement pour des problèmes de santé courants, sans consultation médicale préalable. Le projet de règlement élargirait leur capacité à prescrire des médicaments pour des conditions comme les infections urinaires, la dysfonction érectile, certaines affections dermatologiques ou encore la prophylaxie préexposition (PrEP) pour la prévention du VIH. Il faciliterait aussi la prolongation d’ordonnances, sans restriction de délai comme c’est actuellement le cas, et autoriserait l’administration de certains médicaments. Derrière le comptoir, ils pourront également réaliser des prélèvements et prescrire ensuite un traitement en cas de résultat positif, par exemple un antibiotique à la suite d’un prélèvement pharyngé confirmant la présence d’un streptocoque A. L’objectif affiché est clair: offrir un accès plus rapide à des soins de proximité et déplacer une partie de la demande hors des GMF et des urgences.Selon les projections du ministère de la Santé, la couverture de ces services via l'assurance maladie permettrait d’offrir environ 360 000 services pharmaceutiques additionnels au cours de sa première année complète d’application. À l’horizon de cinq ans, ce volume pourrait atteindre près de 1,1 million de services, à mesure que ces nouvelles activités seraient progressivement intégrées dans la pratique. «Les Québécoises et les Québécois doivent pouvoir accéder aux soins dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin. C’est notre priorité en santé», souligne le ministre de la Santé, Christian Dubé, dans le communiqué publié par son cabinet. Il ajoute que le fait de pouvoir évaluer et traiter davantage de situations en pharmacie, gratuitement, sur présentation de la carte d'assurance maladie, contribuerait à améliorer l’accès aux soins pour l’ensemble de la population.Sur le plan légal, ce projet de règlement s’inscrit dans la foulée de la Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du système professionnel, mieux connue sous le nom de projet de loi 67. Le nouveau règlement viendrait modifier à la fois le Règlement d’application de la Loi sur l’assurance maladie et le Règlement sur le régime général d’assurance médicaments. Il remplacerait aussi le Règlement sur l’amorce et la modification d’une thérapie médicamenteuse, sur l’administration d’un médicament et sur la prescription de tests par un pharmacien, appelé à être abrogé.À consulter: Ordres professionnels: un projet de loi pour alléger les processus réglementairesUn déploiement encore à concrétiserMalgré le dépôt progressif des différents règlements en lien avec les services cliniques, l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires déplore toujours l'écart entre le cadre légal des nouvelles activités et la réalité opérationnelle de leur déploiemnent. Plus tôt mercredi, son président, Benoit Morin, soulignait la lenteur des négociations entourant la mise en œuvre concrète des nouveaux pouvoirs prévus par la Loi 67. Selon lui, ces actes élargis demeureront difficiles à déployer en l’absence d’une entente globale encadrant leur rémunération, la précédente ayant pris fin le 31 mars 2025. Les discussions avec le gouvernement se poursuivent depuis plusieurs mois, mais avancent lentement.Pour l’AQPP, l’enjeu dépasse la simple reconnaissance réglementaire. L’élargissement des actes cliniques suppose des ajustements organisationnels, du temps professionnel additionnel et des investissements dans les équipes et les infrastructures. Or, en l’absence d’un cadre de rémunération jugé adéquat, ces nouvelles responsabilités risquent de demeurer théoriques. «Il faut que ça prenne une autre tendance pour vraiment qu'on puisse arriver à utiliser les 1900 pharmacies du réseau à leur pleine valeur, qu'on puisse investir dans les services cliniques pour donner ces services à la population», déclare Benoit Morin à La Presse Canadienne, rappelant que l’objectif initial du projet de loi 67 était de désengorger la première ligne et de mieux répartir la charge entre les professionnels de la santé.Rappelons que l'Ordre des pharmaciens du Québec a dévoilé il y a quelques jours sa formation visant à préparer les pharmaciens à exercer les nouvelles activités.

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