Rimouski, pôle de formation en santé

En plus de ses paysages côtiers à faire rêver qui attirent les visiteurs depuis toujours, la ville étudiante de Rimouski a un nouvel atout dans sa poche pour attirer les futurs médecins. «Il est prouvé dans la littérature que le recrutement et la rétention sont facilités autour d’un pôle de formation», affirme le Dr Éric Lavoie, chef du DRMG du Bas-Saint-Laurent.L’arrivée du campus satellite de médecine de l’Université Laval en 2023 est ainsi vue de façon très positive par les acteurs du milieu de tout l’est du Québec. «C’est un levier; la possibilité d’enseigner est attractive pour les jeunes médecins qui songent à s’établir en région», estime le Dr Jean-Christophe Carvalho, président-directeur général du CISSS du Bas-Saint-Laurent. «Le but d’un campus décentralisé, c’est de faire connaître la région dès le départ, remarque la Dre Gabrielle Gagnon, vice-doyenne adjointe du site de formation à Rimouski. C’est une pratique différente, c’est vertigineux si l’on n’y a jamais été exposé». Tous les campus décentralisés constatent que les étudiants qui s’y forment ont tendance à rester plus longtemps et à y faire carrière; ceux qui ne restent pas deviennent des ambassadeurs précieux.Pour les étudiants de l’est du Québec, pouvoir se former près de chez soi est précieux: «je ne pense pas qu’on manque de bons candidats de la région; ça devient une possibilité quand il y a quelque chose qui se passe près de chez toi», avance la Dre Gagnon.Petit milieu, grands avantagesLes étudiants arrivent à Rimouski dans des petites cohortes de 24 étudiants par année: «ils découvrent une petite famille», note la Dre Gagnon. Les équipes peuvent facilement venir en appui aux étudiants, qui ont en retour plus d’occasions d’exposition clinique «Certains ont pu aller en salle d’opération dès leur première année, ce qui est rare. On ne peut pas reproduire ça en ville», confie-t-elle. «Durant les stages, on essaie d’aller chercher les besoins de l’étudiant où il est rendu, et lui offrir exactement ce dont il a besoin. C’est plus facile à implanter avec la grosseur de notre équipe», explique le Dr Christian Campagna, directeur de l’enseignement médical au CISSS du Bas-Saint-Laurent. La première année de cours magistraux est donnée dans les locaux de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), ce qui permet aux étudiants de côtoyer leurs pairs, d’avoir accès aux installations, équipes sportives, activités sociales et services étudiants. «Ils forment des liens et développent un sentiment d’appartenance à la région», croit la Dre Gagnon. Avant l’arrivée du campus satellite, la région formait déjà des étudiants. «Les balbutiements furent avec l’UMF. Sans ça, nous ne serions pas ici», se souvient la Dre Gagnon. Des médecins de Rimouski ont travaillé d’arrache-pied avec l’Université Laval pour ensuite offrir l’externat longitudinal intégré, et finalement accueillir, en même temps que Lévis, Aventure médecine Rimouski. «Les médecins, la population, et toute la région se sont mobilisés», raconte-t-elle.Se côtoyer pour mieux se connaitreLe campus régional donne une bonne visibilité à la région, facilite l’accès à des financements différents pour de l’équipement et l’échange avec les nombreuses autres professions en formation à Rimouski. Plusieurs programmes de bourses visent également à attirer des étudiants de différentes disciplines (ergothérapie, protection de la jeunesse, etc.). «Quand ils vont dans des petits milieux, ils entrent en contact avec des étudiants en médecine et ça crée des mini-ilots de jeunes apprenants, et leur amène d’autres expériences», espère le Dr Carvalho. Il faut dire qu’avec l’arrivée de la maîtrise en sciences infirmières (IPS soins de première ligne) en 2021 à l’UQAR, et bientôt des programmes de médecine vétérinaire et du doctorat en psychologie, «Rimouski est en ébullition. Ça crée une masse critique», assure le Dr Olivier Groulx, médecin de famille, et professeur de clinique à l’Université Laval. «On a aussi le cégep à côté; des partenariats permettent de former des technologues en biologie de laboratoire, en imagerie médicale, sans compter la formation professionnelle», ajoute le Dr Carvalho. Il faudra s’assurer de cultiver ces interrelations. Le Dr Olivier Groulx souligne par ailleurs l’importance pour les médecins de famille de s’impliquer dans la formation des IPS, et vice-versa. «Cet aspect de collaboration est vraiment important dans notre programme, et dans la pratique», poursuit Julie Gagnon, professeure au département des sciences de la santé à l’UQAR. Et ça commence tôt: les étudiants en médecine et de la maîtrise IPS-PL sont mis en situation ensemble dans le cadre de leurs cours de collaboration interprofessionnels, collaboration qui continue dans les stages. Dans les locaux flambant neuf du pavillon de médecine à même l’hôpital régional de Rimouski, les bureaux du programme de médecine voisinent ceux des responsables du CISSS, ce qui facilite la communication entre tous. «On veut qu’il y ait des ressources pour tout le monde; ça comprend les IPS et tous les autres stagiaires, que ce soit les pharmaciens, les ergothérapeutes ou les travailleurs sociaux», précise le Dr Campagna, qui a la responsabilité de faciliter la tenue de l’enseignement au CISSS.Plusieurs projets de collaboration interprofessionnels ont été mis sur pied dans la région, même si trouver des lieux de stage reste un enjeu. Des GMF-U de la région ont levé la main pour y accueillir davantage d’IPS en formation, notamment à Trois-Pistoles, comme fait valoir son directeur: «C’est complètement décloisonné, ça leur permet de connaître la force de la collaboration. On espère que les étudiants verront que c’est possible et voudront répliquer cette formule», conclut le Dr Lavoie.Ce reportage a été rendu possible grâce aux bourses d’excellence de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ).

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