Réseau d'accessibilité Drummond : Un nouvel élan pour les infirmières de Drummondville

Démarré en novembre dernier, le Réseau d'accessibilité médicale Drummond (RAMD), un projet-pilote de deux ans, a aidé les patients de Drummondville à consulter dans des délais plus raisonnables.L'un de ses idéateurs, le Dr Gilles Viens, responsable du Réseau, était consterné par le temps d'attente excessif à la salle d'urgence de l'Hôpital Sainte-Croix.Faute d'avoir un médecin traitant, des citoyens s'y retrouvaient des heures durant. «Mon but n'était pas de trouver à tous un médecin de famille, mais avec plus de 30 000 patients-orphelins, soit près du tiers de notre population, il fallait faire quelque chose!»Plus de temps pour les patientsIl s'agissait donc de diminuer le temps d'attente à l'urgence, de la désengorger des cas qui n'avaient rien à y faire. Le Dr Viens eut alors l'idée d'amener les cinq GMF locaux à concerter leurs efforts et à faire travailler en réseau les médecins et les infirmières en vue d'augmenter le temps disponible à la consultation. Les médecins concernés ont dû assumer un soir supplémentaire de clinique tous les trois mois. En contrepartie, on a augmenté le temps/infirmières disponible.«On a exploré à fond l'idée du réseautage. Pour cela, il fallait en un sens déconstruire les GMF, qui devaient apprendre à accepter parfois des patients non inscrits.»Le Dr Viens a fait de multiples représentations auprès de divers acteurs (FMOQ, MSSS, CSSS Drummond, Agence). Chacun des trois derniers a allongé 150 000 $, l'Agence y allant d'une somme de 100 000 $ supplémentaire pour démarrer le projet.Fruit de cette concertation, le Réseau d'accessibilité médicale Drummond est un hybride entre un GMF et une clinique réseau, comme on en trouve en milieu urbain.Une pratique infirmière diversifiéeOn n'a pas eu trop de mal à amener les jeunes infirmières à s'adonner aux tâches diversifiées qu'impliquait la mise en place du Réseau d'accessibilité Drummond, indique Lucie Deshaies, infirmière de liaison au Réseau. Mais certaines des plus anciennes ont été plus longues à convaincre.C'est qu'au départ, les infirmières pratiquaient seulement à l'hôpital. Puis, elles ont dû s'adapter à la réalité des GMF. «Et avec la venue du Réseau d'accessibilité, il leur a fallu faire un pas de plus. Outre de l'évaluation, elles devaient en effet s'occuper aussi du suivi des demandes de radiologie, de labo, etc.»La présence des infirmières a permis d'ouvrir divers points de services. Quatre d'entre elles se promènent ainsi d'une clinique à l'autre, d'un GMF à l'autre, deux jours/semaine, et font aussi de la mini urgence.Une infirmière pivot veille au suivi des soins pour chaque patient entré dans le Réseau, ce qui inclut la visite au médecin spécialiste, au besoin. «Le Réseau a poussé les infirmières à devenir de plus proches collaboratrices des médecins», constate Lucie Deshaies. Elles peuvent aussi aller plus loin dans leur jugement clinique et, ce qui est valorisant, suivre le patient du début à la fin de son épisode de soins.«La qualité du service s'est améliorée, les malades ne sont plus laissés à eux-mêmes. Ils savent désormais qu'ils auront une réponse. Comme infirmières, notre rôle s'est élargi, enrichi, puisque l'on fait aussi un peu d'enseignement.» En effet, grâce au Réseau, les infirmières font davantage d'enseignement direct aux patients, notamment pour certaines maladies, dont la gastro-entérite.Une première ligne qui peut compter sur l'hôpitalLe Réseau a facilité la collaboration entre la première ligne et l'hôpital qui s'implique beaucoup, en raison d'une entente de services avec les médecins spécialistes (accès plus rapide aux labos, à la radiologie, à l'orthopédie, à la médecine interne).Certains patients doivent cependant revenir à l'urgence pour terminer leur épisode de soins. En bout de ligne, le Réseau a redonné de l'enthousiasme aux infirmières d'expérience, conclut Mme Deshaies. «Certaines y ont même vu une occasion de redonner un supplément d'âme à leur profession tout en se donnant une belle fin de carrière.»

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