Renouveler l’argumentaire sur la rémunération des médecins: réponse à la Dre Francoeur

Dre Francoeur,Je tenais à réagir à votre message aux membres daté du 27 avril (Histoire d'une entrevue et d'un article prévisibles) qui présentait certains de vos arguments sur la défense tous azimuts de notre rémunération, mais qui révélait surtout le style combatif avec lequel vous menez vos communications auprès des médias depuis le début de la crise médiatique. De plus, je désirerais rectifier certaines de vos affirmations concernant l’organisation Médecins québécois pour le régime public (MQRP), dont je fais partie.Comme il a été soulevé par un journaliste de L’Actualité, il semble effectivement que la rémunération des médecins ait tenu le haut du pavé lors du dernier congrès de l’Association médicale du Québec (AMQ) d’avril 2015. Je ne vous cacherai pas que nous aurions beaucoup aimé participer à ces discussions, mais tout comme vous, nous n’y étions pas. Nous accompagnions notre présidente, la Dre Isabelle Leblanc, qui participait alors au colloque portant sur le système de santé de la revue À bâbord!. Libre aux membres de MQRP de s’exprimer en leur nom, mais il est faux de déclarer dans une lettre officielle à tous les médecins spécialistes du Québec que cette discussion sur la rémunération a été noyautée par le regroupement MQRP.Si nous ne tenons pas secrète notre position sur la rémunération des médecins, difficile de voir dans vos allusions autre chose que la volonté de marginaliser notre organisation, qui pourtant jouit de l’estime d’un nombre grandissant de médecins, d’acteurs du milieu de la santé ainsi que de la population.Pourtant, tout comme vous, nous désirons à notre façon répondre à la crise actuelle qui secoue la profession médicale. Alors que vous semblez faire le pari de la contestation (envers les chiffres avancés par la Vérificatrice générale, par exemple) ou de la victimisation (dans vos communications médiatiques notamment), nous sommes plutôt d’avis que des prises de position non-corporatistes sauront mieux dissiper le malaise de la population à notre endroit.Frais accessoiresSur ce point, je ne peux que saluer votre récente ouverture face à l’inclusion des frais accessoires à même la rémunération des médecins. Vous n’êtes pas sans savoir que l’opposition s’intensifie et s’est transposée au domaine judiciaire. L’occasion est belle pour la FMSQ de prendre résolument parti en faveur des patients en s’opposant de manière non équivoque à tout frais accessoire.À notre sens, cette tarification trop longtemps tolérée – mais non moins illégale selon la Loi canadienne de la santé – pourrait très bien être endossée par les médecins propriétaires des cliniques. Il ne s’agirait, pour la plus grande part, que d’une baisse minimale de la profitabilité de leur clinique. Pour les autres services, dont la croissance des coûts est telle qu’elle compromet réellement leur dispensation en cabinet, un meilleur financement de l’acte à même notre enveloppe budgétaire est de mise. L’accessibilité des soins serait ainsi assurée à tous les patients, indépendamment de leur capacité à payer.Inconfort avec la hausse des rémunérationsJe profite aussi de l’occasion pour questionner les propositions que vous adressez aux médecins inconfortables avec la hausse de leur rémunération: la sous-facturation et le don aux fondations. Nous sommes plusieurs médecins à éprouver un malaise face à ces invitations fallacieusement simplistes. Pour assurer le respect d'une véritable justice sociale, l’éthique et la générosité individuelle des médecins ne devraient en aucun cas se substituer aux responsabilités de l’ensemble du corps médical. Renoncer aux 200 millions prévus par la clause remorque en faveur d’un réinvestissement massif dans nos institutions publiques aurait été un geste d’une portée bien plus grande pour notre système de santé que de miser sur des initiatives personnelles, pour vertueuses qu’elles soient.En ces temps difficiles pour notre profession, les médecins doivent rester unis devant la seule vraie priorité: assurer les meilleurs services à la population. Dans ce contexte, les opinions de tous les acteurs du milieu médical s’équivalent et doivent être respectées.En tant que présidente de l’importante Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), vous devriez faire preuve de davantage de circonspection lors de vos déclarations mentionnant Médecins québécois pour un régime public. Nous vous invitons du même coup à réévaluer votre argumentaire sur la rémunération des médecins. En l’axant davantage sur le patient et sur nos institutions publiques que sur des intérêts corporatistes, vous feriez la démonstration éloquente de la solidarité des médecins envers la population. Une occasion inespérée de redorer aux yeux du public le blason quelque peu terni de notre profession. Dr Francis LivernochePédiatre, CHUSSecrétaire-trésorier Médecins québécois pour le régime public

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