Réactions indésirables aux médicaments: anticoagulants, agents chimiothérapiques et opioïdes en tête de liste

Les anticoagulants, les agents chimiothérapiques et les opioïdes sont, dans l’ordre, les médicaments les plus susceptibles d’entraîner une hospitalisation, établit l’Institut canadien d’informations sur la santé (ICIS) dans une étude consacrée à cette question.Les personnes âgées sont les patients les plus hospitalisés par suite de réactions indésirables à des médicaments.Les impacts de ces effets négatifs sur les soins de santé sont grands. Jusqu’aux deux tiers des admissions à l’hôpital et des visites à l’urgence liées aux médicaments seraient dues à des réactions indésirables et jusqu’à un quart des patients qui se rendent à l’urgence pour ce motif sont hospitalisés.Des études ont démontré que le risque de réaction indésirable atteint un sommet dans les jours qui suivent l’instauration d’un nouveau médicament. Cet effet est moins susceptible de se produire si le patient prend déjà le médicament depuis longtemps.Toutefois, l’apparition de la réaction varie selon le médicament et certaines réactions indésirables sont davantage associées à une exposition continue au fil du temps.Plusieurs facteurs, rappelle l’ICIS, peuvent accroître le risque de réactions indésirables aux médicaments: l’âge et le sexe du patient; la présence de comorbidités; le nombre de médicaments pris par le patient; l’instauration ou non d’un nouveau traitement médicamenteux; le nombre de prescripteurs consultés; l’hospitalisation ou non du patient au cours de la dernière année.Les médicaments associésLes types de médicaments les plus fréquemment associés aux hospitalisations pour réactions indésirables sont les suivants : Catégorie de médicamentsUsage courantProblème entraînant l’hospitalisation% des réactions indésirablesAnticoagulantsPrévention des crises cardiaques et des AVCSaignements dus à des anticoagulants circulants12.6%AntinéoplasiquesCancerFaible numération de globules blancs12,1%Opioïdes et analgésiques connexesGestion de la douleurConstipation7,4%Glucocorticoïdes et analogues synthétiquesAsthmeMPOC avec infection aiguë des voies respiratoires inférieures6,9%AINS (à l’exclusion des salicylates)Arthrite, gestion de la douleur, inflammationUlcère de l’estomac chronique avec saignement4,9%Antagonistes des récepteurs bêta-adrénergiques Insuffisance cardiaque, hypertension artérielle et angineRythme cardiaque faible4,6%Autres diurétiquesInsuffisance cardiaque et hypertension artérielleHypo-osmolalité et faible taux de sodium dans le sang3,6%Dérivés de la benzothiadiazine Hypertension artérielleHypo-osmolalité et faible taux de sodium dans le sang3,2%Glucosides cardiotoniques médicaments d’action similaireInsuffisance cardiaque, arythmieBradycardie3,1% AntipsychotiquesSymptôme de démence, schizophrénie, trouble bipolaireDésorientation2,7%(Source : ICIS, Hospitalisations liées aux réactions indésirables aux médicaments chez les personnes âgées, p. 9-10) Les patients ne répondent pas tous de la même façon aux anticoagulants. Ces médicaments, en particulier les antagonistes de la vitamine K tels que la warfarine, soulèvent un défi d’ordre clinique en raison de leur marge thérapeutique étroite et du suivi minutieux qu’ils exigent. Il faut donc effectuer des analyses sanguines fréquentes afin de déterminer, puis de maintenir, une dose à la fois sécuritaire et efficace.Les nouveaux anticoagulants entraînent des réponses plus uniformes chez les patients et exigent un suivi moins étroit, mais ils ne réduisent pas le risque de saignement de façon significative comparativement à un traitement par la warfarine étroitement surveillé.Clientèles vulnérablesL’étude de l’ICIS met en relief que les personnes âgées présentent un risque accru de réactions indésirables aux médicaments et d’autres types d’événements indésirables en raison du nombre de médicaments qu’elles prennent, de la prévalence élevée de certaines affections chroniques au sein de leur groupe et des changements corporels liés à l’âge.Les personnes de 75 à 84 ans sont 1,5 fois plus susceptibles de subir une telle hospitalisation que les personnes entre 65 et 74 ans. Le risque est multiplié par 1,7 pour les personnes de 85 ans et plus.Les hommes sont par ailleurs un peu plus susceptibles (1,1 fois) que les femmes d’être hospitalisés en raison de réactions indésirables aux médicaments.Dans certains cas, ces effets étaient liés à la difficulté de déterminer et de maintenir une posologie appropriée. À la suite d’une hospitalisation liée à une réaction indésirable à un médicament, un changement ou un ajustement posologique était fréquent chez les personnes consommant des anticoagulants ou des opioïdes.«Bien que l’administration de ces médicaments soit indiquée dans nombre de cas pour les patients, il n’en demeure pas moins que les personnes âgées, leurs aidants naturels et les professionnels de la santé doivent gérer les risques qui y sont associés», affirme Michael Gaucher, directeur des Services d’information sur les produits pharmaceutiques et la main-d’œuvre de la santé à l’ICIS.L’examen périodique des médicaments du patient par le médecin et le pharmacien contribue à réduire les risques. La révision systématique des médicaments à des points de transition dans le parcours de soins, comme l’admission du patient à l’hôpital, peut également réduire le risque de réactions indésirables puisqu’il assure la vérification et la documentation des changements de pharmacothérapie.

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