Que peut-on déduire de la forme des plaques d’urticaire chronique spontanée?

Touchant environ 1% de la population, l’urticaire chronique spontanée (UCS) se présente sous une variété de formes de papules. Elle affecte considérablement la qualité de vie de ceux qui en souffrent. Pourtant, cette affection dermatologique est encore mal comprise et les études qui se sont intéressées à ses dynamiques in vivo restent rares. Il serait toutefois possible d’en comprendre les processus moléculaires en se fiant à la morphologie des éruptions. Des chercheurs japonais ont ainsi développé un modèle mathématique qui identifie les mécanismes d’apparition des plaques cutanées de patients présentant une UCS à partir de leur forme géométrique.Cette modélisation a d’abord permis de distinguer cinq motifs d’éruption: annulaire, annulaire brisé, géographique, circulaire et en point (voir image ci-dessous). Pour valider le modèle, ces types d’éruptions simulées par ordinateur ont été comparés à des images provenant de 105 patients présentant une UCS qui ont visité le Département de dermatologie de l’Hôpital universitaire d’Hiroshima. Les données étaient ensuite analysées par six dermatologues qui ont classé avec certitude 87,6% des échantillons dans l’une de ces catégories. Les éruptions aux motifs géographique (50% des cas) et circulaire (25% des cas) étaient les plus communes.À lire aussi: Quelles options pour les adultes souffrant de dermatite atopique réfractaire aux traitements topiques?Il est reconnu que l’UCS apparaît lorsqu’un facteur déclenchant entraîne la dégranulation des mastocytes et des basophiles. Ces derniers relâchent des médiateurs pro-inflammatoires, dont l’histamine. Ce processus accroît également l’expression du facteur tissulaire (TF) sur les cellules endothéliales vasculaires. Des analyses d’échantillons de peau in vitro ont révélé que la forme des éruptions cutanées est un reflet des dynamiques pathophysiologiques qui sont en action sous la peau.Chacune de ces étapes influencerait donc la géométrie des lésions sur la peau. «Notre analyse a révélé que l'état de la coagulation déterminerait le motif des papules tandis que l'état de libération spontanée d'histamine par les mastocytes contribuerait à la variété de taille et de contours des éruptions», indiquent les chercheurs.À lire aussi: QUIZ - Comment prendre en charge ce cas clinique en dermatologie?Cela expliquerait pourquoi l’efficacité d’un médicament varie selon le mécanisme ciblé. «Les antihistaminiques sont efficaces dans 70-80% des cas d’UCS, ajoutent-ils. Mais certains patients réfractaires aux antihistaminiques répondent bien aux anticoagulants ou aux inhibiteurs de protéase. Notre approche suggère un traitement spécifique au patient basé sur la géométrie des éruptions cutanées».Un tel modèle mathématique pourrait s’appliquer à d’autres affections dermatologiques caractérisées par la formation de lésions géométriques comme le psoriasis, la teigne de corps, l’érythème polymorphe, les dermatoses bulleuses auto-immunes ou l’érythème gyratum repens.

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