Quand administrer une nouvelle dose lorsqu’un enfant vomit après avoir pris un médicament?

Les vomissements après l’administration orale d’un médicament sont fréquents chez les enfants, en particulier parmi les plus jeunes, chez qui les solutions orales sont plus souvent utilisées. Les professionnels de santé ont souvent des doutes sur la quantité de la dose administrée qui a été absorbée, et s’il faut ou non la réadministrer. En l’absence de directives fiables pour aider à la prise de décision, ces situations sont généralement gérées en fonction de l’expérience et du jugement du professionnel de santé 1.La règle généralement suivie consiste à réadministrer le médicament si les vomissements surviennent dans les 30 minutes suivant la prise, mais à ne rien faire si plus de 60 minutes se sont écoulées. Cependant, outre le temps écoulé depuis la prise, d’autres facteurs tels que le type de médicament, la forme posologique et l’état du patient doivent être pris en compte 1. Un groupe de pédiatres, de pharmacologues cliniques et de pharmaciens cliniciens de l’hôpital pour enfants Queen Silvia, à Göteborg, en Suède, a approfondi la question. Ils ont entrepris d’identifier les facteurs à prendre en compte lorsqu’un enfant vomit après la prise d’un médicament par voie orale et d’établir une routine clinique pour ces situations. Le groupe a mis au point un outil d’aide à la décision en quatre étapes: (1) identification des substances cliniquement pertinentes, (2) recherche et analyse de la littérature, (3) réflexion pédiatrique et pharmacologique, et (4) examen en interne 1.Substances cliniquement pertinentes Après consultation des cliniciens de différents services de l’hôpital, 40 substances administrées par voie orale ont été identifiées pour lesquelles un outil d’aide à la décision serait utile en cas de vomissements chez un enfant. Parmi les médicaments figurant sur la liste, on trouve notamment: l’ondansétron, l’acétaminophène, le clonazépam, la clonidine, le clopidogrel, la dexaméthasone, la digoxine, l’énalapril, le furosémide, l’ibuprofène, le métoprolol, la morphine, le mycophénolate mofétil, la nifédipine, la prednisolone, le propranolol, le rivaroxaban, le tacrolimus, l’acide valproïque et la warfarine. La liste comprend diverses formes posologiques, telles que solutions/gouttes orales, comprimés, gélules, granulés et comprimés à libération prolongée 1,2.Considérations relatives à la reprise du traitementLe groupe a identifié trois éléments clés à prendre en compte pour décider s’il convient ou non de renouveler la prise après que l’enfant a vomi. Ces trois éléments sont considérés comme tout aussi importants les uns que les autres dans la prise de décision clinique 1.Tenez compte du patient et de son état de santé: évaluez le rapport-bénéfice/risque du renouvellement de la prise par rapport à un sous-dosage. Par exemple, le patient reçoit-il le médicament pour la première fois en dose unique, selon les besoins ou dans le cadre d’un traitement continu? Pour certains médicaments, il est important de maintenir un effet thérapeutique adéquat sans interruption. On sera moins enclin à redonner une dose d’un médicament à index thérapeutique étroit ou présentant un risque d’effets indésirables graves. En revanche, un médicament dont l’oubli d’une dose peut entraîner un sevrage ou un effet rebond augmentera la motivation à redonner une dose. La nature du médicament et la raison du traitement doivent également être prises en compte. Par exemple, une dose supplémentaire de midazolam pourrait être potentiellement nocive si l’enfant reçoit une double dose pour la sédation, mais bénéfique si elle est utilisée pour prévenir les convulsions.Tenez compte du médicament, de la forme posologique et de la pharmacocinétique: certains produits ont une libération et une absorption rapides et donc un début d’action rapide. Les préparations à libération prolongée peuvent nécessiter plusieurs heures après une dose donnée pour atteindre la concentration maximale. Vérifiez si le médicament est visible dans son intégralité dans les vomissures. La fréquence d’administration recommandée peut être utile; le fait de manquer une dose d’un médicament administré plusieurs fois par jour peut avoir moins d’incidence sur le patient que le fait de manquer une dose administrée une fois par jour. Les médicaments à index thérapeutique étroit présentent de faibles différences entre les doses thérapeutiques et toxiques; une dose supplémentaire pourrait être dangereuse pour le patient.Tenez compte du moment de l’administration: la vidange gastrique et la motilité intestinale déterminent principalement la vitesse à laquelle les médicaments sont présentés et dispersés le long de la muqueuse de l’intestin grêle. L’absorption dépend également des propriétés physiques et chimiques du médicament, telles que sa solubilité et sa formulation. Si le patient vomit plus de 60 minutes après l’administration du médicament et qu’aucun résidu n’est visible dans les vomissures, il est probable que le médicament ait traversé l’estomac, ce qui réduit le risque que les vomissements aient affecté l’absorption du médicament.Lire aussi: Quel est le meilleur analgésique pour traiter la douleur aiguë chez l’enfant?Avant la prochaine dose orale: prévenir les nausées et les vomissementsIl est important de prévenir les vomissements lors des prochaines doses orales, dans la mesure du possible. Les enfants peuvent vomir pour plusieurs raisons: le goût du médicament, la peur ou l’inconfort, la douleur ou les nausées, voire l’anxiété liée à la situation dans laquelle le médicament est administré. Vérifiez si l’enfant a déjà eu des problèmes auparavant. Pour les médicaments au goût désagréable, il peut être utile de changer la forme posologique, voire le médicament.Demandez aux enfants plus âgés quelle forme posologique ils préfèrent. Un agent antiémétique pour prévenir les vomissements pourrait également être envisagé 1. Outil d’aide à la décision cliniqueLes auteurs ont créé un outil d’aide à la décision qui résume les facteurs clés à prendre en considération pour décider s’il faut ou non administrer une nouvelle dose lorsqu’un enfant vomit après avoir pris un médicament par voie orale (voir la figure 1 dans le document en ligne) 1. RésuméOutre le délai entre l’administration orale et les vomissements, qui est couramment utilisé, d’autres paramètres importants doivent être pris en compte, tels que l’état actuel du patient, ses antécédents médicaux et les propriétés du médicament, pour décider s’il faut ou non administrer une nouvelle dose à un enfant qui vomit après avoir pris un médicament par voie orale 1.RéférencesGarnemark CA, Lernfelt G, Dahlander M, et coll. If a child vomits after an oral medication—should we re-dose or not? Acta Paediatr 2025. Publié en ligne le 15 mai 2025.Supplemental material. Table 1 — If a child vomits after an oral medication.

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