PL 31: « Nous sommes conscients que la franchise peut être un frein » - Danielle McCann

Les vaccins listés dans le Protocole d'immunisation du Québec seront offerts gratuitement à la population lorsqu'ils seront administrés par des pharmaciens à l'officine, a affirmé la ministre de la Santé Danielle McCann lors de l’annonce du projet de loi 31 qui permettra aux pharmaciens de réaliser plusieurs nouvelles activités professionnelles, jeudi après-midi.La ministre précise toutefois que les modalités entourant la rémunération des autres activités devront faire l'objet de négociations avec l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) et que ces pourparlers se dérouleront en parallèle du processus législatif visant à faire adopter le projet de loi 31. Rappelons que les deux parties ont convenu d'avoir une nouvelle entente de rémunération pour la pharmacie communautaire en avril 2020.Tout en remerciant la ministre de faire avancer la pratique des pharmaciens québécois, l'AQPP estime qu'il faut éliminer les frais de franchise et de coassurance sur l’ensemble de ces nouveaux actes, sans quoi le succès de ce projet de loi est compromis.«Les patients ne veulent pas ou ne peuvent pas payer pour des services qu’ils ont gratuitement ailleurs. Il est nécessaire de revoir le mode de rémunération», a fait valoir Jean Thiffault, président de l’AQPP, qui représente 2065 pharmaciens propriétaires.«L’effet positif souhaité de ce projet de loi sur l’accès aux soins de première ligne ne sera possible que si cet obstacle (frais de franchise et de coassurance) important est levé. Il sera important de donner aux pharmaciens les moyens de mettre en place cet ambitieux projet», a-t-il ajouté.«Nous sommes conscients que la franchise peut être un frein pour une partie de la population. Nous sommes sensibles à ça», a indiqué Danielle McCann en conférence de presse dans les locaux de l’Université Laval à Québec. Et, comme Jean Thiffault, elle est d'avis qu'il faut moderniser le mode de rémunération et rémunérer les pharmaciens qui vont poser de nouveaux actes.«Nous avons des discussions là-dessus», s’est-elle contenté de répondre lorsqu’un journaliste lui a demandé quand les pharmaciens auront un nouveau mode de rémunération.« Un grand pas »La ministre McCann estime que ces nouveaux actes représentent «un grand pas» dans la mise en place de mesures facilitant l’accès aux services de santé.À titre d'exemple, cette prochaine loi permettra de multiplier de beaucoup les sites de vaccination et les plages horaires. Optimiste, elle croit que le taux de vaccination bondira de 25 %.La ministre aimerait que les pharmaciens puissent vacciner lors de la prochaine saison de la grippe. «Il faut bien faire les choses, mais ça serait intéressant.»«Nous allons bientôt constater des changements concrets dans notre réseau de santé. Il y aura notamment moins de visites inutiles à l’hôpital», a-t-elle affirmé.L’OPQ «très favorable»À ses côtés, le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec, Bertrand Bolduc, accueille «très favorablement» cette nouvelle qui profitera à la population québécoise. «Nous sommes très satisfaits de ce projet de loi. C’est ce que nous avions essentiellement demandé», a-t-il souligné.Pour ce qui est de la vaccination, il croit que les pharmaciens vont tranquillement l’intégrer à leur pratique. «Ça fait maintenant partie de la profession de pharmacien de vacciner. Il y a juste au Québec que nous ne pouvions pas le faire», rappelle-t-il.Pour Jean Thiffault, de l’AQPP, des actes comme la vaccination, la prescription de médicaments en cas d’urgence et l’évaluation des patients afin d’ajuster la médication devraient permettre aux pharmaciens de contribuer à l’amélioration des soins de première ligne.Pour le président de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), François Paradis, «il faut saisir l’occasion donnée par le dépôt du projet de loi 31 pour aller plus loin».«Il importe de viser une meilleure utilisation de l’expertise spécifique des pharmaciens formés à la pratique hospitalière. Celle-ci permettra des interventions plus efficaces pour l’usage des médicaments», a-t-il souligné.Les médecins réagissentDe son côté, le Collège des médecins du Québec (CMQ) voit d’un bon œil ce projet de loi. «Les nouvelles responsabilités des pharmaciens, notamment en ce qui a trait à la vaccination, seront un moyen efficace de rejoindre une clientèle pour qui l’horaire peut être un facteur limitant», a indiqué le président du CMQ, le Dr Mauril Gaudreault.Le Collège des médecins estime que ces changements législatifs s’inscrivent dans l’évolution des pratiques interprofessionnelles.

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