Projet de loi 10 et austérité: l’AGESSS s’inquiète pour certains services

La réorganisation du réseau que veut réaliser le ministre Gaétan Barrette avec son projet de loi 10 risque de se faire au détriment des services périphériques de santé et de services sociaux, craint l’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux (AGESSS).Le ministre Barrette a déposé à la fin du mois de septembre son vaste projet de réforme du réseau afin que tous les services de santé et de services sociaux d’une même région soient intégrés au sein d’un seul établissement, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS).Le projet de loi 10 fait partie des différentes mesures que met de l’avant le gouvernement de Philippe Couillard afin de réduire drastiquement les dépenses de l’État et permettre un retour à l’équilibre budgétaire.Bien que le président et directeur général par intérim de l’AGESSS, Yves Bolduc, ne soit pas à l’encontre d’une révision des structures, il estime que le projet de loi 10 risque de se faire au détriment des usagers.« Quand il y aura des demandes de couper, ce seront immanquablement les services périphériques de santé et de services sociaux qui écoperont afin d’épargner les soins rendus dans les hôpitaux », dénonce le gestionnaire.« À titre d’exemple nous avons séparé les centres en réadaptation intellectuelle des centres hospitaliers, car leurs services se trouvaient en quelque sorte noyés dans la mission santé, souligne-t-il. Même avec le virage populationnel de 2004, nous avons gardé ces centres à l’extérieur des CSSS pour cette raison. »« Nous ne sommes pas contre une révision des structures, dans la mesure où elle contribue à une meilleure accessibilité aux services et se fait dans le respect de la mission des établissements, poursuit Yves Bolduc. Ce n’est pas ce que nous voyons présentement. »Le président par intérim de l’AGESSS souligne que la réorganisation permettra surtout de centraliser la prise de décision et d’éloigner les usages des décideurs.Impact majeur à prévoir pour l’AGESSSLe projet de loi 10 aura également un impact majeur pour les associations représentant les gestionnaires et les administrateurs du réseau, croit Yves Bolduc.Comme le nombre d’établissements pourrait officiellement passer d’une centaine à près d’une trentaine, l’Association québécoise des établissements de santé et des services sociaux est carrément compromise, comme le mentionnait Le Devoir.Puisque Québec entend diminuer le nombre de cadres du réseau d’environ 1300 postes, l’AGESSS pourrait de son côté se voir amputer du septième de ses membres, soutient Yves Bolduc. Et la charge de travail à venir des gestionnaires qui resteront inquiète déjà les membres.« Avec la pression exercée par Québec, notre équipe est déjà débordée à soutenir nos membres afin de faire respecter leurs conditions de travail, explique Yves Bolduc. Le cumul de postes est déjà monnaie courante. Avec le projet de loi, l’accroissement de leurs tâches sera insoutenable. »Un ministre qui n’est pas rassembleurYves Bolduc estime que le ministre Barrette sous-estime largement l’impact qu’aura la réforme qu’il propose. « Nous ne doutons aucunement de ses compétences médicales et de ses connaissances de ce milieu, mais il a une vision macroscopique des enjeux et il néglige des aspects plus précis, comme le volet social. »Le président de l’AGESSS a rencontré le ministre au cours des derniers mois. « Il nous a dit que nous formions une équipe. Or, je doute aujourd’hui que nous ayons la même définition du mot équipe. »

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