Produits dérivés (1re partie) - Gros plan sur les options

Les produits dérivés ne sont pas faits pour les amateurs ou les boursicoteurs de fin de semaine. Ils servent principalement à assurer une bonne gestion des risques, à offrir en quelque sorte une police d’assurance contre les aléas du marché.Utiliser ces produits pour faire de la spéculation n’est pas rentable et pourrait entraîner une catastrophe financière. La plupart du temps, ils sont donc utilisés par des experts dans le cadre d’activités financières d’entreprise. Il est utile de comprendre leur fonctionnement parce qu’on les voit régulièrement apparaître dans les rapports financiers de sociétés, souvent sans trop d’explications. Commençons cette présentation des produits dérivés les plus courants et de l’utilisation qui en est faite avec les options.Les optionsUne option confère à son détenteur le droit ou l’obligation d’acheter ou de vendre une action de la société sous-jacente à un prix fixé d’avance et avant une date limite également prédéterminée. On peut acheter ou vendre une option d’achat (call) ou une option de vente (put). L’acheteur d’une option se donne le droit d’acheter ou de vendre l’action, droit pour lequel il paie une prime (le coût de l’option). Pour tout acheteur, il faut un vendeur. Il y a donc un vendeur d’option qui lui s’engage à vendre ou à acheter une action au gré de l’acheteur, engagement pour lequel il reçoit une prime (le prix de l’option qu’il vend).Option d'achat et option de vente Prenons l’action de la Banque Nationale. En 2013, elle a augmenté d’environ 30 % pour atteindre 92,46 $ le 29 novembre 2013. Continuera-t-elle sur sa lancée ou a-t-elle au contraire atteint un sommet pour maintenant se mettre à descendre ? Si je crois que l’action va continuer à monter, je peux acheter une option d’achat à 92,00 $ (le prix de levée) 14 avril 2014 (la date d’échéance) pour 3,05 $ (la prime). Donc je ferai de l’argent seulement si au 14 avril 2014 l’action vaut plus que 95,05 $ (le prix plus la prime payée), mais je serai libre d’acheter l’action au prix de levée ou de simplement revendre mon option à sa valeur d’expiration. À l’inverse, si je crois que l’action va baisser, je pourrais acheter une option de vente à 94,00 $ 14 avril 2014, pour laquelle vente je paie une prime de 4,80 $. En avril 2014, si l’action a effectivement baissé, mon option aura gagné en valeur et me procurera ainsi une protection contre la baisse du titre. Par contre, si elle vaut plus que 94,00 $, mon option s’éteint sans valeur et ma perte se limite à la prime payée à l’achat.Au contraire, on peut également vendre une option de vente (on s’oblige alors à acheter une action à l’échéance en retour de la prime reçue) ou vendre une option d’achat (obligation de vendre l’action à un prix donné à l’échéance au gré de l’acheteur de l’option). La vente d’options comporte des risques évidents et qui peuvent être importants. Dans le cas de la vente d’une option de vente, on peut devoir acheter l’action à un prix de beaucoup supérieur à celui du marché, si l’action a baissé. Par contre, avec la vente d’une option d’achat, on s’expose à devoir vendre son titre à rabais si son prix au marché a monté et pire encore, à devoir l’acheter à un prix supérieur au prix de vente, si l’option n’est pas couverte par la détention de l’action sous-jacente dans son compte. On ne doit donc jamais faire une telle transaction sans déjà détenir l’action sous-jacente.Le choix de l’investisseur dépend donc de la rationnelle et de sa stratégie derrière la transaction. En général, on se servira des options comme mécanisme de protection sur la baisse d’un titre, en achetant par exemple une option de vente du titre à un prix donné ou, si on possède le titre dans son portefeuille, en vendant une option d’achat sur ce même titre à un prix donné. Ou au contraire, on peut miser sur l’augmentation du titre en achetant une option d’achat sur l’action. On peut même faire plusieurs types de transactions mixtes sur un titre, par exemple en achetant une option d’achat à un prix donné et en finançant l’achat par la vente d’une option d’achat sur le même sous-jacent et avec la même échéance, mais à un prix plus élevé (écart haussier sur options d’achat (ou bull call spread). Il existe ainsi plusieurs stratégies mixtes qui peuvent être fort complexes et demandent une connaissance approfondie du marché des options.Le prix de l’option reflète le prix de l’action sous-jacente par rapport au prix d’exercice (valeur intrinsèque) et la durée de l’option à son échéance (valeur temps). Mais elle intègre aussi une autre composante importante qui est la volatilité du titre sous-jacent : plus le titre est volatil, plus la valeur de ses options augmente. L’évaluation des options est établie selon un modèle d’évaluation mathématique fort complexe dit de « Black et Scholes ». En plus des options sur actions, il y a aussi des options sur les devises, les taux d’intérêts, les indices boursiers, les denrées et marchandises, comme l’or par exemple.Les options s’échangent par contrat chacun comprenant des droits sur 100 actions de la sous-jacente. Ainsi, 10 contrats d’options de l’action de Banque Nationale donnent le droit d’acheter (call) ou de vendre (put) 1000 (100 fois 10) actions. Comme l’achat d’une option d’achat donne le privilège, mais non l’obligation, de conclure la transaction, le risque est limité au prix payé à l’achat de l’option. Par contre, la vente d’une option peut-être beaucoup plus risquée, car elle crée une obligation. La vente d’une option de vente oblige le vendeur de l’option à acheter une action à un prix établi d’avance.Couvrir la transaction Si j’ai vendu une option de vente à 94,00 $ 14 avril 2014 et que l’action a craqué et qu’elle ne vaut plus que 80 $, je me retrouve dans l’obligation de l’acheter à 94 $ ou bien de racheter mon option qui vaudra à l’échéance 14 $ (94-80 $). À l’inverse, si j’ai vendu une option d’achat, je m’oblige à vendre des actions de la sous-jacente à un prix déterminé. Le risque ici peut être infini si je n’ai pas déjà ces actions dans mon portefeuille, car si je dois les vendre, je devrai obligatoirement les racheter à un prix supérieur. Il faut donc que cette transaction soit couverte (covered call writing), c’est-à-dire que l’on doit posséder les actions sous-jacentes à l’option si on fait une telle transaction.On doit user de beaucoup de prudence quand on échange des options. Il ne faut s’en servir que comme mécanisme de protection et non de spéculation et elles ne devraient pas avoir de place dans le portefeuille de l’investisseur moyen. Seuls les investisseurs aguerris et les professionnels devraient s’y risquer.

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