Près de 40 % des personnes atteintes de troubles mentaux ont visité l’urgence en 2014-2015

Près de 337 350 Québécois sur 865 000 ayant reçu un diagnostic de troubles mentaux ont fréquenté l’urgence en 2014-2015 et 77 % d’entre eux s’y sont présentés pour leur santé physique, dévoile l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans un rapport.Cela souligne «l’importance des maladies physiques concomitantes aux troubles mentaux chez ces personnes», indique l’INSPQ dans ce rapport de surveillance traçant un premier portrait de l’utilisation des services d’urgences des personnes atteintes de troubles mentaux (TM) au Québec à partir du Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ).«Contrairement aux patients sans TM, ceux avec des TM sont réputés plus fréquemment être aux prises avec des maladies physiques particulièrement chroniques, certaines d’entre elles causées par les effets secondaires de la médication», poursuivent les auteurs du document. La seconde raison des visites à l’urgence était les consultations pour troubles mentaux exclusivement (12 %).Une étude de l’INSPQ publiée dans le Canadian Medical Association Journal en juillet dernier avait déjà révélé que les patients atteints à la fois de maladies physiques et de troubles mentaux se rendent plus souvent à l’urgence que ceux atteints de plusieurs maladies physiques ou même de plusieurs maladies mentales seules.Plus de jours à l’urgencePrès de deux fois plus de personnes ayant des TM ont visité les urgences ou ont été hospitalisées comparativement à celles sans troubles mentaux. Et, elles y restent plus souvent. En effet, 3 % des patients avec des TM ont eu une hospitalisation de plus de 30 jours en 2014-2015 comparativement à 0,3% chez les personnes sans TM.Lorsque ces patients quittent l’urgence, 33 % y reviennent à l’intérieur de 30 jours. Selon l’INSPQ, ce taux est «fort élevé et questionne les avancées quant à la qualité des services dispensés pour les patients ayant des TM».Utilisateurs récurrentsPlus de 16 % de ces patients étaient de «grands utilisateurs» avec entre 4 et 11 visites par année, alors que 1 % étaient de très grands utilisateurs avec 12 visites et plus par année.Selon l’INSPQ, ces deux catégories ont constitué près de la moitié du volume des visites aux urgences et des hospitalisations. «Outre les lacunes dans la prise en charge des patients, la sévérité des profils des patients ainsi que la chronicité des problèmes expliquent la récurrence de l’utilisation de l’urgence», soulignent les auteurs, ajoutant que le phénomène des «grands utilisateurs» d’urgence est identifié comme un problème majeur depuis de nombreuses années.Soulignons que 22 % des personnes souffrant de TM étaient aussi des utilisateurs récurrents des urgences sur trois ou cinq années consécutives.Légère baisse des visitesDepuis 2000, l’utilisation de l’urgence chez les patients atteints de troubles mentaux a enregistré une modeste diminution de 1 %. Les études canadiennes et nord-américaines rapportent pourtant une augmentation de l’utilisation de l’urgence, note l’INSPQ.Cette situation s’explique par des différences méthodologiques. Le rapport de l’INSPQ inclut des patients diagnostiqués avec des troubles mentaux alors que les autres études incluent notamment les patients n’ayant pas de diagnostic de troubles mentaux, mais se présentant à l’urgence pour des raisons de santé mentale.Plus utilisée en régionAu Québec, l’utilisation de l’urgence la plus élevée se retrouve dans les milieux ruraux et décline graduellement à mesure que la densité de la population augmente.La différence relative de l’utilisation de l’urgence par rapport à la région de Montréal est plus élevée de respectivement 31 % dans les milieux ruraux et de 25 % dans les milieux semi-ruraux.«En raison des services de santé mentale moins nombreux […] l’urgence peut ainsi représenter une voie d’accès privilégiée aux soins dans ces milieux pouvant ici agir comme une clinique sans rendez-vous», souligne le rapport.L’urgence pour résoudre les problèmesPrès de 4 personnes sur 10 aux prises avec des troubles mentaux (37 %) ont consulté les services médicaux ambulatoires à une semaine de leur visite à l’urgence. Chez les personnes sans troubles mentaux, cette proportion était de 25 %.«L’urgence semble ainsi être la voie privilégiée à la résolution de problèmes de santé perçus comme urgents à traiter pour une majorité de personnes», mentionne le rapport.

Près de 40 % des personnes atteintes de troubles mentaux ont visité l’urgence en 2014-2015

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