Première mondiale : un bébé né d'une femme sans ovaires

Les Drs Robert Hemmings et Jacques Kadoch. Deux médecins de la Clinique de fertilité OVO de Montréal ont permis pour la première fois à une patiente née sans ovaires de donner naissance à un petit garçon. Cette première mondiale en matière de fécondation in vitro (FIV) est le résultat du transfert d’un ovule fécondé en laboratoire provenant, dans ce cas-ci, de la sœur de la patiente. L’embryon implanté s’est adapté au cycle naturel de la mère et s’est développé normalement. Cette nouvelle méthode – le traitement par don d’ovule en cycle naturel – exclut l’administration d’hormones pour la stimulation des ovaires. Elle est donc plus douce pour la donneuse. Cette petite révolution dans le domaine de la FIV a fait le bonheur de Manon Ladouceur, 41 ans, qui a pu connaître les joies de la grossesse. L’intervention, effectuée sous la supervision du Dr Jacques Kadoch, gynécologue-obstétricien au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), ainsi que du Dr Robert Hemmings, gynécologue-obstétricien et professeur adjoint au département d’obstétrique-gynécologie de l’Université McGill, constitue une percée scientifique importante. Elle permet aux deux médecins d’offrir plus de possibilités aux couples infertiles. Selon le Dr Kadoch, cette première pourrait encourager davantage de femmes à prendre en considération le don d’ovules. « Comme le traitement n’implique pas les effets secondaires liés à la stimulation hormonale, plus de femmes pourraient envisager le don d’ovules. De plus, il exclut le risque de grossesses multiples, à l’exception des grossesses monozygotes. » La méthode a aussi comme avantage de réduire les frais liés à l’intervention et à la médication. Le Dr Hemmings évalue son coût à 5000 $. En comparaison, le traitement in vitro classique coûte environ 8000 $ pour l’intervention et jusqu’à 4000 $ en médicaments. Le Dr Kadoch espère que cette nouvelle méthode jouera un rôle déterminant sur le nombre de fécondations in vitro réalisées en clinique. « Il y a une inéquation très évidente entre le nombre de donneuses potentielles et la demande. Cette nouvelle percée pourrait permettre d’y remédier. » Actuellement, le nombre de fécondation in vitro au Québec est limité à environ 1500 par année en raison du nombre restreint de donneuses. Le Dr Hemmings ajoute que le processus nécessite un minimum d’interventions médicales, un avantage considérable comparativement à la fécondation in vitro classique. « Le traitement hormonal normalement utilisé représente un danger réel pour la donneuse, qui peut souffrir d’hyperstimulation ovarienne. Avec cette nouvelle méthode, ces risques sont évités. » Dans ce cas-ci, la donneuse a reçu un traitement hormonal de deux jours pour contrôler son cycle et éviter que l’ovaire n’arrive à terme prématurément. L’utérus de la mère avait été synchronisé au préalable avec le cycle ovulatoire de la donneuse. L’endomètre était prêt à accueillir l’embryon qui allait devenir neuf mois plus tard un petit miracle pour les deux parents. Le Dr Kadoch estime que les chances de succès de l’intervention étaient suffisamment intéressantes pour la réaliser, soit de 31,5 % pour une femme de moins de 35 ans. « Les résultats des FIV se sont grandement améliorés ces dernières années; c’est pour ça que nous avons décidé de procéder à cette nouvelle application », explique-t-il. En assurant la promotion de cette méthode, les deux médecins espèrent que plus de femmes se porteront volontaires pour faire don d’ovules et qu’ils contribueront au bonheur de plusieurs autres petites familles.

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