Pourquoi j'ai cessé de vendre de l'homéopathie dans ma pharmacie

Il y a quatre ans, après des semaines de réflexion, j'ai pris une décision qui s'est révélée être la meilleure chose que j'ai faite professionnellement à date: j'ai retiré toutes les boissons sucrées de ma pharmacie à Baddeck, en Nouvelle-Écosse.Cela a été une expérience révélatrice pour moi. Après 21 ans en tant que pharmacien, j'ai été le témoin direct du pouvoir qu'a un pharmacien d'éduquer le public sur un sujet important. Une exposition nationale, de multiples entrevues avec les médias, d'innombrables interactions avec les patients, une étude de suivi de l'Université de Waterloo sur les répercussions - c'était une campagne éducative allant bien au-delà de ce à quoi je m'attendais.Je me suis souvent demandé sur quoi je me pencherais si je devais refaire quelque chose comme ça. Je devrais être prudent afin de ne pas perdre l'attention du public. Même si j'avais des convictions sur diverses questions relatives à la pharmacie, j'ignorais quoi choisir.Puis au cours de la dernière année, j'ai commencé à noter le sentiment grandissant concernant le manque d'efficacité des produits homéopathiques. C'était un sujet sur lequel j'avais un avis tranché, comme la plupart des pharmaciens, mais je continuais à les vendre malgré tout. Je les vendais principalement (me disais-je) pour répondre à la demande des consommateurs. Les patients pensaient que ces produits fonctionnaient, après tout. Mais plus j'y pensais, plus j'étais mal à l'aise avec le fait de prendre l'argent de quelqu'un pour quelque chose que je savais ne pas fonctionner et qui ne contenait pas d'ingrédients actifs.Ce n'est pas un sujet où les études font défaut. Il y en a plein. Quelques études de moindre qualité suggèrent que l'homéopathie peut être efficace, mais quand commence à les éplucher, le tableau devient plus clair: il n'y a aucune preuve que l'homéopathie fonctionne.Après avoir décidé de retirer ces produits de mes étagères, j'ai commencé à recevoir des appels des médias. Voici certaines des questions les plus fréquentes qui m'ont été posées alors:1. Vous avez mentionné que les traitements homéopathiques sont potentiellement dangereux. Comment cela?Moi: Cela peut devenir dangereux quand les gens renoncent à consulter leur médecin ou à prendre un traitement avec des médicaments efficaces. Cela pourrait faire en sorte qu'un problème médical s'aggrave. 2. Quels types de produits offriez-vous et quels étaient leurs allégations?Moi: Certains produits étaient destinés à la dentition des bébés, au retrait de la cire d'oreille, au soulagement des yeux rouges et de l'orgelet. La plupart étaient pour soulager la toux, le rhume et la grippe. Ils prétendaient réduire la durée des symptômes de la grippe, des douleurs musculaires, de la fièvre et des frissons. Ils prétendaient également apaiser la toux sèche et la gorge irritée, soulager la congestion et les maux de tête. 3. Comment se fait-il que ces revendications sont autorisées sans preuve?Moi: À vrai dire, de nombreux médicaments de vente libre font des allégations sans preuve. Le niveau de preuve exigé n'est pas le même que pour les médicaments d'ordonnance. J'ai beaucoup écrit à ce sujet. Le problème que j'ai avec les produits homéopathiques, c'est qu'il y a tellement de dilution de l'ingrédient initial que rien n'est vraiment présent dans le produit final. Santé Canada ne semble pas mettre l'accent sur l'efficacité des produits, malheureusement. 4. Qu'est-ce qui vous a poussé à ôter ces produits de vos étagères?Moi: Au cours de la dernière année, j'ai eu du mal avec le fait que des gens entrent dans ma pharmacie et achètent des produits dont on sait qu'ils ne fonctionnent pas. Cela, combiné avec le sentiment croissant qu'il n'est pas étique de vendre les produits homéopathiques, m'a finalement convaincu d'arrêter de les proposer. Une campagne éducative soigneusement pensée peut offrir un certain pouvoir. Cela permet de démarquer votre pharmacie comme un magasin qui est prêt à prendre des risques en affaires.En tant que pharmacien, vous êtes un professionnel de la santé. Lorsque vous avez obtenu votre diplôme, vos précepteurs vous ont poussé à faire du monde un endroit plus sain. Nous devons réaliser que nous avons une plateforme privilégiée pour avoir un impact positif sur la santé de milliers de personnes, et ouvrir une discussion sur tout ce qui vous semble important (même si cela peut se traduire par une perte de revenus). Un mot d'avertissement néanmoins: évitez de suggérer que toutes les pharmacies doivent suivre votre exemple afin de ne pas aliéner vos pairs. Tout le monde a son propre plan d'affaires et c'est correct qu'ils n'aient pas le même que le vôtre.Graham MacKenzie est pharmacien à Baddeck, en Nouvelle-Écosse, et diplômé du Dalhousie College of Pharmacy.Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de ProfessionSanté.ca ou d'EnsembleIQ.

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