Pour un retour à une direction locale dans les hôpitaux

Dans un communiqué publié le 20 juillet, le Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation des soins de santé (RQMDSS) réclame une décentralisation de la gestion, alléguant que l'hypercentralisation «nuit depuis longtemps aux soins de santé et encore plus en temps de COVID.» Le regroupement demande ainsi au ministre de la Santé et des Services sociaux de nommer un directeur général (DG) adjoint responsable et autonome dans chaque hôpital, comme il l’a fait pour les CHSLD au cours des derniers mois. «L’absence de gestionnaire sur place amène un flou administratif et une grande perte de temps et d'efficacité. Nous avons besoin d’un système de santé flexible qui peut s’adapter rapidement. L’agilité et la rapidité dans la prise de décision sont essentielles, particulièrement en temps de crise. Le gouvernement a d’ailleurs compris que le manque de gestion locale dans les CHSLD avait causé des problèmes», souligne la Dre Isabelle Lepage, omnipraticienne aux soins intensifs à l'hôpital Fleury et à l'urgence de l'hôpital du Sacré-Cœur. La vice-présidente du RQMDSS ajoute que les directions centralisées dans les centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) et leurs pendants universitaires (CIUSSS) sont «déconnectées» et trop occupées pour se préoccuper des particularités de chacun des milieux. «C’est reconnu que la gestion de proximité est plus efficiente et plus adaptée. Par exemple, devant un manque criant d’infirmières et de préposés, un chef d’unité ou une direction qui peut prendre une décision a plus de flexibilité pour mettre en place des solutions et encourager les initiatives», ajoute la Dre Lepage. «C’est également un excellent moyen de valoriser l’engagement et le sentiment d’appartenance du personnel, ce qui devrait inexorablement en augmenter le taux de rétention», peut-on lire dans le communiqué du regroupement. Ce dernier souhaite également le retour d’une Direction des services professionnels (DSP) locale qui serait au fait des besoins de l’établissement et qui pourrait le représenter à son centre intégré de santé et de services sociaux, notamment lors de l’attribution des budgets ou le recrutement de spécialistes. Elle donne l’exemple de son CIUSSS qui demande aux spécialistes de posséder un fellowship, alors qu’une telle compétence n’est pas nécessaire pour exercer dans un hôpital communautaire comme le sien. «Le défi n’est pas à la hauteur, alors cela nuit au recrutement et à l’accessibilité des services. Cela fait en sorte que nos patients sont parfois obligés de se déplacer dans un établissement situé à trois ou quatre autobus de leur domicile pour obtenir des soins.» Le RQMDSS estime que les hôpitaux devraient aussi être dotés d’un conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) local, afin de protéger la qualité des soins, ainsi que d’une table locale des chefs de département et de service opérationnelle et décisionnelle pour adapter l’offre de soins aux besoins particuliers de la population desservie par chaque établissement. Le regroupement a mis en ligne un site internet et invite la population et les professionnels de la santé à l'appuyer dans ses démarches. Il espère obtenir une rencontre avec le ministre de la Santé, Christian Dubé.

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