Pour en finir avec l’opposition entre les IPS et les médecins!

Dans un texte intitulé «Le moment de vérité pour la médecine familiale au Québec», publié le 30 janvier dans ProfessionSanté.ca, les médecins Geneviève Dechêne et Suzanne Lebel livraient un plaidoyer aussi virulent que surprenant contre les responsabilités accrues qui seront bientôt attribuées aux infirmières praticiennes spécialisées en soins de 1re ligne (IPSPL). Elles ciblaient particulièrement celles œuvrant dans les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), allant jusqu’à affirmer que «la sécurité des patients» serait compromise advenant l’abolition des listes de médicaments pouvant être prescrits par les IPSPL.Le texte a évidemment suscité de vives réactions parmi les IPS qui, partout au Québec, travaillent sans relâche à améliorer la qualité et l’accessibilité de nos soins de santé. Il a également fait bondir de nombreux médecins, chercheurs, universitaires et collaborateurs qui, heureusement, et ce, en forte majorité, ne partagent pas l’avis de mesdames Dechêne et Lebel. En tant que présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ), je tiens donc aujourd’hui à apporter certaines précisions qui s’imposent.D’emblée, il nous apparaît tout à fait inacceptable de laisser entendre qu’une décision prise par le Collège des médecins du Québec (CMQ) et l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ), après de longues et sérieuses réflexions, aurait pour effet de compromettre «la sécurité des patients». Cette affirmation sans fondement est lourde de sens. En plus d’inquiéter inutilement les patients et de miner la confiance du public à l’égard de notre profession, elle remet en doute la rigueur de nos ordres professionnels, de notre formation universitaire hautement distinctive, et la compétence de centaines d’IPS à travers le Québec.Ces propos sont d’autant plus condamnables qu’ils ne passent pas le test de la réalité. Les données probantes – notamment les études récemment publiées par la chercheuse québécoise Kelley Kilpatrick – ont confirmé l’effet positif de la contribution des IPSPL dans les centres d’hébergement de soins de longue durée au Québec. De plus, la recherche démontre que l’apport des IPS est encore plus grand lorsque celles-ci travaillent en collaboration avec les médecins et l’équipe soignante et qu’elles bénéficient d’une autonomie décisionnelle à la hauteur de leur formation et de leurs compétences.Bref, les décisions du CMQ et de l’OIIQ s’appuient sur des données éprouvées. Bien que l’IPS du Québec ne puisse légalement émettre des diagnostics, sa formation l’amène à évaluer avec rigueur l’état de santé de la personne en émettant une série d’hypothèses diagnostiques qui guideront ensuite ses interventions. Rien n’est laissé au hasard!Mesdames Dechêne et Lebel ont raison sur un point : « Nos politiciens n’hésitent pas à vanter les compétences effectives des IPS depuis deux ans.» Basés sur les données probantes, de pair avec un vaste consensus de la population, nos élus emboîtent le pas. Plus que jamais, les Québécoises et les Québécois s’attendent à ce que tous les professionnels de la santé mettent de côté leurs intérêts corporatistes et travaillent en collaboration, au service des patients, qui sont notre priorité! Avec raison, les gens souhaitent que les IPS du Québec, qui possèdent la formation d’infirmière praticienne la plus poussée au Canada, bénéficient d’une autonomie à la hauteur de leurs compétences, toutes spécialités confondues (cardiologie, néphrologie, néonatalogie et première ligne).Heureusement, la plupart des médecins que nous côtoyons au quotidien sur le terrain sont du même avis. Nos médecins partenaires savent que les IPS ne sont pas là pour prendre leur place. Les IPS sont là pour prendre la place qui leur revient, tout simplement!Il est franchement dommage que des professionnelles qualifiées et respectées comme mesdames Dechêne et Lebel s’entêtent à opposer les corps professionnels les uns aux autres, au lieu de miser sur la collaboration et le dialogue. Il est triste qu’elles refusent de voir que tous les professionnels de la santé, sans exception, sont aussi «héroïques» les uns que les autres. Christine LalibertéPrésidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québecwww.aipsq.com

Pour en finir avec l’opposition entre les IPS et les médecins!

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