Polypharmacie: les aînés consomment toujours plus de médicaments, mais la tendance est à la stabilité selon l’INSPQ

Entre 2000 et 2022, la prévalence de la polypharmacie constituée d’au moins cinq médicaments différents par an pour une même personne a augmenté chez les Québécois âgés de 65 ans et plus. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de surveillance1 de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publié en ligne le 7 juillet dernier. Cette étude populationnelle a été réalisée à partir des données disponibles dans le Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ), et constitue une mise à jour du précédent portrait datant de 2016.«Globalement, la prévalence de la polypharmacie s’est accrue pendant la période à l’étude, principalement de 2000 à 2011», indique le rapport. Dans le détail, la prévalence de la polypharmacie composée d’au moins cinq médicaments (5+) est passée de 60% en 2000 à 72% en 2011, demeurant stable jusqu’en 2019. Une légère baisse a ensuite été observée pendant la pandémie, suivie par une nouvelle hausse. La proportion des 65 ans et plus présentant une polypharmacie 5+ s’est établie à 69,3% en 2022.À lire aussi: Pharmacothérapies chez les aînés: faits saillantsDe son côté, la prévalence de la polypharmacie composée d’au moins dix médicaments (10+) est passée de 24,2% à 34,4% entre 2000 et 2022, et celle d’au moins quinze médicaments (15+) de 7,7% à 13,6%. Le nombre moyen ajusté de médicaments par personne a également connu une hausse durant la période étudiée, passant de 6,6 à 8,1 médicaments réclamés chaque année. Selon les données de l’INSPQ, les femmes de 65 ans et plus avaient une prévalence de polypharmacie 5+, 10+ et 15+ plus élevée que les hommes du même âge sur la même période. Mais l’écart entre les deux sexes tend à diminuer avec les années. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces constats: Le vieillissement de la population, qui s’accompagne d’une augmentation de la prévalence de maladies chroniques pour lesquelles des médicaments sont utilisésL’amélioration de la prise en charge de nombreuses maladies, permettant aux personnes de vivre plus longtempsDe nouvelles classes de médicaments mises en marché pour traiter différentes maladies chroniques (diabète, maladie pulmonaire obstructive chronique, insuffisance cardiaque, maladies cardiovasculaires), rendant plus fréquentes les combinaisons de traitements pharmacologiques pour atteindre les cibles thérapeutiques. L’INSPQ souligne toutefois les efforts de déprescription de médicaments potentiellement inappropriés réalisés ces dernières années, notamment concernant les benzodiazépines, ainsi que l’essor des traitements individualisés, qui ont permis de stabiliser l’augmentation du recours à la polypharmacie. Les femmes âgées et les personnes diabétiques davantage concernées en 2022Pour la seule année 2022, les femmes, les personnes de 85 ans et plus, et celles composant avec une plus grande défavorisation matérielle ou sociale étaient plus susceptibles d’être polymédicamentées.Les chercheurs de l’Institut ont observé une croissance constante de la polypharmacie corrélée à l’âge. Ainsi, 56,6% des 65-69 ans, 66,9% des 70-74 ans, 75,0% des 75-79 ans, 81,2% des 80-84 ans et 85,6% des 85 ans et plus ont utilisé au moins cinq médicaments différents. Pour la polypharmacie 10+, la prévalence passait de 23,1%, chez les 65-69 ans à 51,9% chez les 85 ans et plus, alors que la prévalence de polypharmacie 15+ passait de 8,4%, à 21,8% pour ces mêmes groupes d’âge. Sur cette même année, la proportion de femmes avec une polypharmacie était plus élevée que la proportion d’hommes, et ce pour les trois types de polypharmacie étudiés. 71,2% des femmes de 65 ans et plus ont utilisé au moins cinq médicaments en 2022, contre 67,2% des hommes du même âge. Pour la polypharmacie 10+, les prévalences étaient respectivement de 35,6% et 33,0%. La différence absolue entre les deux sexes diminuait pour la polypharmacie 15+, où la prévalence s’élevait à 14,2% chez les femmes et à 12,9% chez les hommes. Par ailleurs, plus les aînés avançaient en âge, moins la différence entre les sexes était importante, les femmes de 85 ans et plus présentant toutefois la proportion de polypharmacie la plus élevée.À lire aussi: Les aînés prendraient encore trop de médicaments potentiellement inappropriésEn outre, le rapport de l’INSPQ souligne que les personnes âgées atteintes de multimorbidités étaient plus à même de suivre un traitement polypharmaceutique. Ainsi, en 2022, la polypharmacie 5+, 10+ et 15+ étaient plus importantes chez les individus avec un diagnostic de diabète, de maladies cardiovasculaires, d’Alzheimer et autres démences, ainsi que de maladies respiratoires. Enfin, la prévalence de la polypharmacie chez les personnes âgées en 2022 variait aussi selon la région sociosanitaire. Après ajustement pour l’âge, les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine étaient celles présentant les plus grandes prévalences de polypharmacie, quel que soit le nombre de médicaments.Les régions de l’Outaouais et de Montréal sont celles où la prévalence de la polypharmacie était la plus faible, suivie par celles de l’Estrie et de Laval. Référence: Sirois C, Simard M, Boiteau V. Vieillissement en santé: Portrait de la polypharmacie chez les personnes aînées au Québec de 2000 à 2022. Surveillance des maladies chroniques. Institut national de la santé publique du Québec. Mai 2025. Disponible: www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/3691-polypharmacie-personnes-aînees-qc-2000-2022.pdf. [consulté le 8 juillet 2025]

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