Phase 2 de l’initiative sur la maladie d’Alzheimer: les GMF et la première ligne mis à contribution

Plus de 100 000 Québécois sont atteints d’une démence de type d’Alzheimer et on estime qu’en 2030, ce nombre pourrait s’élever à près de 180 000.Plus de 100 000 Québécois souffrent d’une démence de type Alzheimer et selon les projections, 45 000 nouveaux cas par année pourraient s'ajouter à compter de 2030. Le défi s’annonce énorme pour le système de santé et le milieu médical. Tous les GMF de la province et la première ligne seront mis à contribution dans la prise en charge et le suivi de ces dizaines de milliers de patients, mais ils ne seront pas seuls dans cette entreprise si l’on se fie aux intentions exprimées par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dans son Guide de mise en œuvre des meilleures pratiques cliniques et organisationnelles pour la maladie d’Alzheimer qui vient d’être publié.Les GMF doivent adopter un processus clinique interdisciplinaire pour faire face à ce défi qui s’annonce d’ores et déjà énorme. En retour, ils disposeront de budgets dédiés à cette maladie qui proviendront des CIUSSS et des CISSS, ils auront accès à des ressources territoriales en soins infirmiers et bénéficieront d’un mentorat des Réseau universitaire intégré de santé (RUIS), indique-t-on dans ce Guide qui est maintenant en ligne sur le site du MSSS.La stratégie mise de l’avant par le ministère est axée sur les services requis par les personnes en fonction de la progression de leur maladie. Ces services doivent être conçus «autour de la réponse aux besoins des personnes atteintes et de leurs proches, suivant les différents stades de la maladie, et non pas autour des structures ou des établissements», précise le document du ministère. Les GMF seront sollicités à tous les stades de la maladie (dépistage, diagnostic, stade modéré et stade avancé). Néanmoins ils disposeront de l’appui de services spécifiques et spécialisés aux niveaux les plus avancés.Première phase terminéeLe MSSS se prépare depuis une décennie à la multiplication des cas d’Alzheimer et autres troubles neurocognitifs majeurs. Le ministère s’est appuyé sur six objectifs définis par un groupe d’experts dirigés par le Dr Howard Berman pour élaborer son Initiative ministérielle sur la maladie d’Alzheimer qui représente toujours le fer de lance de sa politique dix ans plus tard.Lors d’une première phase de travaux, 19 projets pilotes d’une durée de 24 mois ont été menés dans 40 GMF à traves la province. Dans la vaste majorité des cas, les projets ont misé sur deux volets: le tandem médecin-infirmière et le rehaussement des compétences des médecins et des professionnels des GMF vis-à-vis de l’Alzheimer.Ces 19 projets ont permis d’élaborer le Guide de mise en œuvre des meilleures pratiques cliniques et organisationnelles sur lequel repose la deuxième phase du plan d’action d’une durée de trois ans mis en marche par le ministère. Ces pratiques seront communiquées à tous les GMF, les CISSS et les CIUSSS, puis à l’ensemble de la première ligne. Lors de cette phase 2, on vise aussi à renforcer la capacité des médecins et des professionnels à repérer, évaluer, diagnostiquer, traiter et suivre le patient atteint de la maladie d’Alzheimer ou d’un autre trouble cognitif majeur.Processus clinique interdisciplinaireEn substance, la politique du ministère vise à rehausser l’accessibilité des patients atteints d’Alzheimer et autres maladies de la démence aux médecins de famille à l’intérieur d’un processus clinique interdisciplinaire. Chaque GMF devra s’assurer de la présence d’au moins un médecin désigné «leader» ayant un intérêt ou des connaissances et des compétences dans la gestion des troubles cognitifs et qui agira à titre d’agent de changement. Il sera accompagné dans cette démarche par une infirmière ou un travailleur social qui l’appuiera pour accompagner le personnel et autres médecins dans les changements que nécessite cette orientation.Lire la suite en page 2Pour les soutenir dans la prise en charge et le suivi de ces patients, les médecins de famille auront aussi accès à des documents de référence et des outils de formation produits au cours de la première phase, dont le Processus clinique interdisciplinaire en première ligne qui est accessible sur le site du MSSS. Pour les cas complexes, les omnipraticiens auront le soutien des cliniques de la mémoire et des équipes ambulatoires de gestion des symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD).Quelques conditions gagnantesLa stratégie du ministère vis-à-vis de la maladie d’Alzheimer repose sur 12 conditions jugées gagnantes lors de la phase des projets pilotes. Parmi elles, on note le soutien du médecin responsable du GMF face à cette orientation et l’engagement de l’ensemble des médecins et professionnels de la clinique.Les GMF qui n’ont pas participé à la première phase devront mettre en place de manière progressive les meilleures pratiques déterminées par le ministère. De leur côté, les CISSS et CIUSSS ont pour tâche d’assumer la planification de la diffusion, l’adoption et l’application des meilleures pratiques. Le MSSS leur suggère de favoriser la désignation d’infirmières spécialisées en troubles neurocognitifs qui auront notamment pour tâche de former les médecins et professionnels des GMF d’un territoire.Pas d’organisation de services propres à la maladie d’AlzheimerLa stratégie de soins et d’intervention, indique le ministère, doit s’intégrer de façon optimale aux structures existantes sans chercher à développer une organisation des soins propres à la maladie d’Alzheimer. Elle doit se faire dans le continuum de soins offerts aux personnes âgées en perte d’autonomie en s’inspirant du modèle de gestion des maladies chroniques. Toutes les interventions cliniques devront s’appuyer sur les meilleures pratiques, la recherche et les consensus d’experts.Budget récurrent, mais pas d’embauche de personnelLe ministère prévoit un budget récurrent dédié à la maladie d’Alzheimer qui devra être affecté en priorité à la première ligne, mais les sommes ne seront pas versées aux GMF directement. Elles seront gérées par les CISSS et des CIUSSS, qui deviennent les maîtres-d’œuvre de la phase 2. Ce budget ne devrait pas servir à l’embauche de personnel en soins directs à la clientèle, prévient le MSSS. Il devra être utilisé pour outiller et former les médecins et les professionnels des GMF et soutenir l’application et le maintien des meilleures pratiques.

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