Pharmacie: quelles nouvelles activités cliniques n’avez-vous pas encore intégrées à votre pratique?

«Aucune!»Yann Gosselin-Gaudreault, copropriétaire d’une pharmacie Familiprix à AlmaJ’aime tout faire autant que possible! Je n'ai donc aucune nouvelle activité à intégrer. Toutefois, j’aimerais renforcer la prise en charge de la santé sexuelle, avec la PrEP, l’IVG… Nous n’avons pas encore trouvé l’opportunité ou de corridor de service, pour pouvoir réaliser nous-mêmes le traitement accéléré des partenaires sans passer par le médecin, par exemple. Il y a un enjeu réglementaire qui va probablement tomber dans les prochains mois, ce qui est une excellente nouvelle. Le fait que je ne sois pas légalement ni administrativement habilité ne m’a pas empêché de le faire, mais j'ai une étape supplémentaire. Je suis certain que toutes les nouvelles activités prévues par le PL67 trouveront leur place dans la pharmacie, l’important est de bien structurer la façon dont on va offrir le service, avec une bonne prise de rendez-vous et une gestion des horaires adéquate. Nous sommes tous prêts sur le plan cognitif, mais l'organisation reste pour moi le plus grand défi de ces nouvelles activités. J'attends de voir comment le gouvernement va faciliter cet atterrissage, comment l’Association des pharmaciens propriétaires (AQPP) va négocier, et comment l’Association des bannières et chaînes de pharmacies du Québec (ABCPQ) va déployer ça dans l’ensemble des pharmacies.«Les prélèvements dans le pharynx»Karine Arpin, pharmacienne propriétaire à LachineLe seul nouvel acte ajouté à l'article 17 de la loi sur la pharmacie en mars 2020 que mon équipe et moi n’utilisons pas est la réalisation de prélèvements en introduisant un instrument dans le pharynx pour les infections à streptocoque. Bien que cette activité clinique soit très pertinente et utile pour soulager la pression exercée sur le système de santé lors des dernières saisons des virus respiratoires, j’estime qu’elle représente une œuvre inachevée et n'a pas de sens.Je ne connais pas les détails de l’histoire, mais j’imagine que les ordres professionnels ne se sont pas entendus pour que cette nouvelle activité soit complétée par un règlement permettant aussi aux pharmaciens de prescrire l’antibiothérapie indiquée en vertu de la présentation clinique du mal de gorge et du résultat du Strep-test. Notez que j’aurais pu trouver un signataire pour obtenir une ordonnance collective, comme ça s’est fait en Montérégie ou dans l’est de Montréal, mais l’absence d’une entente de rémunération entre l’AQPP et la RAMQ ne m’a pas motivée à le faire. Je trouve injuste qu’un patient ait à payer en pharmacie pour un acte dont il peut bénéficier sans frais en GMF ou à l’hôpital, d'autant que je pratique dans un milieu défavorisé.«Encore trop de barrières pour initier des traitements»Raphaël Gagnon-Paradis, pharmacien propriétaire à ChicoutimiJe considère être en mesure de pratiquer toutes les nouvelles activités et mon milieu est en mesure de répondre à toutes les demandes en ce sens, pour le bénéfice de nos patients. Ce qui limite souvent leur exercice est davantage lié aux barrières clinico-administratives, notamment en matière d’amorce de traitement pour des problèmes de santé courants et la gestion des maladies chroniques. Il faut continuer de miser sur une plus grande autonomie professionnelle pour les pharmaciens. Si on plaçait toujours mon jugement professionnel au cœur de la décision d’exercer ou non l’acte sans les restrictions actuelles, il est clair que je pourrais aider plus de patients sans pour autant les mettre à risque. On ne se cachera pas non plus que la rentabilité opérationnelle de certaines activités est modeste, voire difficile à atteindre. Il faut donc continuer de soutenir financièrement la prestation des nouvelles activités pour étendre leur portée. Cela permettra aux pharmaciens propriétaires d’investir dans leur offre de soins pharmaceutiques en adaptant leur milieu et leurs équipes aux réalités de ce champ de pratique qui prend de plus en plus d’ampleur.«La pratique en GMF est avancée, mais le temps manque»Anne Maheu, pharmacienne au GMF-U Bordeaux-Cartierville du CIUSSS Nord-de-l'île-de-MontréalNotre pratique en GMF est assez avancée, ce qui nous permet d’être autonomes dans nos interventions, que ce soit l’ajout de médicament, l’ajustement ou la cessation, ce sont vraiment les ententes de pratique avancée en partenariat (EPAP). Il y a donc peu d’activités cliniques que nous n’ayons pas intégrées. Ce qui nous limite beaucoup est le temps, car le montant d’heures de base allouées par le Ministère n’est pas assez élevé. On veut bonifier ce temps-là. Quand un médecin vous réfère un dossier, mais que vous ne pouvez pas le traiter avant six semaines et qu’il en a besoin maintenant, c’est compliqué. Or, plus les pharmaciens seront présents en GMF, plus on pourra avoir de liens avec les médecins et effectuer de prises en charge, et plus les médecins et les infirmières vont se tourner vers nous. Avec les ordonnances individuelles d’ajustement (OIA), la tendance est de déléguer la pharmacothérapie simple aux infirmières, mais le but est que l’ajustement soit fait par le pharmacien GMF ou communautaire, afin que l’infirmière retourne à des activités plus cliniques. Beaucoup d’OIA sont en cours pour dégager du temps aux médecins. Et souvent les infirmières se retrouvent bloquées et se tournent vers leur pharmacien qui ajoute et qui ajuste. À vous la parole!Et vous? Quelles activités cliniques n'avez-vous pas encore intégrées à votre pratique, et pourquoi? Partagez-le en commentaire.

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