Pharmacie: la confiance et l’éthique constituent notre seule monnaie d’échange

Plus jeune, j'étais une vraie «dure à cuire».Il y avait très peu de règles que je n’enfreignais pas et je faisais à peu près tout ce que je voulais. En cours de route, alors que j'étudiais pour devenir technicienne en pharmacie, j’ai effectué un virage à 180 degrés. Aujourd’hui, je me fie aux règles et aux règlements pour guider ma pratique. Je suis, comme mon patron me l’a dit, «trop rigide» et, bien que je puisse probablement faire preuve d’une certaine souplesse dans mon travail, je trouve extrêmement difficile de sortir des sentiers battus, même lorsque je devrais le faire. Inutile de dire que cela me rend folle lorsque d’autres font preuve de mépris envers les règles qui régissent notre pratique. Et j’ai récemment découvert une pharmacie communautaire qui fait exactement cela. Elle dévalorise les patients, l’éthique et les règlements provinciaux au bénéfice de profits potentiels. Imaginez ma surprise lorsque j’ai vu leur publicité pour des vitamines, des suppléments, des brosses à dents, du dentifrice et du papier hygiénique gratuits. L'annonce laisse entendre que cela s’adresse uniquement aux patients sur piluliers. De toute évidence, le bon sens les a empêchés de l’affirmer ouvertement, car il s’agit d’une violation incontestable des règles enseignées à l’école de pharmacie, mais le message est indéniable. En outre, ils annoncent qu’ils administrent divers vaccins et injections et qu’ils renouvellent les ordonnances «gratuitement». Je soupçonne que leur objectif est d’augmenter leur volume de prescriptions dans l’espoir d’accroître leur marge bénéficiaire. À lire aussi: Bataille du GAP: les pharmaciens en feront-ils les frais?Je comprends tout à fait la nécessité d’attirer de nouveaux clients, mais les pharmacies qui le font à n’importe quel prix ne se rendent pas service et ne rendent pas service à la profession. Comment pouvons-nous espérer que les patients apprécient les services que nous fournissons, et le niveau de connaissances que ces derniers requièrent, alors que certaines officines les offrent «gratuitement»? Les équipes de pharmacie se surpassent régulièrement pour les patients sans être rémunérées. Fournir des services gratuits alors qu’ils sont facturables diminue la valeur de notre champ de compétences. Il y a un conflit d’intérêts évident pour de nombreux propriétaires qui sont également des pharmaciens et des prestataires de soins de santé. Comparés aux grandes chaînes, les indépendants ont une part de marché extrêmement faible. Cette situation influe sur les stratégies de marketing et cela devient alors une question d’éthique. Comme je l’ai déjà mentionné, le fait de travailler pour une pharmacie indépendante m’a permis de mieux comprendre l’aspect financier du monde de la pharmacie. C’est un paramètre que je n’ai jamais pris en compte lorsque je travaillais pour une chaîne nationale. Idéalement, un patient devrait choisir sa pharmacie en fonction du niveau de soins qu’il reçoit et non en fonction de manœuvres visant son portefeuille. Malheureusement, ce n’est souvent pas le cas. À lire aussi: 3 raisons pour lesquelles les pharmaciens devraient rayer le mot «gratuit» de leur vocabulaireLa plupart des gens ne comprennent pas le niveau de soins qu’ils devraient recevoir de leur pharmacien. Je crois sincèrement que les pharmacies indépendantes ont la capacité d’améliorer la qualité de vie des patients, et ces derniers remettent pratiquement leur vie entre les mains de leur équipe soignante — incluant les pharmaciens. En plus de dévaloriser nos services dans un secteur où beaucoup s’attendent à ce que tout soit gratuit, nous nuisons à la défense des intérêts de notre association professionnelle. L’Ontario Pharmacy Association tente d’augmenter les honoraires et d’obtenir un remboursement adéquat pour les services qui sont largement sous-payés par rapport à la rémunération que reçoivent les médecins ou les infirmières pour les mêmes services (par exemple, l’administration des vaccins contre la COVID-19). Mais comment pouvons-nous espérer une augmentation des honoraires pour nos services professionnels quand certaines personnes renoncent au montant dérisoire que nous recevons actuellement?Le choix d’une pharmacie ne devrait pas être basé sur des considérations financières. La santé ne s’achète pas et ne s’obtient pas avec des honoraires réduits ou du papier hygiénique gratuit. Se nourrir des difficultés économiques actuelles est une façon déloyale de faire des affaires. En outre, comment les patients peuvent-ils vraiment accorder leur confiance et confier leur santé à un pharmacien qui initie une relation avec lui sur une base malhonnête? Nous voulons tous développer des affaires durables et rentables, mais j’invite chacun d’entre vous à vous demander si cela vaut le coup de mettre en péril votre éthique, de subir les répercussions potentielles de l’Ordre et, en fin de compte, de perdre la confiance que chaque patient vous accorde sans hésitation.Alicia Levman est technicienne en pharmacie à la pharmacie Lancaster Wellness, une pharmacie de préparation à Kitchener, en Ontario.

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