Peu de places pour les finissants en chirurgie générale

Le risque de chômage médical au Québec est devenu bien réel, notamment en chirurgie générale, où on compte actuellement plus de finissants que de postes disponibles. Certains diplômés seraient chômeurs s’ils n’allaient pas entreprendre une surspécialité à l’étranger en attendant que la situation s’améliore au Québec. Ceux qui restent doivent se satisfaire de places de remplacement en espérant que des départs à la retraite permettront des ouvertures.La chirurgie générale est l’une des six spécialités que le ministère de la Santé juge à risque de saturation (les cinq autres sont la chirurgie orthopédique, la gastro-entérologie, la neuro-chirurgie, l’obstétrique-gynécologie et l’oto-rhino-laryngologie). Cette incertitude cause un stress important aux étudiants en formation dans les facultés.«Dès le début de leur spécialité, certains commencent à se demander où ils vont aller pratiquer au lieu de se concentrer sur leurs études, constate le président de l’Association québécoise de chirurgie, le Dr Mario Viens. Les trois à quatre prochaines années seront déterminantes à savoir si des finissants se retrouveront au chômage ou pas.»Un fellow pour éviter le chômageDepuis deux ou trois trois ans, indique-t-il, la situation de l’emploi est très précaire dans le secteur de la chirurgie générale. Il y aurait actuellement à peine quatre à cinq postes vacants pour toute la province, excluant les postes non-comblés mais déjà réservés.Or, 24 diplômés en chirurgie générale sont sortis des trois facultés de médecine francophones l’an dernier, et 16 cette année. Selon le Dr Viens, si les 16 finissants de 2017 avaient cherché une place, la majorité n’en n’aurait pas trouvé. Il estime à entre 20 et 25 le nombre de ses membres qui aspirent à un poste fixe.Actuellement, insiste-t-il, aucun membre de son association n'est au chômage, mais si tel est le cas, c’est parce que certains ont préféré partir à l’étranger pour entreprendre une surspécialité à leurs frais en espérant un embellissement du marché dans quelques années. Parmi les 16 diplômés cette année, une douzaine auraient opté pour cette voie.«On les surnomme les "fellow suicidaires" parce qu’ils partent sans garantie d’avoir un poste dans un hôpital québécois au retour de leur formation, commente le président de l’Association. Certains ne reviennent pas au Québec, faute d’emploi.»Facteurs principauxPlusieurs facteurs contribuent à la précarité du marché dans sa spécialité. Il cite le grand nombre de finissants ces dernières années, mais aussi l’absence de plateaux techniques dans des hôpitaux, ce qui freine le recrutement de chirurgiens généraux. Cette déficience n’est pas seulement l’affaire d’établissements éloignés. De grands hôpitaux de la région de Montréal, dont Le-Gardeur et Maisonneuve-Rosemont, manquent de blocs opératoires.En outre, le ministère de la Santé n’autorise pas de postes à temps partiel, ce qui ferait pourtant l’affaire de chirurgiens en fin de carrière ou de jeunes aspirant à faire une demi pratique pour des raisons familiales.Des départs à la retraite attendusAutre explication, et non la moindre: des médecins de 65 ans et plus s'accrochent à la pratique. À cela, diverses raisons: amour du métier, peur du vide qui les attend à la retraite, manque de planification financière, forte augmentation de la rémunération ces dernières années. Paradoxalement, certains restent aussi en poste faute de relève.Le Dr Viens indique qu’une trentaine de chirurgiens généraux de 65 ans et plus continuent à pratiquer et à opérer, même s’il s’agit d’une profession exigeante au plan physique. Or, si ces médecins prenaient leur retraite, beaucoup de jeunes diplômés obtiendraient un poste. La Fédération des médecins spécialistes du Québec a d'ailleurs mandaté une firme pour se pencher sur cet enjeu qui concerne plusieurs spécialités.«Le jour où on saura combien vont partir à la retraite dans une année, ce sera formidable, dit-il. On va finir par atteindre un équilibre entre ceux qui arrivent et ceux qui partent.»

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