Opinion: Des pharmaciens remplaçants… remplaçables?

Nous avons tous travaillé avec un pharmacien remplaçant à un moment ou à un autre. Parfois, c'est une expérience formidable et la journée passe vite. D'autres finissent par nous faire grimacer à l'idée qu'ils puissent revenir.Certains remplaçants qui me viennent à l’esprit me font rire – en rétrospective.Il y a eu celui qui a refusé de faire quoi que ce soit. Et je dis bien tout! Il ne répondait pas au téléphone. Pas d'aide à la caisse lorsque tout le personnel était occupé. Il ne saluait pas les patients qui attendaient. Et il ne jetait même pas un coup d'œil à la pile d'ordonnances qui attendaient d'être traitées.Bien que j'aie rencontré toutes ces «qualités» chez d'autres pharmaciens remplaçants, c'est de loin celui-ci qui remporte l’or. J'ai traité l'ordonnance de méthadone d'un patient, confirmé sa dernière dose auprès d'une autre pharmacie et montré au pharmacien où et comment nous avions délivré la méthadone. J'étais bien bête de penser que mon rôle s'arrêtait là!Ce pharmacien a mesuré la dose, est revenu vers l'avant et a rapidement essayé de me remettre la méthadone du patient, tout en reprenant sa place devant la vidéo YouTube qu'il était en train de regarder. À l'époque, je n'étais même pas une technicienne agréée. Je n'avais aucune affaire à surveiller la dose devant témoin d’un patient. J'ai refusé et j'ai continué ce que j'étais en train de faire, mais j'ai été choquée par le manque de volonté de cet homme à accomplir la moindre tâche!Un autre lauréat était un pharmacien qui insistait pour ouvrir chaque flacon devant chaque patient afin de prouver qu'il délivrait le bon médicament. Même lorsque les patients insistaient pour dire que ce n'était pas nécessaire. Après qu'une patiente lui ait demandé de ne pas ouvrir son flacon, il a renversé les comprimés sur le comptoir, les a remis dans le flacon avec ses mains, puis lui a remis le tout – en pleine COVID. Je soupçonne fortement qu'il avait récemment commis une erreur de distribution et qu'il essayait d'éviter que cela ne se reproduise, mais l'horreur sur le visage de la patiente est encore gravée dans mon cerveau.À lire aussi: Pénurie, remplaçants, bruit… Quels sont vos irritants en pharmacie?La «mention honorable» la plus récente est celle qui m'a incité à aborder le sujet des pharmaciens remplaçants dans mon blogue sur Canadian Healthcare Network. Je travaillais un vendredi après-midi avec une pharmacienne remplaçante avec qui je n'avais jamais travaillé auparavant. Environ une heure avant la fermeture, nous avons reçu une ordonnance d'antiépileptique pour un enfant de deux ans en provenance du service pédiatrique de l'Hôpital McMaster.L'ordonnance était préparée et emballée. La pharmacienne la vérifiait lorsque les parents et l'enfant sont entrés. Elle s'est alors aperçue que le médicament n'était pas recommandé pour les enfants de moins de six ans. Elle est devenue encore plus inquiète lorsqu'elle a vu que le prescripteur était une infirmière et non un médecin, bien que l'ordonnance provienne d'un service spécialisé de l'hôpital.N'ayant pas réussi à contacter l'hôpital pour confirmer que l'infirmière était au courant de la recommandation sur l'âge, et à 20 minutes de la fermeture, la pharmacienne voulait seulement fournir la médication en quantité suffisante pour trois jours, pour couvrir le week-end.Après avoir appris que le médicament n'est pas stable en dehors de son emballage d'origine, elle a alors suggéré l'impensable. Elle voulait remettre l'ordonnance au patient en la laissant en état de vérification clinique dans notre logiciel de pharmacie pour que le pharmacien du lundi puisse s'en occuper, car elle n'était pas à l'aise d'autoriser l'ordonnance.Je ne pense pas, même pas pour un seul instant, que je comprends mieux qu’un pharmacien. Ni que j'ai une quelconque autorité sur la décision de délivrer ou de refuser un médicament comme ils l'entendent. Mais je crois que j'ai la responsabilité de demander à un pharmacien de rendre compte de ses actes.À lire aussi: Favoriser la collaboration et la communication au sein de l'équipeEn tant que technicienne, je sais ce qu'implique mon champ d'activité et j’ai suffisamment de conscience et confiance en ma personne pour m'exprimer si je ne me sens pas à l'aise avec une tâche que j'accomplis. Je demande conseil à d'autres personnes lorsque la situation l'exige et je m'attends à ce que tout le monde fasse de même, en particulier le pharmacien de garde.Bien que j'aie été polie avec la pharmacienne, je lui ai clairement fait comprendre qu'il n'était pas possible de remettre un médicament à un patient, en particulier à un enfant, et de laisser le contrôle clinique à la charge de quelqu'un d'autre. Si elle n'était pas à l'aise pour signer l'ordonnance, c'était tout à fait son droit. Mais la remettre et en faire porter la responsabilité à la personne qui travaillait quelques jours plus tard était inacceptable. Heureusement pour toutes les personnes concernées, l'infirmière a appelé juste à temps et le patient a reçu le médicament. Mais cela aurait pu ne pas être le cas. Techniciens, vous êtes intelligents, éduqués et avez travaillé dur pour arriver là où vous êtes. Même si nous n'avons pas la même formation que les pharmaciens, nous avons la même intégrité et le même devoir de protéger nos patients. Que votre pharmacien soit là pour une seule garde ou que vous travailliez régulièrement avec lui, n'hésitez pas à défendre ce qui est juste et à parler pour ceux qui ne sont peut-être pas en mesure de le faire eux-mêmes. Il est de notre devoir, pharmaciens et techniciens, d'assumer la responsabilité de chaque décision que nous prenons.

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