Omnipraticien en milieu urbain : Dr Claude Hémond - Une tape dans le dos vaut parfois mieux que 100 pilules

Une tape dans le dos donnée au bon moment vaut parfois mieux que 100 pilules, aux yeux du Dr Claude Hémond, lauréat 2009 de Médecins de cœur et d’action dans la ca-tégorie « Omnipraticien en milieu urbain ». Pour ce médecin de famille qui œuvre au Centre de réadaptation de l’Estrie (CRE), à Sherbrooke, et dans une clinique médicale de Bromptonville, les petits gestes à caractère humain valent souvent mieux que de grandes ordonnances.Il y a quelques années, le Dr Hémond avait été très touché par le cas d’une patiente âgée amputée d’une jambe qui occupait l’un des lits du CRE. Un jour, elle lui avait demandé d’aller se reposer à sa résidence afin d’être en forme en vue d’aller voir sur scène son artiste favori, Jean-Pierre Ferland. Revenu chez lui, le Dr Hémond s’était demandé ce qu’il pouvait faire de plus pour cette femme courageuse. Il avait alors envoyé un courriel à la direction de la salle de spectacles pour l'informer de la démarche de sa patiente. Durant le concert, Ferland lui a dédié une chanson et, à la fin du spectacle, il l’a accueillie dans sa loge durant 30 minutes. Le lendemain, la dame en pleurs a raconté sa soirée au Dr Hémond, sans probablement se douter qu’il était l’homme derrière ces instants magiques. Ce genre de sensibilité et d’attention fait partie de la nature même du Dr Claude Hémond. Jeune, il avait déjà la réputation d’un gars serviable. Cet aspect de sa personnalité ne l’a jamais quitté quand il est devenu médecin. « À mon sens, la médecine ne rend pas humain, croit-il. On l’est ou on ne l’est pas. Si on exerce cette profession uniquement pour l’argent, on sera malheureux. »Double pratique Aujourd’hui, il exerce une soixantaine d’heures par semaine, la moitié en cabinet, la moitié au CRE. A la clinique, lui et son seul collègue se partagent près de 10 000 dossiers depuis le décès de leur troisième partenaire. Mais il ne se plaint pas de la lourdeur de sa charge. « Je ne parviens pas à comprendre pourquoi les autres n’en font pas autant, pourquoi ils ne sont pas passionnés par ce qu’ils font. Je fais beaucoup d’heures mais la quantité n’est pas importante. Si ça va bien, ça va bien. »Travail en réadaptationUn jour, un confrère l’a invité à se joindre avec lui au Centre de réadaptation de l’Estrie, un établissement offrant des soins internes et externes pour diverses pathologies, des amputés, des trauma-crâniens, des AVC et depuis peu, des patients sous respirateur. Le Dr Hémond parle avec passion de ce milieu peu connu de la plupart des médecins. « Médicalement parlant, c’est une clientèle lourde, mais le travail n’est pas si dur qu’on le pense, dit-il. Le défi de la réadaptation, c’est de prendre, par exemple, un patient stable qui sort des soins intensifs, de lui maintenir le moral, de le faire travailler et de trouver de petites astuces qui font qu’après deux à trois mois, il sera capable de retourner chez lui. Comme médecins, il nous faut être l’ange gardien de sa santé pendant qu’il fait sa réadaptation. » Le collègue qui avait amené le Dr Hémond au CRE y est resté deux avant-midi. Le Dr Hémond s’y trouve toujours 11 ans plus tard. Il a pris goût à ce centre, à son personnel, à sa direction et à sa clientèle. Il adore ce milieu et le contact avec ses patients en réadaptation. « En cabinet, tu reçois des gens qui se croient atteints de la grippe H1N1 mais qui n’ont qu’un rhume. Au CRE, tu rencontres un blessé de 28 ans qui sera paralysé pour le reste de ses jours mais qui réussit à te faire rire. Il est motivé et il veut s’en sortir. C’est pas mal plus stimulant que de soigner des rhumes et c’est très gratifiant. Ici au CRE, nous avons une salle blanche de méditation et spiritualité, une salle d’attente pour les enfants, un salon magnifique. C’est un milieu de pratique extraordinaire. »Accroché et heureuxA 54 ans, le Dr Hémond ne ressent pas le besoin de ralentir le rythme. « Je n’ai pas besoin de décrocher. Je suis accroché et je suis heureux de ce que je fais. Dans les hôpitaux, le système est ainsi fait que si tu veux quelque chose, il faut te battre pour l’obtenir. Depuis que j’évolue dans un autre système où tu n’as qu’à demander ou à offrir tes services quand ça va mal, ce n’est plus la même chose. Je dis toujours à des collègues : vous devriez connaître cela. »

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