Omicron: que sait-on du sous-variant BA.2?

Les scientifiques et responsables de la santé du monde entier surveillent un dérivé du variant omicron qui a été trouvé dans au moins 40 pays, dont au Canada. Ce sous-variant du SRAS-CoV-2, que les scientifiques appellent BA.2, est largement considérée être plus furtif que la version originale d’Omicron, car des traits génétiques particuliers le rendent un peu plus difficile à détecter. Certains scientifiques craignent même qu'il soit plus contagieux. Toutefois, les experts précisent qu’il y a encore beaucoup de choses que l’on ne sait pas à ce sujet, notamment s’il résiste mieux aux vaccins ou s’il provoque une maladie plus grave. Où s’est-il propagé? Depuis la mi-novembre, plus de trois douzaines de pays ont téléchargé près de 15 000 séquences génétiques de BA.2 sur GISAID, une plateforme mondiale de partage de données sur les coronavirus. Mardi, le média Global News écrivait que 51 cas de ce sous-variant ont été rapportés au Canada. Aux États-Unis, 96 cas ont été rapportés en date de mardi. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas vu ce sous-variant commencer à gagner du terrain aux États-Unis», a affirmé le Dr Wesley Long, pathologiste au Houston Methodist au Texas, qui a lui-même identifié trois cas de BA.2. La mutation semble beaucoup plus commune en Asie et en Europe. Au Danemark, par exemple, il représentait 45% de tous les cas de COVID-19 à la mi-janvier, contre 20% deux semaines plus tôt, selon le Statens Serum Institut, qui relève du ministère danois de la Santé. Que sait-on de ce sous-variant? BA.2 présente beaucoup de mutations. Environ 20 d’entre elles, situées dans la protéine Spike qui se trouve sur la partie extérieure du virus, sont partagées avec l’Omicron d’origine. Mais il possède aussi des changements génétiques additionnels que l’on ne retrouve pas dans la version initiale du variant. On ne sait pas à quel point ces mutations sont importantes, en particulier dans une population qui a déjà fait face au variant Omicron d’origine, a indiqué le Dr Jeremy Luban, virologue à la Faculté de médecine de l’Université du Massachusetts. Pour l’instant, la version originale, connue sous le nom de BA.1, et BA.2 sont considérées comme des sous-ensembles d’Omicron. Mais les leaders mondiaux de la santé pourraient lui donner son propre nom en lettres grecques s’il est considéré comme un «variant préoccupant» d’importance mondiale. La propagation rapide de BA.2 à certains endroits dans le monde fait craindre que le sous-variant puisse prendre son envol. «Nous avons des indications qu’il pourrait être aussi contagieux ou peut-être légèrement plus contagieux que l’Omicron (d’origine), car il est capable de le concurrencer dans certains domaines», a expliqué le Dr Long. «Mais nous ne savons pas nécessairement pourquoi.» Une première analyse faite par des scientifiques au Danemark ne montre aucune différence dans les hospitalisations pour BA.2 par rapport à l’Omicron d’origine. Les scientifiques étudient toujours l’infectiosité de ce sous-variant et l’efficacité des vaccins actuels contre lui. On ne sait pas non plus comment il réagit aux différents traitements. Les médecins ne savent pas non plus avec certitude si une personne qui a déjà contracté Omicron peut être à nouveau infecté par le sous-variant BA.2. Ils espèrent qu’une infection antérieure à l’Omicron puisse atténuer la gravité de la maladie si quelqu’un contracte ultérieurement BA.2. Les deux versions d’Omicron ont suffisamment en commun pour qu’il soit possible qu’une infection par la mutation d’origine «offre une protection croisée contre BA.2», a suggéré le Dr Daniel Kuritzkes, expert en maladies infectieuses au Brigham and Women’s Hospital. Les scientifiques effectueront des tests pour voir si les anticorps d’une infection par l’Omicron d’origine «sont capables de neutraliser BA.2 en laboratoire, puis extrapoleront à partir de là», a-t-il ajouté. À quel point les organismes en santé sont-ils inquiets? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe Omicron dans son ensemble comme un variant préoccupant, sa désignation la plus élevée pour une mutation de coronavirus. Elle ne distingue toutefois pas BA.2 avec sa propre désignation. Compte tenu de son essor dans certains pays, cependant, l’OMS affirme que les enquêtes sur BA. 2 «devraient être prioritaires». L’Agence britannique de sécurité sanitaire, quant à elle, a désigné BA.2 comme un «variant sous enquête», citant le nombre croissant de cas au Royaume-Uni et dans le monde. Pourtant, la version originale d’Omicron reste dominante au Royaume-Uni. Pourquoi est-il plus difficile à détecter? La version originale d’Omicron avait des caractéristiques génétiques spécifiques qui permettaient aux responsables de la santé de la distinguer rapidement du Delta en utilisant un test PCR particulier, en raison de ce que l’on appelle «l’échec de la cible du gène S». BA.2 n’a pas cette même différence génétique. Lors du test, a expliqué le Dr Long, BA.2 ressemble donc à Delta. «Ce n’est pas que le test ne détecte pas BA.2. C’est juste qu’il ne ressemble pas à l’Omicron», a-t-il ajouté. «Il ne faut pas avoir l’impression que parce que ce variant est plus furtif qu’il ne peut pas être détecté. Nos tests PCR peuvent toujours le faire.» Que pouvez-vous faire pour vous en protéger? Les médecins conseillent à la population les mêmes précautions qu’ils ont toujours suggérées: se faire vacciner et suivre les conseils de santé publique concernant le port de masques, l’évitement des foules et s’isoler en cas de maladie. «Les vaccins offrent toujours une bonne défense contre la forme grave de la maladie, tels que l’hospitalisation ou le décès», a précisé le Dr Long. «Même si vous avez déjà eu la COVID-19, la protection qu'offre le vaccin est encore plus forte, plus durable et en fait… convient bien aux personnes qui ont déjà été infectées.» Ce nouveau sous-variant est un autre rappel que la pandémie n’est pas terminée. «Nous souhaitons tous que ce soit fini», a affirmé le Dr Long, «mais tant que nous n’aurons pas vacciné le monde, nous risquons de voir apparaître de nouveaux variants».

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