Nouveaux actes et accessibilité du pharmacien: «7 jours, 7 soirs, tous les weekends», pas juste un slogan

Le pharmacien Jean Coutu, fondateur du Groupe PJC, nous a fait parvenir la lettre qui suit le 22 novembre, une semaine après le dépôt du projet de loi 41 autorisant les pharmaciens à pratiquer de nouveaux actes.Je voudrais revenir sur un éditorial récent qui portait sur la notion de conflit d’intérêts dans le cadre du traitement de conditions mineures par les pharmaciens (L’actualité pharmaceutique, octobre 2011). L’auteure affirmait avec justesse que « le véritable enjeu du traitement de conditions mineures (…) devrait se voir non pas sous l’angle du conflit d’intérêts, mais sous celui de la protection du public, d’une part, et de l’accessibilité aux soins, d’autre part ».Maintenant que les pharmaciens ont obtenu les pouvoirs accrus que nous revendiquions depuis un certain temps, il m’apparaît important d’insister sur l’importance de notre présence effective auprès des patients… nos clients, surtout dans des moments où, très souvent, nous sommes les seuls professionnels de la santé qui peuvent dire « présents ».Dans la foulée des changements qui marquent notre époque, les modifications de notre rôle accentuent considérablement nos responsabilités en ce qui touche le suivi thérapeutique. Évoquer la complexité d’un suivi, de l’efficacité et de l’innocuité d’un traitement, c’est nécessairement parler d’accompagnement du patient et donc de la présence continue du pharmacien auprès d’une clientèle avec laquelle on développe une mutuelle compréhension.Par le nombre accru de nos effectifs, la population peut dès lors bénéficier de meilleurs services; mais encore faut-il que les pharmaciens comprennent les obligations liées à leur profession. À cet égard, les étudiants en pharmacie et leurs professeurs doivent aussi comprendre que notre profession se veut d’abord un engagement à servir le public au moment où il a besoin de nous, et non à lui dire « vous viendrez lorsque je serai là ». 7 jours, 7 soirs, ce n’est pas seulement un slogan, c’est notre responsabilité de pharmacien.Entre la démesure de la semaine de 60 heures de travail que nous assumions « dans mon temps » et les 32 heures ouvrables d’aujourd’hui où on évite parfois soigneusement les soirs et les fins de semaine, il y a toute une marge : 28 heures !On doit d’abord en prendre conscience et comprendre ensuite que la pharmacie est une profession de dévouement et de relations humaines. Nos compétences (au minimum quatre années d’études universitaires spécialisées) nous destinent à être au service de nos patients. Nous sommes là pour remplir des ordonnances, bien sûr (ne sommes-nous pas les spécialistes des médicaments ?), mais aussi pour conseiller, pour rassurer. C’est une tâche noble et prestigieuse qui fait partie d’une profession que les gens reconnaissent comme l’une des plus respectées. Et nous devons être présents dans les moments où les autres professionnels de la santé se font plus rares, et c’est cette présence qui nous permettra d’exercer à plein ce nouveau rôle qui nous sera bientôt confié.Utiliser notre savoir-faire pour servir les nôtres en nous partageant les responsabilités n’est pas seulement un devoir, c’est aussi et surtout un privilège, un honneur. Nous aspirons tous à une qualité de vie; la nôtre dépendra éventuellement de la façon dont on aura pris soin de celle des patients qui nous sont confiés.La pharmacie, à n’en point douter, est une profession respectée dans le domaine de la santé, certainement à cause de notre formation et de nos connaissances, en plus de notre grande disponibilité.« 7 jours, 7 soirs, tous les week-ends » n’est pas seulement un slogan, mais doit être et demeurer une réalité.Jean Coutu, pharmacienPrésident du conseil d’administrationLe Groupe Jean Coutu

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